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Tapis marocains...  made in China !
actuel n°51, samedi 12 juin 2010
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Chinois, Indiens, NĂ©palais mais aussi Tunisiens. L’artisanat marocain n’en finit pas d’inspirer les contre­facteurs. AprĂšs le naufrage du tapis et les dĂ©boires de la babouche, quelle sera leur prochaine cible ?


***

Tapis traditionnel, babouche, verre Ă  thĂ©, textile, zellige
 rien n’échappe aux contre­facteurs. Et au rebours des idĂ©es reçues, les responsables ne sont pas exclusivement chinois. Nos voisins tunisiens aussi sont sĂ©duits par la richesse et la va­riĂ©tĂ© des produits d’artisanat marocain. RĂ©cemment, lors d’un colloque sur le zel­lige et le plĂątre organisĂ© Ă  FĂšs, les Tunisiens se sont dĂ©placĂ©s en masse pour s’enquĂ©rir de nos techniques ancestrales et surtout, pour recruter, au prix fort, des maĂąlems marocains chargĂ©s de former des artisans tunisiens. Un transfert de savoir-faire qui dĂ©bouchera, fatalement Ă  terme, sur de la contrefaçon


Pour l’heure, c’est la filiĂšre du tapis qui est mise Ă  mal, malgrĂ© les dĂ©clarations rassurantes des pouvoirs publics. « Au­jourd’hui, il n’existe pratiquement plus de tapis marocain ! », n’hĂ©site pas Ă  clamer Najib Serghini, patron de Amal Links. Pour arrĂȘter l’hĂ©morragie, les producteurs pré­conisent l’instauration rapide de normes obligatoires et le respect de la qualitĂ© de la matiĂšre premiĂšre. « Le phĂ©nomĂšne de la contrefaçon est apparu il y a cinq ans et il a pris de l’ampleur depuis deux ans », pré­cise Azzedine Krafssi, PDG d’Artco. Nom­breux sont les importateurs europĂ©ens qui Ă©coulent sur le marchĂ© marocain, via les grandes surfaces, des tapis fabriquĂ©s en Chine et en Inde, d’imitation persane ou marocaine, Ă  des prix dĂ©fiant toute concur­rence. « Ces importateurs qui rĂ©alisent des opĂ©rations spots (ponctuelles) dans toutes les grandes villes du Royaume en cassant les prix, n’ont ni patente, ni identifiant fis­cal », dĂ©nonce Krafssi. De plus, leurs pro­duits prĂ©sentĂ©s comme Ă©tant fabriquĂ©s Ă  partir de matĂ©riaux nobles, ne font l’objet d’aucun contrĂŽle aux frontiĂšres. « C’est une immense arnaque pour le consommateur marocain et un coup fatal pour les artisans locaux. » Alors Ă  quand un systĂšme de traça­bilitĂ© de ces produits qui dĂ©sĂ©quilibrent le marchĂ© intĂ©rieur dĂ©jĂ  fragilisĂ© par la crise ?

Écart de compĂ©titivitĂ©

À l’export, les opĂ©rateurs reconnaissent que l’offre marocaine n’est pas compĂ©ti­tive. « Ă  matiĂšre premiĂšre Ă©quivalente, nos concurrents de Chine, d’Inde ou du NĂ©pal proposent des prix plus intĂ©ressants, no­tamment grĂące Ă  des coĂ»ts de transport plus bas et Ă  des subventions versĂ©es par leurs Ă©tats », avance le patron Artco. En fait, un benchmark international est requis pour identifier les vĂ©ritables raisons de cet Ă©cart de compĂ©titivitĂ©. En attendant, le Maroc a perdu prĂšs de 80 % de parts de marchĂ© en Allemagne, son principal dĂ©bouchĂ© pour le tapis traditionnel. La raison invoquĂ©e par les artisans marocains, la transmission des modĂšles de bureaux d'Ă©tude allemands aux ateliers asiatiques. Dans un marchĂ© en constante mutation, marquĂ© par le re­pli de la demande, il est difficile de mettre sur pied un plan d’actions Ă  moyen terme et de s’y tenir. « Et pour cause, quand un ar­ticle connaĂźt du succĂšs Ă  l’export, il est sys­tĂ©matiquement copiĂ© l’annĂ©e suivante et c’est alors le prix qui devient dĂ©terminant. » Baisse de pouvoir d’achat oblige.

Mouna Kably

Chiffres clés

150 entreprises structurées.

2 millions d’emplois.

750 millions de dirhams de recettes d’exportations.

3 milliards de dirhams de budget allouĂ© Ă  la Vision 2015 pour le dĂ©veloppement de l’artisanat.

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