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Manifestations : le M20 dans l’œil du cyclone
actuel n°115, vendredi 4 novembre 2011
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Depuis quelques semaines, les forces de l’ordre se montrent à nouveau offensives à l’égard du mouvement du 20-Février. Un regain de tension qui ne s’était pas vu depuis le mois de mai, où la police avait cessé de disperser les manifestations par la force.


***

La liste des arrestations, des interrogatoires, et parfois même des intimidations de militants du 20-Février, prend de plus en plus d’ampleur à mesure que la contestation se poursuit.

L’affaire la plus marquante est celle de Kamal Husseini, activiste du M20 et d’une association de diplômés chômeurs, mort poignardé le jeudi 27 octobre à Béni Bouayach, une localité proche d’Al Hoceïma.

Une histoire enveloppée de mystère. Considéré comme un « martyre » tué par un « baltaji » d’après ses amis, il est, selon le procureur, la « victime d’un règlement de compte » suite à un différend qui l’opposait à son agresseur.

Ce dernier est actuellement poursuivi en état de détention par le parquet. Pour les associations locales et la famille, Kamal Husseini a été visé en raison de son militantisme, et ce dérapage entrerait dans le cadre des intimidations que subit le M20.

Or dans le communiqué du procureur, les autorités mettent en garde contre l’utilisation politique d’un tel drame. L’enquête étant toujours en cours, il est difficile de tirer des conclusions.

Mais d’autres événements montrent, eux, de manière plus claire le regain de tension entre les autorités et le mouvement du 20-Février. Le plus récent est l’arrestation le lundi 31 octobre de Massoud Aboufariss, membre du 20-Février et vice-président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Youssoufia, ainsi que de deux autres manifestants, Hassan Ouahbi et Ahmed Tayassir.

La Justice a décidé de les poursuivre en état de liberté pour « insulte d’un fonctionnaire pendant l’exercice de ses fonctions, coups et blessures et appels à des rassemblements non-autorisés ».

La première audience aura lieu le 14 novembre. « Ces trois personnes font partie d’une liste de 26 personnes interrogées par la police après que 8 individus ont stoppé un train de phosphate à Youssoufia le 17 août.

La police leur reprochait d’attiser les pressions et d’appeler aux manifestations », explique Me Abdelouahed Birzouk, avocat et président de la section Youssoufia de l’AMDH, qui s’interroge sur les raisons du retour à cette affaire aujourd’hui.

Frappé au visage...

Et ce n’est pas fini. Le mercredi 26 octobre, six membres du 20-Février à Tanger ont été convoqués par la police qui les a interrogés, puis relâchés après quelques heures au poste. Dans le lot, on trouve un large spectre des tendances politiques qui composent le mouvement de contestation : Boubker Khamlichi (Annahj), Jamal Laasri (Parti socialiste unifié), Rochdi El Aoula (Parti d’avant-garde démocratique et socialiste) ainsi que trois membres de la Jamaâ islamiya d’Al Adl Wal Ihsane, Mohamed Serroukh, Hicham Choukir et Mohamed Ajouaou.

Plus étrange encore, les propos tenus par Abouchta Moussaif, un adliste du M20 auparavant interrogé par la police. Il a déclaré que les autorités « l’avaient empêché d’accéder » au centre d’études nucléaires de la Maâmora, où il travaille en tant qu’ingénieur.

Leur argument ? « Des instructions » dans ce sens, ajoute-t-il. Pour Hassan Bennajeh, porte parole d’Al Adl Wal Ihsane, la Jamaâ est la plus visée par ces arrestations car une dizaine de membres en tout ont été appréhendés ces jours-ci (7 poursuivis, et 3 interrogés puis relâchés).

Selon Najib Chaouki, membre de la coordination rbatie du M20, des vingtfévrieristes ont également été interrogés à Fès, Oujda, Ouazzane ou encore Casablanca. Sans oublier la manifestation du dimanche 30 octobre dispersée par la force à Rabat, et où Abdelmajid Lotfi, vice-président de l’AMDH, affirme avoir été « frappé au visage à coups de matraque ».

D’autres manifestations ont également été dispersées par la force ces derniers temps, contrastant avec l’attitude observée depuis mai où la police se contentait d’observer sans intervenir.

El Manouzi démissionne

Cette série d’événements, et l’affaire Kamal Husseini en particulier, a poussé Mustapha El Manouzi, président du Forum vérité et justice (FVJ), à démissionner de ses fonctions. Puis s’est rétracté sur la demande de militants.

Un mini-séisme dans le monde associatif dans la mesure où cet avocat respecté n’est autre que le remplaçant à la tête du FVJ de Mohamed Sebbar, désigné depuis secrétaire général du Centre marocain des droits de l’homme.

« Les défenseurs des droits humains sont entourés aujourd’hui de dangers, dont le premier est le risque de liquidation physique », écrit-il dans sa lettre de démission qui revient sur l’affaire Kamal Husseini. « Cette démission est l’expression d’un ras-le-bol. Comme ce n’est pas la première fois, nous voulons mettre les autorités devant leurs responsabilité », nous déclare-t-il.

Comment expliquer cette multiplication d’interrogatoires ?

Selon plusieurs témoignages, les questions des enquêteurs tournent autour de plusieurs thèmes (voir encadré), mais semblent avoir pour point commun la campagne de boycott des élections.

« C’est la campagne de boycott qui dérange car le Makhzen a peur d’un faible taux de participation », estime Najib Chaouki pour qui la méfiance de l’Etat s’explique par « la mobilisation importante qu’ont enregistré les dernières marches du 20-Février ».

Même son de cloche au sein d’Al Adl Wal Ihsane. « Le cercle politique d’Al Adl qui a l’habitude de boycotter les élections a, pour la première fois, appelé officiellement les électeurs à le faire. De plus, d’autres courants politiques sont inscrits aujourd’hui dans cette même logique, en plus du 20-Février.

Le régime comptait sur la Constitution pour absorber la colère, mais il se trouve que ces élections n’ont pas calmé les ardeurs des manifestants, d’où ces craintes », estime Hassan Bennajeh. Mais qu’en est-il des slogans devenus par endroit beaucoup plus osés et parfois attentatoires à la monarchie ?

N’expliquent-ils pas également ces arrestations, d’autant plus qu’ils figurent parmi les questions posées aux militants ? Pour le M20, il s’agit « d’incidents isolés » qui ne sont pas du tout cautionnés par les coordinations.

« Je ne pense pas que ce soit les véritables raisons. C’est classique que le Makhzen passe à la vitesse supérieure pour rappeler qu’il est là », pense Youssef Raïssouni, membre du comité de soutien au 20-Février. Quelles qu’en soient les raisons et les justifications, cette campagne d’arrestations pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Zakaria Choukrallah

TĂ©moignage

Hilana Rizki, militante du M20 Ă  Rabat

 

Mon passage au poste...

Le soir du dimanche 23 octobre, en sortant d’une réunion au siège du PSU, je me dirige vers un snack pour acheter mon dîner (du poulet), et sur le chemin, dans le quartier Hassan, je remarque qu’une voiture blanche s’arrête. Un individu en civil sort du véhicule et me dit « hay hay, nass dial djaj » (les gens qui achètent le poulet, ndlr).

Il m’immobilise le genou puis me tire vers la voiture. Lui et son collègue mangent mon dîner alors qu’ils m’emmènent au poste. Une fois sur place, plusieurs policiers me posent des questions mais sans me maltraiter.

Ils tapent de temps en temps du poing sur la table, élèvent la voix et lancent des insultes mais sans me viser directement. Ils me posent beaucoup de questions comme : qui écrit les slogans, que fait tel ou tel militant, pourquoi certains se rendent-ils souvent à Casablanca, pourquoi j’ai prolongé mon séjour lors d’un voyage en Egypte, pourquoi certains sont-ils présents lors des assemblées générales mais pas lors de manifestations ?...

Ils me montrent aussi des vidéos et des photos. A la fin, ils me raccompagnent chez moi et me disent : « Si tu as besoin de quoi que ce soit, on est là. » Et ça s’est arrêté là, mis à part une série de coups de fil inconnus que je reçois, mais je ne sais pas si c’est lié. Je ne comprends pas où ils veulent en venir, pour ma part je poursuis mon engagement comme d’habitude.

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