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Le rĂ©veil des salafistes Demain la charia ?
actuel n°130, vendredi 24 février 2012
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Maintenant qu’ils sont hors de prison, ils sortent aussi du bois. En entrant dans le jeu politique, ils changent de stratégie, mais pas d’objectif. Et ils ont aujourd’hui un allié au pouvoir, le PJD...


Le Maroc sera salafiste ou ne sera pas. La parodie de la fameuse formule de Malraux ne serait qu’une boutade si les forces démocratiques n’étaient dans une situation fort délicate, incapables aujourd’hui de s’opposer à la théocratie qui se profile. L’islamisme doit une fière chandelle au 20-Février.

Conséquence inattendue du Printemps arabe, les salafistes jouissent désormais d’un état de grâce équivalant à celui de la disgrâce qui a frappé l’autre bord, notamment celui de la gauche. A la bérézina du camp des modernistes répondait la victoire du PJD aux dernières législatives, mettant par la même occasion les salafistes sur la liste d’attente.

Avec la libération des trois leaders de la mouvance, l’intrusion du salafisme pur et dur dans le jeu politique est en marche. « Les salafistes ne sont pas pressés, Fizazi et ses frères ne visent pas vraiment les communales ; ce qui les intéresse, ce sont les législatives et les présidences des régions. C’est là que se situe pour eux le véritable enjeu », explique l’islamologue Saïd Lakhal.

Au lendemain du Printemps arabe, les salafistes s’apprêtent à s’engager dans la politique – avec en place un appareil puissant et déjà opérationnel, installé de longue date dans tout le pays . Pour l’instant, les contacts vont bon train et l’étau sécuritaire s’étant relâché, les salafistes se préparent pour le grand soir.

Précurseur en la matière, Fizazi ratisse large pour se positionner en vue des prochaines échéances électorales. Le prédicateur, qui avait été condamné à 30 ans de prison au lendemain des attentats du 16 mai, a été libéré à la suite d’une grâce royale en avril 2011.

Depuis, il bat le pavĂ© pour rĂ©activer « ses cellules dormantes » mais, cette fois-ci, en vue de crĂ©er un parti politique. Idem pour Abou Hafs et Haddouchi qui sont pour l’instant dans la prospective, alors que Hassan Kettani s’accommoderait bien d’une chaire dans une mosquĂ©e ayant pignon sur rue pour  « reprendre son bâton de pèlerin et rĂ©pandre la bonne parole ».

 

Qui sont nos salafistes ?

Ils rejettent tous l’appellation « Salafia jihadia » qui leur colle depuis le 16 mai 2003. Que ce soit Mohamed Fizazi, Abdelwahab Rafiki surnommé Abou Hafs, Omar Haddouchi ou encore Hassan Kettani, tous se disent salafistes mais dénoncent le terme inventé par le général Laânigri pour catégoriser le mouvement.

Un rapport confidentiel de la direction des affaires criminelles du ministère de la Justice, qui fait état de 2 300 personnes arrêtées à la suite des attentats du 16 mai 2003, recense quelques mouvances jihadistes appartenant à différents courants salafistes y compris les plus virulents, à savoir Harakat tawhid wal jihad, Ansar el mahdi, Jamaat fath al andalous, Jamaa islamia du tawhid et la Siriat al batar, entre autres.

Plus radicaux encore que les salafistes, les takfiris (ceux qui pratiquent l’excommunication) ont les mĂŞmes rĂ©fĂ©rences idĂ©ologiques que les premiers mais prĂ´nent en plus un jihad armĂ© plus musclĂ© contre la sociĂ©tĂ© impie et alliĂ©e de l’Occident athĂ©e. 

Le Takfir wal hijra est entré dans la clandestinité totale à la suite de la terrible répression qui s’est abattue sur cette secte au lendemain des attentats meurtriers du 16 mai 2003 à Casablanca. Le Takfir est essentiellement implanté dans les montagnes reculées du Rif alors que les salafistes sont partout.

 

Quelles sont leurs valeurs?

Pour savoir ce que pensent les salafistes, il suffit de visionner l’une des vidéos des chioukhs sur YouTube. Dans l’un de ces morceaux d’anthologie, signé Fizazi, la démocratie en prend pour son grade. Pour le salafiste tangérois, la religion des démocrates est une voie vers l’enfer, et celle des salafistes la seule qui mène vers le paradis.

Avec force citations coraniques, Fizazi déroule sa propre conception du pouvoir politique : la démocratie ne pouvant mener qu’en enfer, il est pratiquement impossible d’être musulman et démocrate. Dénonçant toute sacralisation de médiateurs humains, fussent-ils élus démocratiquement, entre les croyants et leur créateur, Fizazi se défoule sur cette dérisoire et ridicule « concurrence » humaine faite à Dieu.

« Ne vous rendez-vous pas compte que nous, nous constituons la communautĂ© des adorateurs du seigneur de l’univers alors que dans cette religion de la dĂ©mocratie, ils se prosternent devant des hommes aussi faibles qu’eux, des ĂŞtres mortels qui urinent et qui dĂ©fèquent ?! », s’emporte-t-il.  « Les salafistes, dont le maĂ®tre Ă  penser reste l’imam Ibn Taymiya, qui se rĂ©clament d’essalaf essalah, ou des "pieux prĂ©dĂ©cesseurs", militent pour un retour Ă  "l’islam des origines" expurgĂ© d’ "innovations blâmables" comme la dĂ©mocratie ou la laĂŻcité », rappelle l’islamologue SaĂŻd Lakhal.

Il faut savoir que ce courant, qui prêche une vision très littérale du Coran et de la tradition – sans rien contextualiser – cherche plus à réformer la société pour prendre le pouvoir par la base qu’à renverser le régime, parfois taxé d’impie. Dans l’actualité, les faits ne manquent pas pour illustrer le retour en force des salafistes.

Ce sont bien eux qui se sont mis en tĂŞte de « purifier » la ville de AĂŻn Leuh (près d’Ifrane) de ses filles de joie. Les comitĂ©s populaires n’ont pas attendu la victoire du PJD pour passer Ă  l’action. PilotĂ© par des associations noyautĂ©es par les salafistes, ce mouvement a entamĂ©, bien avant l’étĂ© dernier, une sĂ©rie d’actions qui vont de la dĂ©nonciation des clients de lupanars Ă  l’arrestation de proxĂ©nètes, en passant par des opĂ©rations de rĂ©adaptation organisĂ©es au profit des prostituĂ©es qui dĂ©sirent se recycler. 

A Kénitra, plus d’une centaine d’associations ont planché sur un « programme militant et coordonné » pour protester contre la décision de la wilaya de la région qui a accordé, récemment, une autorisation de vente d’alcool à un restaurant de la ville. De la police des mœurs à la police de la pensée, il n’y a qu’un pas que les salafistes, dont ceux d’Al Islah wa tawhid (le Mur), auront vite fait de franchir puisque le bras armé du PJD planche sur une structure chargée de réguler les festivals pour barrer la route aux « adversaires de l’art pur et de la culture décente ».

 

Quel est leur poids dans la société?

C’est un vĂ©ritable casse-tĂŞte pour tous les sĂ©curitaires du monde. Pour les services de renseignement espagnols du CNI, ils seraient quelques centaines de milliers de salafistes purs et durs, dĂ»ment rĂ©pertoriĂ©s. Tandis que d’autres services occidentaux n’excluent pas qu’ils soient des millions. 

En fait, la difficulté de cerner leur poids vient du fait que la clandestinité imposée par la féroce répression qui s’est abattue sur les salafistes, au lendemain des attentats du 16 mai 2003, a mis en veilleuse les activités de nombreuses associations. Elles sont d’autant plus puissantes que Hassan II avait largement contribué à leur multiplication pour faire de l’ombre aux gauchistes durant les années 70.

Les membres d’associations salafistes et les simples sympathisants se compteraient par milliers. Ils tiennent des mosquĂ©es, des universitĂ©s, des hĂ´pitaux, le grand commerce de Derb Omar Ă  Casablanca, ou de Bab Enawader Ă  TĂ©touan oĂą ils contrĂ´lent tout le circuit de la contrebande.  Dans les annĂ©es 90, des mosquĂ©es ont « poussĂ© spontanĂ©ment », grâce aux dons de richissimes hommes d’affaires du Golfe. 

Des collectes anarchiques de fonds ont Ă©galement permis, avant le tournant du 16 mai, Ă  des salafistes du cru de bâtir des fortunes considĂ©rables dont la principale caractĂ©ristique consiste Ă  Ă©chapper au fisc. Autant dire que le nerf de la guerre ne manque pas. A la facultĂ©, c’est le mĂŞme scĂ©nario qui a prĂ©valu. Face Ă  la mainmise des marxistes sur le campus, les services de Basri n’avaient rien trouvĂ© de mieux que d’ouvrir la bergerie au loup. 

Aujourd’hui, plusieurs mouvances contrĂ´lent les campus universitaires avec une prĂ©fĂ©rence pour des facultĂ©s comme celle de Fès, oĂą se dĂ©roule une guerre de leadership entre les Ă©tudiants de Yassine, l’Organisation du renouveau estudiantin marocain (PJD), les salafistes et la gauche radicale. 

Au passage, on notera la restructuration du Renouveau estudiantin qui a reçu la bénédiction de Benkirane et la promesse d’un gros chèque. Ajoutons à cela le passage par la case prison, qui a radicalisé les salafistes jetés derrière les barreaux à la suite de procès préfabriqués.

Dans la foulée, ces véritables écoles du jihad que sont les prisons, où sont toujours concentrés les salafistes arrêtés et jugés par une justice d’abattage après le 11 septembre 2001, ont produit de nouvelles recrues parmi les prisonniers de droit commun. Il en resterait moins d’un millier dans les prisons du Royaume, mais il faut désormais compter avec leurs proches qui se sont radicalisés depuis.

« En refusant d’accorder aux condamnés post-mai 2003 le statut de prisonnier d’opinion, les autorités les ont placés dans des cellules avec des détenus de droit commun. Résultat, les Abou Hafs et autres Haddouchi ont recruté à tour de bras au sein d’une armée de jeunes paumés, alors que des prêcheurs à la petite semaine, beaucoup plus radicaux que leurs maîtres, se sont chargés de poursuivre le travail, une fois à l’extérieur, dans les quartiers défavorisés », relève une source policière.

 

Pourquoi sont-ils si sûrs de prendre le pouvoir ?

Il y a bien entendu le prĂ©cĂ©dent Ă©gyptien : des salafistes, inexistants Ă  quelques jours du scrutin, arrivent Ă  rafler la mise devant les Frères musulmans et les modernistes stupĂ©faits. Il y a surtout la faillite de l’autre camp, la dĂ©bandade des Ă©lites et l’irruption brutale et non planifiĂ©e du « pays rĂ©el » dans le jeu politique. Les salafistes ont pour eux la sympathie du petit peuple. Notre sondage CSA, publiĂ© dans nos colonnes en dĂ©cembre 2011, rĂ©vĂ©lait que 92% des Marocains Ă©taient pour « une nouvelle politique culturelle plus conforme aux fondamentaux de l’islam ». Les rĂ©sultats faisaient Ă©galement Ă©tat d’un taux de  72% des sondĂ©s qui s’étaient prononcĂ©s en faveur de la suppression des festivals de musique !

 

Le PJD, cheval de Troie des milieux salafistes ?

La réponse à la question exige une grande prudence. Le parti au pouvoir n’est pas aussi homogène qu’on le croit. L’islamisme de façade cohabite aisément avec un rigorisme pur et dur. C’est d’ailleurs pour cela que le PJD a confié la mission de légiférer sur l’idéologie au Mur pour se focaliser sur la politique.

Ce parti s’est d’ailleurs engagĂ©, durant la campagne Ă©lectorale, Ă  aller dans le sens de la dĂ©fense des valeurs religieuses en s’impliquant notamment dans la construction de nouveaux espaces de piĂ©tĂ©, avec un rĂ´le Ă©ducatif et social qui met la foi au cĹ“ur des dĂ©bats de sociĂ©tĂ©. En recevant chez lui les chioukhs de la Salafia samedi dernier, Ramid a demandĂ© Ă  ces derniers de laisser le PJD prendre ses marques. 

Il leur a suggéré de créer des partis, qu’il cautionnera, en tant que patron des libertés publiques. « Les islamistes au pouvoir ont une stratégie claire, il s’agit pour eux de favoriser encore plus la liberté d’expression - mais uniquement à caractère religieux - dans l’espace social, tout en faisant en sorte que le prosélytisme des salafistes ne soit pas l’objet de contraintes d’ordre sécuritaire comme ce fut le cas avec les gouvernements socialistes », explique Lakhal.

Ainsi, le chemin vers la charia est parfaitement tracé pour les salafistes. Et ceux qui pensent encore que la première puissance du monde va les en empêcher devraient savoir que l’oncle Sam entretient des rapports plus que cordiaux avec le wahhabisme saoudien – qui applique la loi du talion à la lettre  – du moment qu’il sert largement ses intérêts.

Abdellatif El Azizi

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Hassan Kettani

Le noble

C’est le cheikh salafiste bien-né par excellence. Il est issu d’une famille de la noblesse, les Kettani. Son père, Moulay Ali Kettani, qui s’est illustré comme savant religieux, est l’un des fondateurs de l’université islamique de Cordoue. Né en 1972, il fait des études en Arabie saoudite, aux Etats-Unis, en Jordanie et au Maroc où il décroche… un diplôme en gestion des entreprises en langue anglaise !

Il connaĂ®t son heure de gloire au sein de la mosquĂ©e Mekka Ă  SalĂ© oĂą il prĂŞche avec l’autorisation des autoritĂ©s religieuses du pays. Il s’illustre par ses prises de positions publiques, notamment Ă  travers une fatwa-pĂ©tition incriminant la coopĂ©ration antiterroriste avec les Etats-Unis, qu’il signera avec d’autres religieux.  En 2003, la police ira le « cueillir » au domicile de  feu Abdelkrim El Khatib, le fondateur du PJD, chez qui il s’est rĂ©fugiĂ©.  Il ne sera libĂ©rĂ© qu’en 2012.

Z.C.


Omar Haddouchi

Le déterminé

Si j’ai demandé la grâce au roi, je prie Dieu de ne point avoir pitié de mon âme », c’est en substance ce qu’a déclaré cheikh Omar Haddouchi, 41 ans, au quotidien Al Massae à sa sortie de prison.

Le cheikh Haddouchi reprĂ©sente l’aile dure des salafistes dits jihadistes, et affirme maintenir ses positions antĂ©rieures. De toute la bande, c’est le moins diplĂ´mĂ© mais il reste un exĂ©gète religieux très douĂ© et respectĂ© dans son milieu. Il a appris le Coran dès l’âge de 7 ans, puis a Ă©tudiĂ© la religion au Maroc avant de parfaire ses connaissances en Arabie saoudite. 

Ses prêches à Tanger, particulièrement virulents, critiquaient vigoureusement les oulémas officiels, les autres mouvances islamistes et les « lois laïques ». C’est ce qui lui vaudra une condamnation à 30 ans de prison, dont neuf passés derrière les barreaux. Il continue de recommander l’application de la charia.

Z.C.

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Mohamed Fizazi

Le BCBG

Né en 1950 à Mernissa à Taounate, il est islamiste d’abord par atavisme. Son père, diplômé en sciences religieuses d’Al Qaraouyine, est un ancien leader nationaliste qui a combattu avec l’armée de résistance. Le fils Fizazi apprend le Coran et les sciences religieuses puis fait ses premières armes dans l’enseignement moderne. En 1969, il obtient son diplôme d’enseignant et devient professeur de collège en sciences physiques et en… langue française ! Fizazi est d’ailleurs un excellent francophone, et l’homme ne manque pas d’humour.

Il intègre dès 1979 la prédication salafiste aux côtés des grands chioukhs de l’époque puis devient officiellement imam à Tanger. Il s’est beaucoup attaqué à Al Adl wal ihsane mais aussi à la gauche, au MUR, etc. Il passera huit années derrière les barreaux avant d’être le premier cheikh salafiste gracié en avril 2011.

Depuis, cheikh Fizazi a mis un peu d’« eau dans son vin » et on l’a même vu discuter sereinement avec l’actrice Latifa Ahrare au dernier Salon du livre de Casablanca. Le cheikh Fizazi est aussi l’un des plus motivés pour la création d’un parti salafiste au Maroc, à l’image d’Ennour en Egypte.

Z.C.

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Abou Hafs

Le jeune

Le cheikh Abou Hafs, de son vrai nom Abdelouahab Rafiki, fait partie de la seconde gĂ©nĂ©ration de prĂ©dicateurs dits de la Salafia jihadia. Ă‚gĂ© de 38 ans, il est Ă©galement le plus jeune. NĂ© dans une famille conservatrice, d’un père qui a combattu en Afghanistan avec les « moujahidine », Abu Hafs s’initie au salafisme Ă  Casablanca avant de complĂ©ter sa formation Ă  Fès oĂą il parachève l’apprentissage du Coran. 

Il s’inscrit au département de sciences physiques à la faculté, il y renonce pour émigrer en Arabie saoudite où il décroche une licence en charia musulmane et en prédication salafiste. Il s’installe par la suite à Oujda où il obtient un diplôme d’études approfondies en religion, avant de retourner à Fès et de devenir une célébrité. Sa popularité va s’accroître, surtout dans les milieux populaires, après sa montée au créneau lors de la guerre en Afghanistan. Il commence même à organiser des rondes nocturnes de « sécurité » dans les quartiers populaires.

A la suite d’un prêche enflammé intitulé « Pardon la Palestine », dans lequel il s’attaquait avec véhémence aux régimes arabes, il se fait arrêter et condamner à 30 ans de prison, dont neuf passés derrière les barreaux. Durant son séjour carcéral, Abu Hafs a a reconnu avoir « commis des erreurs ».

Z.C.

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Trois questions  Ă  Youssef Blal

Politologue, spécialiste des mouvements islamistes

« Le salafisme va s’institutionnaliser »


actuel : Quels défis pose la libération des idéologues salafistes?

Youssel Blal : Avant le 11 septembre 2001, il existait un accord implicite entre ces groupes tolĂ©rĂ©s et les autoritĂ©s. Les choses vont changer après les attentats du World Trade Center. La question est de savoir si nous allons retourner au modus vivendi d’avant 11-Septembre. L’autre dĂ©fi est plus profond. Au-delĂ  de l’aspect politique, une partie de la sociĂ©tĂ© marocaine vit selon cette normativitĂ© salafiste, avec sa propre conception des libertĂ©s, du mariage, etc. C’est la gestion de cette pluralitĂ© au niveau social qui se pose aujourd’hui.

 

Est-ce que les salafistes ont réellement opéré un changement dans leur idéologie ?

Il y a indéniablement une transformation due, notamment, au Printemps arabe, à la mort de Ben Laden et à l’émergence du parti Ennour en Egypte. Nous allons sûrement assister à une institutionnalisation de ce courant à travers un versant politique. Fizazi est plutôt clair quand il parle de son intention de créer un parti. C’est en rupture avec ses positions antérieures où il considérait illicites les partis et les élections.

 

Sont-ils pour autant solubles dans la démocratie ?

Il faut agir avec intelligence, et en respectant la diversitĂ©. Il vaut mieux que cette expression soit possible dans le cadre lĂ©gal plutĂ´t qu’elle soit violente et cachĂ©e. De plus, d’autres mouvements politiques comme le Mouvement unicitĂ© et rĂ©forme (proche du PJD, ndlr) ou Al Adl wal ihssane, les oulĂ©mas, les tariqas… prĂ´nent une autre vision et vont donc s’équilibrer.  L’essentiel est qu’il y ait des dĂ©bats thĂ©ologiques dans le respect de la libertĂ© d’expression.

Propos recueillis par Z.C.



Entretien avec Mohamed Boulaouz, spécialiste des salafistes

« L’Etat a intĂ©rĂŞt Ă  ce que les salafistes entrent en politique » 

Professeur en sciences sociales et religieuses, également spécialiste des salafistes, Mohamed Boulaouz explique les tendances du salafisme et appelle à intégrer cette catégorie dans le jeu politique.

 

actuel : Quelles sont les origines du salafisme ?

Mohamed Boulaouz : Le salafisme est le retour aux us et coutumes pratiqués durant les trois premiers siècles de l’islam. Plus exactement à l’époque des trois générations qui ont suivi le prophète. Mais il est traversé de courants qui dépendent de l’interprétation faite de ce retour au « essalaf essaleh » (pieux prédécesseurs).

 

Quels en sont les  diffĂ©rents courants et lesquels, parmi eux, traversent actuellement le Maroc ?

Il y a le salafisme rĂ©formateur et le salafisme traditionnel. Le premier prĂ´ne l’acclimatation avec l’évolution du monde.  Alors que le second, appelĂ© communĂ©ment « Salafia », renvoie au salafisme traditionnel qui, lui, se borne Ă  la lettre et ne va pas s’intĂ©resser Ă  l’esprit du texte.

Ce salafisme, tel qu’on le désigne aujourd’hui, est diversifié. Il y a le salafisme scientifique, porté sur l’exégèse, qui s’attache au ravivement de la Sunna et au combat contre les innovations illicites. Ensuite, il y a un salafisme qui se caractérise par un ensemble de codes vestimentaires et de façon d’être en société.

Ce courant abandonne les symboles salafistes marocains au profit de ceux du Machrek.  Il existe aussi le courant dit de la « Salafia jihadia » avec, comme symbole, le cheikh Haddouchi qui refuse le travail Ă  l’intĂ©rieur des institutions tel le Parlement, sans toutefois appeler Ă  la violence. Il y a enfin un nouveau courant, le « salafisme politique » reprĂ©sentĂ© par les chioukhs Fizazi, Kettani, Abu Hafs et Maghraoui.

 

Justement, que penser des appels à la création d’un parti politique ?

C’est positif, car cela augure une évolution : les salafistes veulent la réforme de l’intérieur des institutions au lieu de les considérer comme impies. Il est de l’intérêt de l’Etat de permettre aux salafistes d’entrer dans l’arène politique afin que les citoyens imprégnés du salafisme soient encadrés pour ne plus servir de proie à des mouvements venus de l’étranger

 

Les salafistes ne représentent-ils pas un danger pour la démocratie ?

Le courant salafiste se renforce à chaque fois qu’il est victime de procès iniques, qui poussent surtout les milieux populaires à se solidariser avec lui. La provocation des milieux laïques et les comportements contraires à la culture islamique nourrissent ces idées. Il faut considérer les salafistes comme des citoyens qui ont des droits garantis par la nouvelle Constitution tant qu’ils n’appellent pas à la violence. Il faudrait aussi se réconcilier avec eux, en libérant les détenus salafistes, en les dédommageant et en engageant le dialogue dans les médias.

Propos recueillis par Zakaria Choukrallah

***

Aux origines du salafisme marocain

Au commencement, salafisme ne rimait pas avec jihadisme. Cette école de pensée fut au Maroc d’abord réformatrice, puis nationaliste avant de se scinder entre wahhabisme et jihadisme.

  

Le salafisme marocain ne diffère pas beaucoup du salafisme tout court, dans le sens oĂą ce mouvement, nĂ© en Arabie, revĂŞt un caractère « transnational », selon le politologue Mohamed Darif. Les fondements de la pensĂ©e salafiste ont Ă©tĂ© posĂ©s par l’imam Ahmed Ibn Hanbal au IXe siècle, avant d’être raffermis par ses deux disciples, l’imam Ibn Taymiya et Mohamed Ibn Abdelwahab. 

C’est ce dernier d’ailleurs qui donnera son nom au « wahhabisme », la doctrine religieuse officielle de l’Arabie saoudite. Ces deux idéologues constituent la principale référence du salafisme. Ils prônent le retour au « essalaf essaleh » (pieux prédécesseurs), c’est-à-dire à la nécessité de suivre les préceptes et la manière de vivre des « sahaba » ou compagnons du prophète Mohammed.

Au Maroc, tout commence au début du XXe siècle avec Taqi Eddine al Hilali, un transfuge de la confrérie tijania qui se convertit à cette idéologie considérée comme réformiste à la base (dans le sens de retour aux sources, de pureté religieuse). L’homme ira même jusqu’à publier un journal, Lissan Eddine (La voix de la religion) en 1946 et se consacrera exclusivement à la daâwa (prédication) dans une mosquée casablancaise jusqu’à sa mort.

 

De Allal El Fassi Ă  Maghraoui

Le salafisme marocain sera traversé par différents courants plus ou moins différents mais tous liés à la conjoncture politique de l’époque. Il y a eu tout d’abord le salafisme réformateur apparu au XIXe siècle sous l’impulsion du cheikh égyptien Mohamed Abdou et du cheikh syrien Al Kawakibi.

Celui-ci avait pour objectif de contrer le colonialisme et le sous-dĂ©veloppement du monde arabe, en prĂ´nant le retour aux sources de la grandeur musulmane. C’est de cette voie dont se revendique le « salafisme nationaliste » propre au Royaume.  PrĂ´nĂ© par le nationaliste Allal El Fassi, il deviendra par la suite le socle de l’idĂ©ologie du parti de l’Istiqlal. « Ce salafisme s’est adaptĂ© Ă  la modernitĂ© qu’il n’a jamais rejetĂ©e », explique Darif.

Ensuite, il y a eu le wahhabisme qui avait un caractère missionnaire à travers la prédication, et qui allait se propager d’autant plus facilement avec l’aide des pétrodollars de la monarchie saoudienne. Au Maroc, c’est le cheikh Maghraoui, disciple de Taqi Eddine al Hilali, qui en deviendra le chantre jusqu’à nos jours, sans jamais être inquiété, même lors de la campagne d’arrestations qui a suivi les attentats survenus à Casablanca le 16 mai 2003.

Car « à la base, le salafisme est un mouvement dépolitisé, une science religieuse qui s’est toujours montrée hostile aux élections, aux partis politiques et à la démocratie qui divisent selon eux la Oumma. Pour ses disciples, les décisions doivent être prises par "ahl el aql", les notables. Ils ne se heurtent donc pas au pouvoir en place », explique Darif.

 

« Islamiser la modernité »

C’est sur le terrain sociétal que le salafisme wahhabite s’illustre avec son refus de l’égalité hommes-femmes, le rigorisme dans les rapports sociaux, le recours aux châtiments corporels…

Dans L’Islamisme marocain : entre rĂ©volution et intĂ©gration in archives de sciences sociales des religions, l’universitaire Abdessamad Dialmy explique la diffĂ©rence fondamentale  entre le salafisme nationaliste et le wahhabisme . « Contrairement au salafisme rĂ©formiste de Allal Al Fassi, d’origine citadine et bourgeoise, qui vise Ă  moderniser l’islam, le salafisme wahhabite de Taqi Eddine al Hilali vise Ă  islamiser la modernitĂ©.

D’origine bédouine, ce second salafisme est pur et dur. Il ignore "magiquement" la puissance de l’Occident, tandis que le premier reconnaît cette puissance et essaie de composer avec elle. » Cela étant, les deux courants majeurs de la Salafia ne représentaient pour le Makhzen aucun danger à l’époque, bien au contraire.

L’Etat aidera indirectement ces mouvements à prendre racine dans la société. « De l’indépendance à 1979, le régime va favoriser toutes les formes d’actions religieuses pour contrer l’idéologie nassérienne et gauchiste, puis instrumentalisera politiquement le wahhabisme à partir des années 1980 pour contrer la révolution iranienne chiite », rappelle Mohamed Darif.

 

De la daâwa au jihad

Le salafisme wahhabite était perçu dans un premier temps comme un moindre mal, voire un rempart contre les idées subversives. Mais cela n’allait pas durer avec l’émergence du « salafisme jihadiste ».

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, le soutien des autoritĂ©s saoudiennes Ă  l’armĂ©e amĂ©ricaine dans la guerre contre l’Irak Ă©tait perçu par certains salafistes comme une abomination qui contredit l’essence mĂŞme du salafisme. 

Un des porte-étendards de cette pensée, cheikh Mohamed Ibn Saleh al-Otheimine n’avait-il pas interdit de « féliciter les mécréants – juifs et chrétiens notamment – durant leurs fêtes religieuses » ? Que dire alors de la présence « des impies » sur le sol du royaume saoudien venus combattre leurs propres « frères » en Irak ? La question divisa les salafistes, et a vu éclore la « salafia jihadia » qui délégitimait le pouvoir en place et appelait au jihad , à la guerre sainte.

En face, perduraient les « salafistes traditionnels » restés fidèles à la famille régnante saoudienne. C’est de cette école dissidente dont sont issus les chioukhs libérés dernièrement par grâce royale. D’ailleurs, Fizazi et Haddouchi, qui font partie de la première génération, puis Kettani et Abu Hafs, plus jeunes, étaient tous à la base des disciples de… Maghraoui, resté fidèle, lui, au salafisme traditionnel.

Zakaria Choukrallah

***

Mohamed Maghraoui

Le wahhabite de service

En 2008, sa fameuse fatwa sur « les filles de neuf ans qui sont aussi aptes au mariage que celles de vingt ans et plus » avait provoqué un profond émoi et lui avait valu les foudres des associations de défense des droits de l’homme et de la presse internationale.

Les rĂ©actions en chaĂ®ne avaient Ă©tĂ© suivies d’une condamnation par le Conseil supĂ©rieur des oulĂ©mas (prĂ©sidĂ© par le roi Mohammed VI) et l’ouverture d’une enquĂŞte par le procureur du roi Ă  Rabat. 

Sous la pression, les autorités marocaines avaient fini par fermer les écoles coraniques et désactiver le site Internet de Mohamed Maghraoui. Avec la bénédiction de Hassan II, ce théologien de forte inspiration wahhabite avait réussi, à coups de pétrodollars, à mettre sur pied une cinquantaine de « maisons coraniques » disséminées dans tout le Royaume.

A.E.A.

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N°160 : Ecoles privĂ©es : El Ouafa s'en va-t-en guerre  
N°159 : Ex-prisonniers du Polisario : Voyage au bout de l’enfer  
N°158 : RentrĂ©e sociale :  Les syndicats pointent une concertation en trompe l'oeil
N°157 : Binationaux : J’ai deux amours...  
N°155 : Emigration : Entre rĂŞve et dĂ©sillusion 
N°154 : MRE : Ils sont rentrĂ©s, ils ont rĂ©ussi  
N°153 : 50 Marocains Ă  la conquĂŞte du monde 
N°152 : Mohammed VI : StratĂ©gie gagnante 
N°151 : Economie 2000-2012 : le grand virage 
N°150 : Ramadan : Le pĂ©ril jeĂ»ne  
N°149 : OĂą s’amuser cet Ă©tĂ© 
N°148 : Couples mixtes : Amours sans frontières  
N°147 : Pourquoi ne peut-on plus voir le nu en peinture ? 
N°146 : La dĂ©ferlante des malls 
N°145 : Quand le Maroc Ă©tait amĂ©ricain 
N°144 : L’universitĂ© se privatise 
N°143 : Cheikh Maghraoui :  Cet homme est dangereux
N°142 : Affaire Benallou :  Une nouvelle bombe Ă  retardement
N°141 : Etre Noir au Maroc 
N°140 : Faut-il abandonner le français ? 
N°139 : Entretien avec Hamid Benalfdil : DG du CRI du Grand Casablanca.
N°138 : Le sexe au temps du cĂ©libat 
N°137 : ONG: La face cachĂ©e de la sociĂ©tĂ© civile
N°136 : Le modèle turc : Mythe ou rĂ©alitĂ© ?
N°135 : Caisse marocaine des retraites : La bombe Ă  retardement
N°134 : Qui a tuĂ© Amina ? 
N°133 : Moralisation de la vie publique : Le spectre de la campagne d’assainissement plane
N°132 : DĂ©linquance :  Le Maroc a peur
N°131 : 14 femmes  pour Benkirane
N°130 : Le rĂ©veil des salafistes  Demain la charia ?
N°129 : Dilapidation des deniers publics:  Benallou et l'ONDA... pour commencer
N°128 : DSK   Le marocain
N°127 : Conservation foncière : pièges, magouilles, corruption
N°126 : Les enfants perdus  de Casablanca
N°125 : PJD  Les rois du marketing
N°124 : Le 20-FĂ©vrier s'essoufle...  mais le Maroc bouillonne
N°123 : Protectorat,   Cent ans sans solitude
N° 122 : Formation du gouvernement,  Ca coince et ca grince
N°121 : Portables, Internet, documents biomĂ©triques…  Flicage, mode d’emploi
N° 120 : Sondage exclusif :  Benkirane, Monsieur 82%
N°119 : Pourquoi le Maroc ne sera pas   islamiste
N°118 : Mohammed VI versus al-Assad,   Au nom du père
N°117 : Gouvernement :   Cabinets ministĂ©riels, de l’ombre Ă  la lumière
N°116 : Plan social :  les sacrifiĂ©s de la RAM
N°115 : Coup d’Etat :   Skhirat, L’histoire du putsch revue et corrigĂ©e
N°114 : Politique fiction  Et le gagnant est ...
N°113 : Le dernier combat de   Mohamed Leftah
N°112 : Portrait Abdelbari Zemzmi
N°111 : Harcèlement sexuel et moral  Un sport national
N°110 : Bilan  Le code de la dĂ©route
N° 109 : L’ONDA  Grosses tensions et petites combines
N°108 : Placements Comment sauvegarder son patrimoine  
N°107 : ImpĂ´t sur la fortune El Fassi lance un pavĂ© dans la mare  
N° 106 : Interview 
N° 104/105 : Presse Ă©trangère/Maroc Le grand malentendu  
N°103 : Le temps de l’amazigh  
actuel 102 : RĂ©fĂ©rendum Ecrasante victoire du Oui  
actuel 101 : FatĂ©ma Oufkir : Le roi et moi 
N°100 : 100 indignations et 100 solutions pour le Maroc 
N°99 : Projet constitutionnel Le roi et nous  
N° 98 : PĂ©dophilie  : Tolerance zero 
N° 97 : Gad, Jamel & co Pourquoi les Marocains font rire le monde
N° 96 : L’horreur carcĂ©rale 
N° 95 : Enseignement privĂ© : Le piège  
Actuel n°94 : Moi, Adil, 25 ans, marchand de chaussures et terroriste  
N°93 : Ces cliniques qui nous ruinent 
Actuel n°92 : RĂ©volutions et attentats Sale temps pour Zenagui 
Actuel n°92 : Mais que veulent les jeunes ? 
Actuel n°92 : Il n’y pas que le 20-FĂ©vrier…  
Actuel n°92 : Qui cherche Ă  dĂ©stabiliser le pays ?  
Actuel n°92 : Â«â€‰Nos attentes sont plus grandes que le 20-FĂ©vrier »  
Actuel n°92 : Trois jeunesses 
Actuel n°92 : Attentat : Le jeudi noir de la ville ocre  
Actuel n°91 : Le grand nettoyage 
Actuel n°90 : Le retour des adlistes 
Actuel n°89 : Ruby : sexe, mensonges et vidĂ©o 
Actuel n°88 : ImpĂ´ts : Halte Ă  la fraude 
Actuel n°87 : Hassan II TV c’est fini 
Actuel n°86 : Marine Le Pen : L’islam, les Arabes et moi 
Actuel n°85 : Vive le Maroc libre 
Actuel n°84 : Rumeurs, intox : Ă  qui profite le crime ? 
Actuel n°83 : ET MAINTENANT ? Une marche pour la dĂ©mocratie
Actuel n°81 : Sale temps pour les tyrans 
Actuel N°72 : Aquablanca : La faillite d’un système  
Actuel n°69-70 : Benguerir sur les traces de Settat 
Actuel n°68 : Art, sexe et religion : le spectre de la censure 
Actuel n°67 : Dans les entrailles de Derb Ghallef 
Actuel n°66 : Ces FQIHS pour VIP 
Actuel n°65 : RNI, le grand politic show 
Actuel n°64 : Bourse de Casablanca, des raisons d’espĂ©rer 
Actuel n°63 : Ex-ministres :  y a-t-il une vie après le pouvoir ?
Actuel n°62 : Le code de la route expliquĂ© par Ghellab
Actuel n°61 : La vie sexuelle des Saoudiennes… racontĂ©e par une Marocaine
Actuel n°60 : Chikhates, shit et chicha 
N°59 : Eric Gerets, la fin du suspense ?
N°58 : Onze ans, onze projets 
N°57 : Raid sur le kif 
N°56 : Sea, Sun & Ramadan 
N°55 : Casablanca, mais qui est responsable de cette pagaille ?
N°54 : Ces ex-gauchistes qui nous gouvernent 
N°53 : Au cĹ“ur de la prostitution marocaine en Espagne 
N°52 : DiplĂ´mĂ©s chĂ´meurs : le gouvernement pris au piège
N°51 : 2M : Succès public, fiasco critique
N°50 : L’amĂ©rique et nous 
N°49 : Crise, le Maroc en danger ?
N°48 : Les 30 Rbatis qui comptent 
N°47 : Pourquoi El Fassi doit partir 
N°46 : Chirurgie esthĂ©tique :  plus belle, tu meurs
N°45 : McKinsey dans la ligne de mire  
N°44 : Trafic sur les biens des Ă©trangers 
N°43 : Avec les Ă©vadĂ©s de Tindouf 
N°42 : GCM / Tamesna : Un scandale en bĂ©ton !
N°41 : ONA - SNI: Ils ont osĂ©
N°40 : Enseignement: Missions Ă  tout prix
N°39 : Le Maroc, terre d'accueil des espions 
N°38 : Bleu Blanc Beurk 
N°37 : Boutchichis Les francs-maçons du Maroc
N°36 : Hamid Chabat rĂ©veille les vieux dĂ©mons
N°35 : Vies brisĂ©es 
N°34 : Maires Ceux qui bossent et ceux qui bullent
N°33 : Botola Combien gagnent nos joueurs
N°32 : Sexe, alcool, haschich, jeux… Les 7 vices des Marocains
N°31 : Tanger Le dossier noir des inondations
 
 
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