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Radio  Peur sur les ondes
actuel n°51, samedi 12 juin 2010
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En réprimant lourdement Radio Mars et Radio Plus la semaine dernière, la Haute Autorité de la communication audiovisuelle n’a pas fait dans la dentelle. Le couperet s’apprête aussi à tomber sur Hit Radio. Qu’est-ce qui explique la montée en puissance du « gendarme des ondes » ? Analyse.

***

Le ciel est tombé sur Mars, la toute nouvelle radio spécialisée dans le sport. Lundi 31 mai, l’animatrice de l’émission « Mag Mars », qui accueillait ce jour-là le réalisateur Hicham Ayouch, pose une ques­tion anodine à son invité dans le cadre de sa rubrique « Portrait chinois » : « Si vous étiez un espoir (que voudriez-vous devenir) ? » Mal inspiré, le réalisateur lui répond en substance : « Ah...c’est beau, la présidence de la République… du Maroc ! » Une demi-heure plus tard, la chaîne se fend d’un communiqué où elle qualifie les propos tenus par son invité de « graves », « d’irresponsables et d’irrévérents envers les constantes du Royaume » et décide de ma­nière unilatérale l’arrêt de son émission. Trop tard. Le lendemain, la sanction du CSCA (Conseil supérieur de la communi­cation audiovisuelle), l’organe exécutif de la HACA, est sans appel : suspension totale de la diffusion durant 48 heures, doublée d’une amende de 57 000 dirhams.

Le même jour, le Conseil des Sages ordonne la suspension des programmes de Radio Plus durant une semaine et le versement d’une amende de 30 000 dirhams. Motif : « Non-respect des dispositions régissant la protection du jeune public. » L’émission « Bissaraha » avait diffusé, lors de son édi­tion du 13 avril, le témoignage d’un enfant victime de violence sexuelle à 23h10. « Un tel agissement peut traumatiser à vie l’en­fant », nous explique, sous couvert d’ano­nymat, une source à la HACA.

La troisième sanction attendue concerne une nouvelle fois Hit Radio et son anima­teur vedette Momo. Cette fois, le CSCA re­proche à la chaîne d’avoir diffusé une pa­rodie de la chanson Alors on danse, renom­mée pour les besoins de la blague Hez el bot. « Nous avons remixé ce morceau sans nous rendre compte que cela pouvait prêter à confusion. En prononçant uniquement le début de la phrase, cela peut donner l’im­pression qu’il s’agit du mot “zob”. C’est re­grettable. D’ailleurs, aucun auditeur ne nous l’a signalé », explique Younès Boumehdi, directeur de Hit Radio. Dans les couloirs de la HACA, on s’attend à une « sanction dure » cette fois-ci, « car il s’agit du troisième dérapage », nous confie notre source à la HACA (voir encadré). Le dossier est tou­jours entre les mains du service juridique et une décision sera prise incessamment.

Plusieurs filtres avant la sanction

Que faut-il penser de cette avalanche de sanctions ? Tout porte à croire que l’ins­tance de régulation des ondes montre les dents pour faire passer un message : quatre ans après la libéralisation des ondes et de­puis la seconde vague de licences, il n’est plus question d’être permissif envers les dépassements. « La HACA prônait au dé­part une approche pédagogique et pro­gressive, nous explique notre source sur place, mais désormais, nous estimons qu’il y a suffisamment de cumul pour inaugu­rer une nouvelle étape : l’application juste et équitable de la loi. » Les propos tenus par Hicham Ayouch, ju­gés attentatoires au régime monarchique, auraient précipité le tour de vis opéré par le gendarme des ondes : « La nature de plus en plus grave des infractions, comme l’at­teinte à la monarchie, a poussé les Sages à être beaucoup plus sévères pour éviter que le pire ne se (re) produise », poursuit encore notre source. Ahmed Ghazali, le président de la HACA, apporte une nuance, expliquant qu’il ne s’agit pas d’être plus sévère, mais « plus rigoureux » : « L’approche pédagogique est toujours de mise, nous sommes toujours dans une relation d’explication et de justi­fication avec les opérateurs. Le maître mot, c’est qu’il s’agit d’un processus d’apprentis­sage libre dans la responsabilité avec pour objectif l’installation de réflexes profession­nels qui garantiront le respect des cahiers des charges », nous assure-t-il.

D’ailleurs, à la HACA, on insiste sur l’aspect « irréprochable » et « hyper verrouillé » de la procédure. Avant de parvenir à l’opinion publique, les décisions des Sages passent par plusieurs filtres. En général, elles sont tellement bien étudiées qu’elles n’ont ja­mais été déboutées par le tribunal admi­nistratif, seule instance capable d’invali­der les sanctions du CSCA.

Modus operandi : les programmes phares des chaînes de radio et de télévision sont scrutés, par thème, par les opérateurs du « département de suivi des programmes ». Trois unités de suivi existent : radio, télé et « pluralisme ». Cette dernière section a pour vocation essentielle de vérifier si la part d’antenne réservée aux acteurs poli­tique, syndicaux et à la société civile est équitable tandis que les deux premières passent au crible les propos tenus sur antenne.

Sanctions « pĂ©cuniaires Â» ou « extra-pĂ©cuniaires Â»

Quand une entorse au cahier des charges d’une chaîne est signalée, un rapport est rédigé puis envoyé au directeur général. Il est ensuite adressé au « département juri­dique » de la HACA. Les juristes examinent le manquement supposé à l’aune de trois textes de loi : le Dahir portant création de la HACA, la loi 77.03 relative à la communica­tion audiovisuelle et le cahier des charges de la chaîne en question. Ce service rédige ensuite une note à l’attention du directeur général qui saisit par écrit l’opérateur afin qu’il lui fournisse des explications. Le di­recteur de la chaîne peut également être convoqué dans les locaux de la HACA avant que la question ne soit inscrite à l’ordre du jour de la prochaine réunion du CSCA (te nue, sauf réunion extraordinaire, les mer­credis). Les Sages délibèrent le lendemain et prennent leur décision (à l’unanimité). Elle est par la suite envoyée par fax à l’opé­rateur, puis publiée sur le site de la HACA et par communiqué sur le fil de l’agence MAP et finalement au Bulletin officiel. Les sanctions peuvent être soit « pécuniaires » (une amende ne pouvant excéder 1 % du chiffre d’affaires) ou « extra-pécuniaires » (dans l’ordre : avertissement, suspension de la diffusion, réduction de la durée de la licence ou son retrait définitif).

Plus d’autocensure ?

De l’aveu même des opérateurs, ce che­minement administratif est respecté et fonctionne plutôt bien. « À chacune de mes convocations, on m’a écouté et on a pris en compte mes remarques. Les relations avec la HACA restent très bonnes et cordiales », affirme Younès Boumehdi. En coulisse pourtant, on reproche au gendarme des ondes sa propension à sanctionner de plus en plus lourdement les chaînes. Du côté de la HACA, on botte en touche et on estime que c’est aux radios de mûrir et aux ani­mateurs de devenir plus professionnels. Ce nouveau tournant opéré poussera-t-il vers plus de rigueur ou plus d’autocensure, au détriment de la liberté de ton ? Seul le temps (d’antenne) le dira…

Zakaria Choukrallah

 

[ LES SANCTIONS QUI ONT MARQUÉ LES ESPRITS ]

Novembre 2007

« Momo », l’animateur vedette de l’émis­sion « Libre antenne » de Hit Radio traite, selon le CSCA, « en interaction avec des jeunes et des adolescents, de la consom­mation de drogue et d’alcool, d’adultère, de viol et d’homosexualitĂ© ». L’instance de rĂ©gulation condamne la chaĂ®ne Ă  verser 100 000 dirhams d’amende et Ă  diffu­ser un message d’excuse aux auditeurs 

Juillet 2008

Les Sages du CSCA adressent une mise en demeure à 2M. La chaîne a déprogrammé le talk-show devant traiter des émeutes de Sidi Ifni, « Moubacharatan Maâkoum », « sans en informer au préalable le public et la Haute Autorité et sans respecter les conditions et les délais prescrits à cet effet ».

Août 2008

Et rebelote pour « Libre antenne ». « Momo » est accusé cette fois-ci d’échanger « des propos à caractère pornographique » avec une auditrice. La chaîne est condamnée à une amende de 100 000 dirhams et doit suspendre ses programmes de 20h à mi­nuit durant 15 jours. Younès Boumehdi, le directeur de Hit Radio, décide de mettre en place un « Conseil de déontologie ».

Septembre 2008

Pour avoir fait « l’apologie d’un promo­teur immobilier » (en l’occurrence Ad­doha) par la voix de son animateur « Ba­hloul », Chada FM est condamnée à ver­ser une amende de 35 000 dirhams et à suspendre sa diffusion quotidiennement, entre 12 heures et 13 heures, durant une période de sept jours.

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