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	 Le  ministre candidat aurait sans doute aimĂ© se passer dâun tel conflit. La  gestion des primes semestrielles et de fin de carriĂšre a donnĂ© lieu Ă  un  dĂ©brayage de 24 heures dans plusieurs directions du ministĂšre des  Finances. Une dĂ©marche qui pourrait prendre de lâampleur. 
 
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Lâapproche  des Ă©chĂ©ances Ă©lectorales inspire dĂ©cidĂ©ment les syndicats. Câest le  cas du Syndicat national des Finances (SNF), affiliĂ© Ă  la CDT (proche de  lâUSFP), qui adopte ces jours-ci un ton accusateur Ă  lâendroit de  Salaheddine Mezouar, ministre de lâEconomie et des Finances. 
A  lâorigine de ce malaise au sein dâun ministĂšre dont le personnel est  pourtant choyĂ©, le mode de calcul et dâattribution des primes. Selon les  reprĂ©sentants syndicaux, le systĂšme actuel privilĂ©gierait les hauts  responsables au dĂ©triment de leurs subordonnĂ©s. 
Les  grĂ©vistes rĂ©clament donc lâintĂ©gration des primes dans leurs salaires,  sous une forme variable calculĂ©e sur la base dâune grille bien prĂ©cise,  mais qui reste Ă  dĂ©finir. «âJusquâĂ  prĂ©sent, nos demandes ont Ă©tĂ©  ignorĂ©esâ», dĂ©nonce Ayad Haddou, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNF-CDT. 
900 millions de DH de primes 
Un  silence qui agace les reprĂ©sentants syndicaux alors que, affirment-ils,  Salaheddine Mezouar aurait offert un nouveau cadeau Ă  ses plus hauts  responsables, en les gratifiant de primes de fin de carriĂšre dont le  montant varie entre 750â000 dirhams et 3ââmillions de dirhams. 
Ce qui  serait contraire aux dispositions du dĂ©cret n°2.97.364 du 16 juin 1997,  souligne lâInstance nationale de dĂ©fense des biens publics (INDBP). Dans  une correspondance datĂ©e du 26 mai 2011 adressĂ©e au Premier ministre,  lâinstance rappelle que le montant des rĂ©munĂ©rations des directeurs  centraux est de 32â180âdirhams par mois (cf. Composition des revenus  ci-contre). 
Dans ce  cas, cela voudrait dire que les primes accordĂ©es par Mezouar  reprĂ©senteraient jusquâĂ  93 fois leur salaire mensuel. Par ailleurs,  lâINDBP indique dans sa lettre que ce mĂȘme dĂ©cret «âinterdit le cumul  dâautres revenus, quâils soient sous forme de salaires complĂ©mentaires,  gratifications ou primes de toute nature, avec ces rĂ©munĂ©rationsâ». 
Pour sa  part, Ayad Haddou accuse les responsables de sâaccaparer, Ă  eux seuls,  95% de lâenveloppe des primesâ: «âCâest tout simplement grotesqueâ!â» Si  le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ne mĂ©nage plus ses propos, câest parce que  lâenjeu est de taille. 
En plus  de 1,8 milliard de dirhams rĂ©servĂ©s aux salaires des fonctionnaires,  lâenveloppe dĂ©diĂ©e aux primes est de 900 millions de dirhams. «âJe suis  prĂȘt Ă  ester devant les tribunaux pour annuler la dĂ©cision du  ministreâ», affirme-t-il. 
Pour le  secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNF comme pour lâINDBP, la distribution de ces  primes revient Ă  une dilapidation de lâargent public qui nĂ©cessite  lâouverture dâune enquĂȘte. «âCette enquĂȘte doit ĂȘtre diligentĂ©e par le  Premier ministre et prĂ©voir un audit des comptes internes du  ministĂšre.â» ContactĂ©s par actuel, Khalid Safir, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du  ministĂšre des Finances, et Siham Ramli, conseillĂšre du ministre, nâont  pas commentĂ© ce sujet. 
Face au  mutisme du ministĂšre, une lettre a Ă©tĂ© adressĂ©e Ă  Abbas El Fassi. Dans  cette correspondance, dont actuel dĂ©tient une copie, le SNF-CDT exige  que «âles primes perçues par lâensemble des responsables soient rendues  publiquesâ». 
Ayad  Haddou attend du Premier ministre un dĂ©cret rĂ©organisant le mode de  calcul et lâattribution des primes au sein du dĂ©partement des Finances,  en vue de son intĂ©gration dĂ©finitive et permanente aux salaires des  fonctionnaires. 
Autant  de turbulences qui tombent bien mal dans le calendrier Ă©lectoral. Alors  que le ministre des Finances semble ne pas prĂȘter grande attention Ă  ce  dossier qui pourrait sâavĂ©rer Ă©pineux, Ayad Haddou promet, lui, un mois  de novembre riche en surprises. 
Abdelhafid Marzak 	 |