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La PME, entre le marteau et l’enclume 
actuel n° 97, vendredi 3 juin 2011
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Entre le poids des frais financiers, les investissements reportĂ©s... la PME se dĂ©bat pour ne pas basculer dans l’informel. Un texte de loi doit ĂȘtre adoptĂ© au cours de l’actuelle session parlementaire.


***

Quel est ce flĂ©au qui frappe l’ensemble du tissu productif, dont tous les fournisseurs se plaignent, mais dont tous les clients s’accommodent volontiers ? ErigĂ© en sport national, le rallongement des dĂ©lais de paiement, au-delĂ  des 90 jours prĂ©vus par la rĂ©glementation des marchĂ©s publics, ne cesse de provoquer des dĂ©gĂąts, prĂ©cipitant un nombre croissant de PME vers une asphyxie financiĂšre qui peut s’avĂ©rer fatale.

« Les jeunes PME de crĂ©ation rĂ©cente sont particuliĂšrement vulnĂ©rables. Des dĂ©lais supĂ©rieurs Ă  90 jours, c’est la chronique d’une faillite annoncĂ©e ! », affirme sans dĂ©tour Abdelmounaim Faouzi, directeur gĂ©nĂ©ral de Capital Consulting qui a rĂ©alisĂ©, quelques annĂ©es plus tĂŽt, une Ă©tude sur la problĂ©matique des dĂ©lais de recouvrement des PME.

En l’absence d’un observatoire dĂ©diĂ© qui tarde Ă  voir le jour, il est difficile d’évaluer l’impact chiffrĂ© de ces pratiques commerciales d’un autre Ăąge. Mais par ces temps de vaches maigres, oĂč frilositĂ© rime avec attentisme, l’argent tourne au ralenti.

L’Etat lĂšve le pied, prĂ©textant des opĂ©rations de report des crĂ©dits pour bloquer tous les paiements. « Ces reports ont trait Ă  des opĂ©rations engagĂ©es en 2010, mais qui n’ont pas Ă©tĂ© bouclĂ©es en fin d’exercice.

En attendant de procĂ©der Ă  leur report, l’Etat a stoppĂ© tout rĂšglement durant les trois premiers mois de l’annĂ©e 2011 », rappelle BouchaĂŻb Benhamida, prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration des BTP. Ces blocages de paiement des marchĂ©s publics, qui se sont Ă©talĂ©s au moins jusqu’au mois de mars, ont eu un effet boule de neige.

En outre, depuis l’émergence du Mouvement du 20 fĂ©vrier, et malgrĂ© les signaux rassurants du discours royal du 9 mars 2011, le secteur privĂ© courbe l'Ă©chine, en attendant plus de visibilitĂ© politique et le retour probable d’une accalmie sociale.

Par ailleurs, cette dĂ©rive gĂ©nĂ©ralisĂ©e sur les dĂ©lais de paiement dĂ©tĂ©riore la relation entre l’entreprise et sa banque, elle-mĂȘme en proie Ă  l’assĂšchement de ses liquiditĂ©s. « Les PME sont dans une situation paradoxale.

Alors que leurs besoins de financement long sont importants pour accompagner la rĂ©alisation des projets structurants initiĂ©s par l’Etat, elles affichent un compte clients qui reprĂ©sente 120 Ă  180 jours de chiffre d’affaires.

Ce dernier peut parfois reprĂ©senter jusqu’à 50% du total bilan ! », relĂšve Salah Eddine Kadmiri, prĂ©sident de la commission PME Ă  la CGEM. Pas Ă©tonnant donc que l’essentiel des ressources financiĂšres de la PME soit absorbĂ© par le financement du fonds de roulement au lieu d’ĂȘtre affectĂ© Ă  l’investissement et Ă  la crĂ©ation d’emplois.

A l’heure oĂč l’entreprise marocaine est confrontĂ©e Ă  la concurrence internationale, ces handicaps pĂ©nalisent lourdement sa compĂ©titivitĂ© et mettent en pĂ©ril sa pĂ©rennitĂ©. « Plus grave encore, ces retards de recouvrement dĂ©mesurĂ©s peuvent non seulement freiner l’investissement, mais aussi dissuader l’entreprise de payer ses impĂŽts et ses charges sociales. » En clair, la faire basculer dans l’informel !

Pour stopper l’hĂ©morragie, le lĂ©gislateur a dĂ©cidĂ© d’accĂ©lĂ©rer le processus d’adoption du projet de loi sur les dĂ©lais de paiement. Le texte est actuellement en discussion au Parlement. « Tout est mis en Ɠuvre pour qu’il soit adoptĂ© durant l’actuelle session, instaurer progressivement les bonnes pratiques et retrouver confiance », assure Kadmiri.

Le temps presse car les fournisseurs Ă©trangers de matiĂšres premiĂšres, d’intrants et de matĂ©riels d’équipement se conforment Ă  la loi en vigueur dans leurs pays, en appliquant des dĂ©lais de crĂ©dit de 60 jours maximum.

Pour desserrer l’étau qui Ă©trangle les PME, la loi rĂ©glementant les dĂ©lais est nĂ©cessaire, mais elle ne sera pas suffisante. Tout d’abord, il faudra que l’Etat et les grands groupes donnent l’exemple.

De plus, la mise en place de cadres contractuels par branche d’activitĂ© permettrait, Ă  la fois, d’équilibrer les rapports entre les donneurs d’ordre et les PME sous-traitantes, de dĂ©limiter les droits et devoirs de chaque partie et de prĂ©ciser les procĂ©dures de travail. Enfin, en cas de litige, la justice doit ĂȘtre en mesure d’exĂ©cuter rapidement le jugement. Or, sur ces trois registres, beaucoup reste encore Ă  faire.

Mouna Kably

Que dit la loi ?

- Le dĂ©lai de paiement des sommes dues est fixĂ© Ă  60 jours suivant la date de rĂ©ception de la marchandise ou d’exĂ©cution de la prestation.

- Le délai convenu entre les deux parties ne peut dépasser 90 jours.

- Les parties doivent prĂ©ciser le taux d’intĂ©rĂȘt des pĂ©nalitĂ©s de retard, exigibles le jour suivant la date de paiement convenue entre les parties. Ce taux ne peut ĂȘtre infĂ©rieur au taux directeur de Bank Al-Maghrib, majorĂ© d’une marge fixĂ©e par voie rĂ©glementaire. La CGEM propose une marge de 10%, soit un taux d’intĂ©rĂȘt de 13,5%.

- Les sociétés, dont les comptes annuels sont certifiés par un ou plusieurs commissaires aux comptes, publient les informations sur les délais de paiement de leurs fournisseurs ou de leurs clients, selon les modalités définies par voie réglementaire.


Trois questions  Ă ... Youssef Douieb

Directeur général adjoint Euler Hermes Acmar

 

Quel est votre diagnostic des pratiques commerciales en vigueur au Maroc ?

Tout d’abord, le Marocain n’est pas aussi mauvais payeur qu’on pourrait le croire, comparĂ© Ă  ses voisins. Et ce, mĂȘme si le niveau des impayĂ©s a considĂ©rablement augmentĂ© au cours de ces deux derniĂšres annĂ©es. Selon nos estimations, le dĂ©lai de paiement relatif aux crĂ©ances commerciales B to B au Maroc se situerait autour de 108 jours.

Ensuite, certaines insuffisances subsistent au niveau de la sĂ©curisation des paiements en amont. Je fais allusion ici Ă  l’arsenal juridique dont doit s’entourer l’entreprise pour minimiser les risques de litige et garantir l’exigibilitĂ© de sa crĂ©ance. Il s’agit des bons de commande et de livraison, et de la facture.

 

Quel est le profil des entreprises qui recourent à l'assurance crédit ?

MĂȘme si l’essentiel de nos primes Ă©mises Ă©mane des grandes et moyennes entreprises, notre portefeuille clients est composĂ© surtout de PME-PMI.

Et les entreprises des BTP arrivent en tĂȘte. D’ailleurs, 94% des sinistres que nous avons reçus depuis le dĂ©but de l’annĂ©e sont liĂ©s Ă  ce secteur.

 

Avez-vous un benchmark international des bonnes pratiques commerciales ?

Dans les pays dĂ©veloppĂ©s, un des moyens permettant de mesurer le poids des crĂ©ances en souffrance est le nombre de dĂ©faillances d’entreprises (redressement et liquidation judiciaires). Mais au Maroc, ces donnĂ©es ne sont pas reprĂ©sentatives car une entreprise dĂ©faillante ne dĂ©pose pas forcĂ©ment le bilan, comme l’exige la lĂ©gislation.

Propos recueillis M.K

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