EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Fès, la citĂ© de la peur 
Actuel n°62, samedi 25 septembre 2010
| More

Les Fassis sont sortis manifester à plusieurs reprises contre l’insécurité galopante. La police qui met pourtant les bouchées doubles n’arrive pas à rassurer. Incursion dans les quartiers chauds de la ville.


***

 

En cet après-midi du vendredi, les dédales de la vieille médina ont désempli. Mais il ne faut pas se fier à cette douce quiétude. Ce lieu, très touristique pendant la journée, se transforme en repaire de malfrats de la tombée de la nuit au petit matin. D’où la présence en nombre de policiers en civil, armés de talkies-walkies. Très diligents quand il s’agit de la sécurité des touristes, ils le sont un peu moins à l’intérieur de la médina. « Cet espace est vaste. Les policiers interviennent en général trop tard, bien après que le crime a été commis », explique un vendeur de figues de barbarie. Une information que confirme Ahmed, vendeur de laitage qui a assisté à plusieurs agressions au couteau : « De par mon métier, je suis censé ouvrir tôt pour me fournir en lait. Mais à cause des agressions, j’ouvre en même temps que les autres commerces, vers 7 heures au lieu de 5 heures du matin. »

Malgré les efforts visibles des forces de l’ordre (estafettes de police qui sillonnent les quartiers chauds, surveillance policière, etc.), la problématique de l’insécurité semble insoluble. Il suffit d’ailleurs d’aborder les Fassis pour qu’ils deviennent intarissables sur la question. Depuis quelques jours, c’est même la préoccupation première des habitants qui sont, à plusieurs reprises, sortis manifester. Les deux estafettes de la CMI (Compagnie mobile d’intervention) postées à proximité de la mosquée Tajmouati à Sidi Boujida, aux abords de la vieille médina, renseignent sur ce qui vient de se passer ici il y a quelques heures. Des centaines de personnes ont pris part à une marche de protestation après la prière du vendredi. La veille, un jeune homme est mort dans le quartier Moulay Abdellah, massacré par ses trois « amis » chauffés à blanc par l’alcool. La semaine dernière, des manifestants sont également descendus dans la rue pour exprimer leur colère suite à l’agression d’une vieille dame. Ce genre de crimes sordides, les scènes de violence et les agressions sont le quotidien des Fassis.

Fès underground

Le « 45 » (Bab Sifer), « Sharij Gnawa », « Aïn Haroun », « Jnane Lakrouda », « Moulay Abdellah »… autant de quartiers devenus, ces dernières années, de hauts lieux du crime à cause de l’urbanisation accélérée et de la montée du chômage. Rien que pour l’année 2007-2008, plus de 1 684 arrestations ont été opérées et 28 347 mis en cause ont été présentés devant la justice pour des délits liés, en majorité, à la petite criminalité, selon la Direction générale de la sûreté nationale.

Situés derrière la muraille de la médina, ces quartiers autrefois des « jnanes » (vergers) appartenant à de grandes familles fassies sont devenus des bidonvilles avant de se transformer en logements sociaux. C’est d’ici que proviennent les criminels qui terrorisent la médina, et désormais même les quartiers riches de la ville. « Je suis né et j’ai fait ma vie dans un quartier chaud, Sidi Boujida, mais aujourd’hui à 59 ans, j’ai peur d’être agressé quand je rentre chez moi le soir », raconte Benslimane, chauffeur de taxi qui nous a servi de guide dans le Fès underground.

Nous sommes au « 45 », surnommé ainsi à causes des parcelles de 45 mètres carrés données aux anciens bidonvillois qui peuplent ce ghetto. Ici, on agresse même en plein jour et « ould 45 » est une insulte chez les Fassis. Les habitants nous déconseillent de nous aventurer en contrebas. « C’est la loi de la jungle ici. Même si tu es “ould derb”, on ne t’épargne pas forcément. On ironise en disant qu’il y a un voleur par 45 m2 ! », raconte Aziz qui pointe du doigt les autorités coupables, selon lui, d’avoir laissé proliférer ces quartiers périphériques sans réfléchir aux conséquences. Du côté des autorités de la ville, on dénonce une exagération et on se veut rassurant. Hamid Chabat, le maire de la ville, estime qu’il n’y a pas plus de criminalité dans sa ville qu’ailleurs et impute ce ramdam médiatique à la société civile, très active dans la capitale spirituelle.

« Je vous annonce que nous allons mettre en place 256 caméras de sécurité d’ici un mois. Le matériel est disponible et la police a mis à la disposition de la ville 13 ingénieurs qui vont s’occuper de la gestion de ce système », rassure Hamid Chabat. Mohamed Aarous préfet de police de la ville, a beau déclarer que la « criminalité est en baisse dans la ville grâce aux efforts déployés par la police récemment », les Fassis, eux, voient certes plus de policiers dans leurs rues, mais davantage encore de criminels…

Zakaria Choukrallah

| More
Archives SociĂ©tĂ©
N°172 : L’art des mets 
N°171 : Sidi Taibi : Trou noir du Maroc  
N°170 : Azul Amazigh  
actuel N°169 : High-tech : Dessine-moi une appli 
N°168 : Kafala : La croix et la... circulaire  
N°167 : IdentitĂ©: Amazigh United  
N°166 : ADM Value : TĂ©lĂ©opĂ©rateurs du cĹ“ur  
N°164/165 : Droit Ă  l’information : La loi du silence  
N°163 : Tanger : BĂ©ni Makada, la frondeuse  
N°162 : DĂ©bat : L’homme n’est pas l’avenir de la femme  
N°161 : Caritatif : La rentrĂ©e des enfants handicapĂ©s  
N°160 : Casablanca, rĂ©novation du MarchĂ© central : Les effets collatĂ©raux
N°159 : Trafic de voitures : Le luxe depuis l’Italie  
N°158 : RentrĂ©e scolaire : Le changement, c’est pour quand ? 
N°157 : TĂ©moignages : Gaza vue par ses fils  
N°155 : Au royaume des trolls 
N°154 : Iguider, l’arbre qui cache la forĂŞt 
N°152 : Attention chiens mĂ©chants 
N°151 : London calling… Qui dĂ©crochera ? 
N°150 : Prison : L’enfer Oukacha  
N°149 : Abdellah Nahari : Le cheikh du buzz  
N°148 : Agadir Busway, le tram alternatif  
N°147 : Droits humains : Sale temps pour les immigrĂ©s  
N°146 : Ne faites pas entrer l’accusĂ© 
N°145 : Emploi : L’insoluble crise du chĂ´mage  
N°144 : Droits humains Ramid ou ONG : qui dit vrai ? 
N°143 : Casablanca American School :  la guerre est dĂ©clarĂ©e
N°142 : Ici Radio Coran 
N°141 : Cahiers des charges, une nouvelle polĂ©mique
N°140 : L’hypnose peut soigner 
N°139 : Entretien avec Mohamed El Maâzouzi 
N°138 : Noor : Â«â€‰J’en ai marre ! »
N°137 : Bienvenue dans l’enfer d’Aarich 
N°136 : Entretien avec Jean Zaganiaris 
N°135 : Affaire #FreeEzzedine : Le dernier souffle d’un condamnĂ©
N°134 : Don d’organes   Comment sauver des vies
N°133 : Province d’Al HoceĂŻma   Casseurs en uniforme
N°132 : Controverse   Au commence ment Ă©tait le MUR…
N°131 : DĂ©bat OĂą sont passĂ©s les laĂŻcs?
N°130 : ONDA  Fait divers ou vengeance ?
N°129 : Le retour du lèse-majestĂ© 
N°128 : 20 FĂ©vrier, An 1 :  GĂ©nĂ©ration insoumise
N°127 : Bassima Hakkaoui   « Pourquoi ne pas soumettre l’avortement Ă  rĂ©fĂ©rendum ? »
N°126 : MĂ©dias   La rĂ©forme, maintenant !
N°125 : J’ai testĂ© pour vous,  le Parc zoologique de Rabat
N°124 : CAN 2012,   Remettez-nous ça !
N°123 : RĂ©seaux sociaux :  Au royaume du blog
N° 122 : 20 dirhams par jour   et par personne
N°121 : Double meurtre Ă  Khouribga 
N° 120 : Boursiers FME :   PrĂŞts pour l’ascenseur social !
N°119 : A quoi sert le CNDH 
N°118 : RĂ©fugiĂ©s:   Le dĂ©sarroi des rapatriĂ©s de Libye
N°117 : Au TEDx :  se bousculent les idĂ©es
N°116 : DĂ©chets industriels :  faites comme chez vous...
N°115 : Manifestations :  le M20 dans l’œil du cyclone
N°114 : La dĂ©prime   des homos marocains
N°113 : Entretien avec Dr Chaouki Alfaiz  directeur de recherche Ă  l’INRA et prĂ©sident de B1A Maroc
N°112 : Les salades   c’est tendance
N°111 : Entretien avec Abdelaziz Adidi Les phosphates n’ont profitĂ© Ă  aucune rĂ©gion
N°111 : Khouribga  De la richesse Ă  la pauvretĂ©
N°111 : Les rĂ©voltĂ©s   du phosphate
N°110 : Violence Que se passe-t-il Ă  Dakhla
N° 109 : Harley Davidson on the bitume 
N°108 : Autopsie d’une mort absurde 
N°107 : Protection des animaux Ain Sebaa : le degrĂ© zĂ©ro des zoos  
N° 106 : Interview Hicham El Moussaoui Le Marocain s’est (enfin) libĂ©rĂ©
N° 104/105 : Web TV Yek, pourquoi pas 
N°103 : Capdema Des jeunes qui proposent et en imposent  
actuel 102 : Militantisme La nouvelle vie de Chakib El Khiyari  
actuel 101 : Ramadan et frustrations 
N°100 : Portail de presse Tout n’est pas Net  
N°99 : Portrait MRE et politique  Le plaidoyer de Driss Ajbali
N° 98 : Oussama Assaidi La nouvelle star  
N° 97 : Faut-il lĂ©galiser le cannabis 
N° 96 : SantĂ© : Les blouses blanches font leur rĂ©volution  
N° 95 : Centre secret de TĂ©mara :  Tu ne pique-niqueras point
Actuel n°94 : Constitution : Ou sont les femmes  
N°93 : Rachid Niny LibertĂ© : Chouf Tchouf 
Actuel n°92 : Razzia sur notre histoire 
Actuel n°91 : Du rififi chez les architectes 
Actuel n°90 : Frimija : Avec les rouges dans le fromage  
Actuel n°89 : Il faut sauver le militant Chakib 
Actuel n°88 : Printemps marocain : Des instances et des questions 
Actuel n°87 : Qui veut la peau de Terrab 
Actuel n°86 : Le 20 mars de toutes les craintes 
Actuel n°85 : Souk Sebt : La mort, ultime cri de dĂ©sespoir 
Actuel n°84 : Dakhiliyines contre Sahraouis 
Actuel n°82 : Voleuse de voyageuses 
Actuel n°81 : Qui contrĂ´le nos mĂ©dicaments ? 
Actuel N°72 : Feuilletons historiques : La dĂ©ferlante iranienne  
Actuel n°69-70 : Eric Gerets 
Actuel n°68 : Syndicats : ras-le-bol gĂ©nĂ©ral 
Actuel n°67 : Gerets vs presse : ouverture des hostilitĂ©s 
Actuel n°66 : Collecte des dĂ©chets : faut-il enterrer la gestion dĂ©lĂ©guĂ©e ?
Actuel n°65 : Mon mari, ce tortionnaire 
Actuel n°64 : Code de la route, une semaine après !
Actuel n°63 : Code pĂ©nal : rĂ©forme ou rĂ©formette ? 
Actuel n°62 : Fès, la citĂ© de la peur 
Actuel n°61 : Les Amazighs roulent-ils pour IsraĂ«l ? 
Actuel n°60 : Oualidia, le palais oubliĂ© de Mohammed V
N°59 : Le Mali « dĂ©-jeĂ»ne » sur Facebook 
N°58 : Mariages : du tradi au plus trendy 
N°57 : RAM Ras-le-bol de ramer
N°56 : Travail domestique : de l’ordre Ă  la maison 
N°55 : Enseignement supĂ©rieur privĂ©, un cadre pour la rĂ©ussite
N°54 : Menace terroriste : Faut-il avoir peur ? 
N°53 : MĂ©decine La libĂ©ralisation de la discorde
N°52 : Espagne La fièvre anti-niqab monte
N°51 : Radio   Peur sur les ondes
N°50 : Argent, drogue et politique Liaisons très dangereuses
N°49 : Femmes cĂ©libataires, le grand dilemme 
N°48 : Botola  La fin de l’amateurisme
N°47 : Le Maroc, cyberparadis des hackers 
N°46 : Sexe Ă  la marocaine,  entre hram et hchouma
N°45 : Le (contre) bilan de santĂ© de Baddou 
N°44 : Pourquoi les homos font peur 
N°43 : Chefchaouen,  Ă©co-ville Ă  la conquĂŞte de l’oued
N°42 : Tremblement de terre :  Les sismologues veillent sur nous
N°41 : Changements climatiques, Ce qui nous attend...
N°40 : Demain, un Maroc laĂŻque ? 
N°39 : Francophonie ? Cacophonie 
N°38 : Malek Chebel L’anti Ramadan
N°37 : Cyclisme Les gloires oubliĂ©es de la « petite reine »
N°36 : MosquĂ©e de Meknès  Un drame et des questions
N°35 : Drogue Le baron fait tomber de grosses pointures
N°34 : Le Niqab et nous
N°33 : Internet Peut mieux faire!
N°32 : Code de la route Les enjeux d’un dĂ©brayage
N°31 : Environnement Ce que nos VIP en pensent
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter