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L’universitĂ© se privatise 
actuel n°144, vendredi 1 juin 2012
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L’université marocaine se tourne vers le privé et dispense des formations plus pointues, payantes, mais qui ne sont pas reconnues par le secteur public. Pour certains intervenants du secteur, l’université délaisse sa mission principale et joue dans une cour qui n’est pas la sienne. Et le grand perdant reste, bien sûr, l’étudiant.


Le Bac + 3 universitaire ne vaut pratiquement rien sur le marchĂ© de l’emploi. Aujourd’hui  on parle master. C’est-Ă -dire un Bac + 5. Vrai ou faux, peu importe. Une chose est sĂ»re, les Ă©tudiants des universitĂ©s sont presque tous convaincus que le seul diplĂ´me de licence ne les fera pas accĂ©der au marchĂ© de l’emploi. D’ailleurs mĂŞme au sein des associations de diplĂ´mĂ©s chĂ´meurs, les licenciĂ©s sont mal vus. RĂ©sultat : les universitĂ©s ont entamĂ© leur mue, en s’adaptant Ă  la demande grandissante des masters salvateurs. L’on met alors en place une offre de masters payants dans les facultĂ©s. Pour les plus conservateurs, le dogme de la gratuitĂ© est brisĂ© et la qualitĂ© de l’enseignement risque de se dĂ©grader davantage. Quant aux optimistes, il se fĂ©licitent de voir les filières traditionnelles cĂ©der la place Ă  de nouvelles plus pointues et forcĂ©ment plus demandĂ©es. Logistique, marketing, banque-finance, ressources humaines, audit… tout un Ă©ventail de filières en master est offert aux candidats Ă  raison d’une participation financière, de 30 Ă  40 000  dirhams l’annĂ©e en moyenne, choquant au passage bon nombre d’universitaires et d’étudiants : les irrĂ©ductibles dĂ©fenseurs de la gratuitĂ© de l’école publique.

« Je n’enseigne pas dans les masters privés, mais je sais que certains professeurs ont lancé de véritables cycles supérieurs, tandis qu’il y a des facultés qui ne font que du business », confie Rachid Filali Meknassi, professeur de droit à l’université de Rabat, par ailleurs secrétaire général de Transparency Maroc. Cet universitaire saura certes faire la différence entre vraies formations et fausse publicité. Mais les étudiants, eux, n’ont aucun repère. Les plus naïfs sont allés même jusqu’à payer une formation pendant deux ans et découvrir au final que leur diplôme ne valait pas un master. Et si les facultés n’ont pas une communication optimale, il n’en reste pas moins que les notions de master, diplôme universitaire, diplôme professionnel… restent à expliquer. Il faut tout reprendre à zéro. Vraiment à zéro.

 

Pas d’autonomie, autonomie, trop d’autonomie ?

Voulant être dans l’air du temps, les universités mettent de plus en plus à profit les marges de manœuvre établies par la Charte nationale de l’éducation 01-00 qui consacre l’autonomie financière de l’université. « La création de ces masters est tout à fait légale en vertu de cette charte. Et l’université ne fait pas du business. Les frais d’inscription compensent un budget très maigre qui ne nous permet de rien faire », confie le responsable d’un master privé à l’université de Tanger. « Ces frais permettent notamment à la faculté de prendre en charge les vacations des professionnels et des professeurs visiteurs (étrangers) qui participent à l’animation pédagogique, et ce, pour garantir la qualité des études », explique-t-il. Cette tendance de plus en plus à la mode sonne, pour certains, le glas de la fin de la gratuité. « Parfois des masters privés viennent reprendre le même contenu des masters publics déjà existants. Ce qui peut se répercuter très négativement sur la qualité de l’enseignement », nous explique en off un professeur d’économie à Rabat.

Dans ce cas, la formation peut ressembler à du business. Mais ce n’est pas le cas de toutes les universités. « Des masters privés en droit, c’est de la folie. Cela n’a aucun sens », confie un étudiant dépité. Malgré cela la « clientèle » (étudiants et parents) est prête à payer les études lorsqu’elle est convaincue du potentiel d’employabilité des filières et de leur qualité. « Au-delà de la polémique, ces formations sont d’une grande utilité et renforcent l’employabilité de l’étudiant », estime Hammad Kassal, économiste et chef d’entreprise. Mais ce manager change rapidement de ton quand il déplore « l’absence totale de coordination entre les universités et l’entreprise ». Sur le portail officiel Jamiati.ma, qui regroupe toute l’offre des universités du Royaume, on peut lire ceci : « La course sans fin à laquelle se livrent les entreprises, et la concurrence exacerbée à laquelle elles sont soumises, exigent la mise à niveau permanente de leur personnel et la valorisation constante de leurs ressources humaines. Les universités sont bien placées pour satisfaire cette attente et répondre à ce besoin. » Faux. Du moins de l’avis des recruteurs que l’on a pu contacter. « Les facultés lancent ces formations payantes pour les entreprises. Pourtant, elles ne nous consultent jamais. C’est paradoxal », s’exclame Kassal. Ceci est très grave. En cause, un véritable blocage des mentalités. Beaucoup d’universitaires vivent dans un univers mental où le chef de l’entreprise est perçu comme un vampire qui suce le sang de ses employés. De l’autre côté, les patrons regardent les universitaires comme des théoriciens baratineurs. « Cela étant, les professeurs universitaires donnent des cours dans des écoles privées en même temps », précise non sans ironie Kassal.

 

Formations à la carte : ce n’est pas pour demain !

Sous d’autres cieux, comme en Turquie, les universités sont passées à ce que l’on appelle les « masters à la commande ». Une formation à la carte dont le contenu est décidé de concert entre l’université et l’employeur. Cela n’a pas encore commencé au Maroc. Dans le privé, Al Akhawayn est pionnière. « Le Maroc ayant de plus en plus besoin d’ingénieurs en la matière, la Fédération de l’industrie aéronautique a signé une convention avec l’université pour une formation de recyclage des diplômés en physique durant une année », confie ce professeur à l’université d’Ifrane.

Une formation « à la carte » qui disparaîtra quand le besoin sera comblé.

L’autre reproche adressé à nos masters, en particulier privés, c’est la sélection arbitraire. Hammad Kassal s’insurge contre cet état des lieux. « Un master n’est pas une formation de deux ans après la licence pour trouver un job ! C’est un complément de formation adressé aux professionnels qui ont au moins deux années d’activité dans un secteur donné », tient-il à préciser. Mais la réalité est tout autre. La décision de Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de rendre la présence obligatoire aux cours des masters, et de ne pas faire d’équivalence entre masters publics et privés (appelés diplômes universitaires), met un peu d’ordre dans ce sens. Auparavant, les fonctionnaires de l’Etat se ruaient vers ces masters privés – dont l’accès est relativement plus simple – pour décrocher un diplôme aisement et obtenir une promotion sur titre. Il n’en est plus question. A présent, seuls les salariés du privé s’intéressent à ces « formations continues ». Adil Boussofa est étudiant en cycle supérieur à l’Ecole nationale de commerce et de gestion, relevant de l’université de Tanger. Il paie 40 000 dirhams pour son diplôme universitaire « Management en administration des affaires (MAA) ».

 

Crise d’identité

La formation est disponible en deux formules : cadres et étudiants. Les premiers étudient les week-end uniquement à raison de 8 heures par semaine, tandis que les étudiants, qui paient 5 000 dirhams de moins, ont cours toute la semaine. Pourtant, le diplôme est le même à la fin du cursus. Et cet exemple est loin d’être le seul. Des « masters » similaires sont légion et ils partagent les mêmes problèmes. A leur tête, « l’incompétence de certains professeurs », comme nous le confirme un étudiant au MAA. « Certains professeurs enseignent des modules pour la première fois et ne les maîtrisent pas. D’autres n’ont tout simplement pas l’étoffe », explique cet étudiant. Mais les étudiants tiennent quand même à ces formations. « On peut être augmenté dans notre travail, mais ce n’est pas sûr et si c’est le cas, ce sera beaucoup moins important qu’une augmentation qu’aurait un fonctionnaire du public avec un master reconnu », déplore Adil.

Le système universitaire au Maroc est particulier. On sait qu’il est inefficace, mais maintenant il devient hybride et perd de plus en plus son identité. Faire des masters payants, c’est aussi aller chasser sur le terrain du voisin. C’est-à-dire celui des écoles privées. Aujourd’hui, les universités forment « spécialement » pour le privé. Preuve en est que les diplômes universitaires payants ne sont pas reconnus par l’Etat. « En tant que recruteur, je me fous que le diplôme soit reconnu ou pas. Ce qui m’intéresse, ce sont les compétences acquises par le candidat », explique Hammad Kassal. Quid alors des formations gratuites ? Elles sont reconnues par l’Etat et nourrissent auprès de nombre d’étudiants le « Moroccan dream » de la fonction publique où l’on chôme à volonté. « L’université se départit de son rôle. Pour résoudre la crise du chômage, elle propose des formations privées et préparent les étudiants sans moyens à rejoindre les fameuses tansiquiyat (coordinations) des diplômés chômeurs », nous dit en off un professeur à Rabat. Pour notre interlocuteur, il est peut-être temps de revoir de fond en comble le système de la gratuité de l’enseignement. Tout payer ou ne rien payer.

Ali Hassan Eddehbi

L’université marocaine se tourne vers le privé et dispense des formations plus pointues, payantes, mais qui ne sont pas reconnues par le secteur public. Pour certains intervenants du secteur, l’université délaisse sa mission principale et joue dans une cour qui n’est pas la sienne. Et le grand perdant reste, bien sûr, l’étudiant.


Le Bac + 3 universitaire ne vaut pratiquement rien sur le marchĂ© de l’emploi. Aujourd’hui  on parle master. C’est-Ă -dire un Bac + 5. Vrai ou faux, peu importe. Une chose est sĂ»re, les Ă©tudiants des universitĂ©s sont presque tous convaincus que le seul diplĂ´me de licence ne les fera pas accĂ©der au marchĂ© de l’emploi. D’ailleurs mĂŞme au sein des associations de diplĂ´mĂ©s chĂ´meurs, les licenciĂ©s sont mal vus. RĂ©sultat : les universitĂ©s ont entamĂ© leur mue, en s’adaptant Ă  la demande grandissante des masters salvateurs. L’on met alors en place une offre de masters payants dans les facultĂ©s. Pour les plus conservateurs, le dogme de la gratuitĂ© est brisĂ© et la qualitĂ© de l’enseignement risque de se dĂ©grader davantage. Quant aux optimistes, il se fĂ©licitent de voir les filières traditionnelles cĂ©der la place Ă  de nouvelles plus pointues et forcĂ©ment plus demandĂ©es. Logistique, marketing, banque-finance, ressources humaines, audit… tout un Ă©ventail de filières en master est offert aux candidats Ă  raison d’une participation financière, de 30 Ă  40 000  dirhams l’annĂ©e en moyenne, choquant au passage bon nombre d’universitaires et d’étudiants : les irrĂ©ductibles dĂ©fenseurs de la gratuitĂ© de l’école publique.

« Je n’enseigne pas dans les masters privés, mais je sais que certains professeurs ont lancé de véritables cycles supérieurs, tandis qu’il y a des facultés qui ne font que du business », confie Rachid Filali Meknassi, professeur de droit à l’université de Rabat, par ailleurs secrétaire général de Transparency Maroc. Cet universitaire saura certes faire la différence entre vraies formations et fausse publicité. Mais les étudiants, eux, n’ont aucun repère. Les plus naïfs sont allés même jusqu’à payer une formation pendant deux ans et découvrir au final que leur diplôme ne valait pas un master. Et si les facultés n’ont pas une communication optimale, il n’en reste pas moins que les notions de master, diplôme universitaire, diplôme professionnel… restent à expliquer. Il faut tout reprendre à zéro. Vraiment à zéro.

 

Pas d’autonomie, autonomie, trop d’autonomie ?

Voulant être dans l’air du temps, les universités mettent de plus en plus à profit les marges de manœuvre établies par la Charte nationale de l’éducation 01-00 qui consacre l’autonomie financière de l’université. « La création de ces masters est tout à fait légale en vertu de cette charte. Et l’université ne fait pas du business. Les frais d’inscription compensent un budget très maigre qui ne nous permet de rien faire », confie le responsable d’un master privé à l’université de Tanger. « Ces frais permettent notamment à la faculté de prendre en charge les vacations des professionnels et des professeurs visiteurs (étrangers) qui participent à l’animation pédagogique, et ce, pour garantir la qualité des études », explique-t-il. Cette tendance de plus en plus à la mode sonne, pour certains, le glas de la fin de la gratuité. « Parfois des masters privés viennent reprendre le même contenu des masters publics déjà existants. Ce qui peut se répercuter très négativement sur la qualité de l’enseignement », nous explique en off un professeur d’économie à Rabat.

Dans ce cas, la formation peut ressembler à du business. Mais ce n’est pas le cas de toutes les universités. « Des masters privés en droit, c’est de la folie. Cela n’a aucun sens », confie un étudiant dépité. Malgré cela la « clientèle » (étudiants et parents) est prête à payer les études lorsqu’elle est convaincue du potentiel d’employabilité des filières et de leur qualité. « Au-delà de la polémique, ces formations sont d’une grande utilité et renforcent l’employabilité de l’étudiant », estime Hammad Kassal, économiste et chef d’entreprise. Mais ce manager change rapidement de ton quand il déplore « l’absence totale de coordination entre les universités et l’entreprise ». Sur le portail officiel Jamiati.ma, qui regroupe toute l’offre des universités du Royaume, on peut lire ceci : « La course sans fin à laquelle se livrent les entreprises, et la concurrence exacerbée à laquelle elles sont soumises, exigent la mise à niveau permanente de leur personnel et la valorisation constante de leurs ressources humaines. Les universités sont bien placées pour satisfaire cette attente et répondre à ce besoin. » Faux. Du moins de l’avis des recruteurs que l’on a pu contacter. « Les facultés lancent ces formations payantes pour les entreprises. Pourtant, elles ne nous consultent jamais. C’est paradoxal », s’exclame Kassal. Ceci est très grave. En cause, un véritable blocage des mentalités. Beaucoup d’universitaires vivent dans un univers mental où le chef de l’entreprise est perçu comme un vampire qui suce le sang de ses employés. De l’autre côté, les patrons regardent les universitaires comme des théoriciens baratineurs. « Cela étant, les professeurs universitaires donnent des cours dans des écoles privées en même temps », précise non sans ironie Kassal.

 

Formations à la carte : ce n’est pas pour demain !

Sous d’autres cieux, comme en Turquie, les universités sont passées à ce que l’on appelle les « masters à la commande ». Une formation à la carte dont le contenu est décidé de concert entre l’université et l’employeur. Cela n’a pas encore commencé au Maroc. Dans le privé, Al Akhawayn est pionnière. « Le Maroc ayant de plus en plus besoin d’ingénieurs en la matière, la Fédération de l’industrie aéronautique a signé une convention avec l’université pour une formation de recyclage des diplômés en physique durant une année », confie ce professeur à l’université d’Ifrane.

Une formation « à la carte » qui disparaîtra quand le besoin sera comblé.

L’autre reproche adressé à nos masters, en particulier privés, c’est la sélection arbitraire. Hammad Kassal s’insurge contre cet état des lieux. « Un master n’est pas une formation de deux ans après la licence pour trouver un job ! C’est un complément de formation adressé aux professionnels qui ont au moins deux années d’activité dans un secteur donné », tient-il à préciser. Mais la réalité est tout autre. La décision de Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de rendre la présence obligatoire aux cours des masters, et de ne pas faire d’équivalence entre masters publics et privés (appelés diplômes universitaires), met un peu d’ordre dans ce sens. Auparavant, les fonctionnaires de l’Etat se ruaient vers ces masters privés – dont l’accès est relativement plus simple – pour décrocher un diplôme aisement et obtenir une promotion sur titre. Il n’en est plus question. A présent, seuls les salariés du privé s’intéressent à ces « formations continues ». Adil Boussofa est étudiant en cycle supérieur à l’Ecole nationale de commerce et de gestion, relevant de l’université de Tanger. Il paie 40 000 dirhams pour son diplôme universitaire « Management en administration des affaires (MAA) ».

 

Crise d’identité

La formation est disponible en deux formules : cadres et étudiants. Les premiers étudient les week-end uniquement à raison de 8 heures par semaine, tandis que les étudiants, qui paient 5 000 dirhams de moins, ont cours toute la semaine. Pourtant, le diplôme est le même à la fin du cursus. Et cet exemple est loin d’être le seul. Des « masters » similaires sont légion et ils partagent les mêmes problèmes. A leur tête, « l’incompétence de certains professeurs », comme nous le confirme un étudiant au MAA. « Certains professeurs enseignent des modules pour la première fois et ne les maîtrisent pas. D’autres n’ont tout simplement pas l’étoffe », explique cet étudiant. Mais les étudiants tiennent quand même à ces formations. « On peut être augmenté dans notre travail, mais ce n’est pas sûr et si c’est le cas, ce sera beaucoup moins important qu’une augmentation qu’aurait un fonctionnaire du public avec un master reconnu », déplore Adil.

Le système universitaire au Maroc est particulier. On sait qu’il est inefficace, mais maintenant il devient hybride et perd de plus en plus son identité. Faire des masters payants, c’est aussi aller chasser sur le terrain du voisin. C’est-à-dire celui des écoles privées. Aujourd’hui, les universités forment « spécialement » pour le privé. Preuve en est que les diplômes universitaires payants ne sont pas reconnus par l’Etat. « En tant que recruteur, je me fous que le diplôme soit reconnu ou pas. Ce qui m’intéresse, ce sont les compétences acquises par le candidat », explique Hammad Kassal. Quid alors des formations gratuites ? Elles sont reconnues par l’Etat et nourrissent auprès de nombre d’étudiants le « Moroccan dream » de la fonction publique où l’on chôme à volonté. « L’université se départit de son rôle. Pour résoudre la crise du chômage, elle propose des formations privées et préparent les étudiants sans moyens à rejoindre les fameuses tansiquiyat (coordinations) des diplômés chômeurs », nous dit en off un professeur à Rabat. Pour notre interlocuteur, il est peut-être temps de revoir de fond en comble le système de la gratuité de l’enseignement. Tout payer ou ne rien payer.

Ali Hassan Eddehbi

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Le droit Ă  la formation


Une circulaire de Lahcen Daoudi, en date du 10 avril dernier, contraignant les fonctionnaires à respecter l’obligation d’assiduité à leur poste, a provoqué une véritable levée de boucliers. La polémique tend à prendre une dimension constitutionnelle. Les fonctionnaires, désireux d’user leurs culottes sur les bancs des amphithéâtres pour décrocher un master, pointent du doigt une violation du droit à la formation, garanti par la Constitution. Ce problème n’aurait pas eu lieu si le ministère de tutelle avait été clair sur la question de l’assiduité dès le départ. Désormais, les fonctionnaires qui souhaitent poursuivre leurs études n’ont pas d’autre solution que de demander une mise en disponibilité (congé sans solde) à leur administration.

 

***

 

Top 5. Les masters qui ont la cĂ´te

 

Envie d’une formation universitaire qui paie ? actuel a listé quelques-unes parmi les formations les plus en vogue du moment. Leur particularité, qu’elles soient publiques ou payantes, c’est qu’elles ont été initiées en partenariat avec les secteurs professionnels concernés, et elles ciblent également un public restreint. Le taux d’employabilité y est parmi les plus élevés.

 

Banques et marchés

Lancé à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan II de Casablanca, en partenariat avec Attijariwafa bank et l’université de Cantabria de Santander. La formation s’étale sur deux ans.

Les lauréats pourront prétendre occuper des postes dans les départements Risques des banques, comme ils peuvent travailler au sein des sociétés de Bourse. Le master est une version adaptée du programme enseigné à l’université Cantabria. Pour mieux coller aux réalités professionnelles, la direction technique est assurée par Attijariwafa bank (AWB).

 

Droit des assurances

Le master en droit des assurances a été lancé à la faculté de Rabat, en collaboration avec la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurances (FMSAR). L’objectif est de former des cadres supérieurs en matière d’assurances pour les entreprises d’assurances, les cabinets d’assurances (agents, courtiers) et les organismes professionnels, et de former des gestionnaires du risque... Chaque année, les lauréats de la promotion sont assurés d’intégrer rapidement une compagnie d’assurances.

 

Sciences criminelles

Assuré par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan II de Casablanca, le master a été mis en place avec la collaboration de la Direction générale de la Sûreté nationale. Les cours sont assurés aussi bien par des experts locaux qu’internationaux.

Objectif : faciliter l’accès des étudiants aux statistiques et aux informations concernant des affaires criminelles qui peuvent servir à leurs travaux de recherche. Parmi les lauréats, Mohamed Fikri, bodygard personnel de Mohammed VI.

 

Management de la logistique

Formation de la faculté de droit et d’économie de Casablanca, le master offre une diplômation publique nationale, en partenariat avec l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), la Faculté des sciences et l’Ecole supérieure de technologie de Casablanca. L’objectif est de former des supply chain managers capables de piloter et d’optimiser la chaîne logistique globale, la logistique des achats, la logistique de production et la logistique de distribution.

 

Expertise en microfinance

Lancé en partenariat avec Planet Finance Maroc, association d’aide au microcrédit, le master forme les étudiants aux concepts et bonnes pratiques de la microfinance.

Les débouchés sont nombreux : banques, bureaux d’études, organismes de formation et d’assistance technique spécialisés en microfinance.

p style="text-align: justify;">Le droit Ă  la formation

 


Une circulaire de Lahcen Daoudi, en date du 10 avril dernier, contraignant les fonctionnaires à respecter l’obligation d’assiduité à leur poste, a provoqué une véritable levée de boucliers. La polémique tend à prendre une dimension constitutionnelle. Les fonctionnaires, désireux d’user leurs culottes sur les bancs des amphithéâtres pour décrocher un master, pointent du doigt une violation du droit à la formation, garanti par la Constitution. Ce problème n’aurait pas eu lieu si le ministère de tutelle avait été clair sur la question de l’assiduité dès le départ. Désormais, les fonctionnaires qui souhaitent poursuivre leurs études n’ont pas d’autre solution que de demander une mise en disponibilité (congé sans solde) à leur administration.

 

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Top 5. Les masters qui ont la cĂ´te

 

Envie d’une formation universitaire qui paie ? actuel a listé quelques-unes parmi les formations les plus en vogue du moment. Leur particularité, qu’elles soient publiques ou payantes, c’est qu’elles ont été initiées en partenariat avec les secteurs professionnels concernés, et elles ciblent également un public restreint. Le taux d’employabilité y est parmi les plus élevés.

 

Banques et marchés

Lancé à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan II de Casablanca, en partenariat avec Attijariwafa bank et l’université de Cantabria de Santander. La formation s’étale sur deux ans.

Les lauréats pourront prétendre occuper des postes dans les départements Risques des banques, comme ils peuvent travailler au sein des sociétés de Bourse. Le master est une version adaptée du programme enseigné à l’université Cantabria. Pour mieux coller aux réalités professionnelles, la direction technique est assurée par Attijariwafa bank (AWB).

 

Droit des assurances

Le master en droit des assurances a été lancé à la faculté de Rabat, en collaboration avec la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurances (FMSAR). L’objectif est de former des cadres supérieurs en matière d’assurances pour les entreprises d’assurances, les cabinets d’assurances (agents, courtiers) et les organismes professionnels, et de former des gestionnaires du risque... Chaque année, les lauréats de la promotion sont assurés d’intégrer rapidement une compagnie d’assurances.

 

Sciences criminelles

Assuré par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan II de Casablanca, le master a été mis en place avec la collaboration de la Direction générale de la Sûreté nationale. Les cours sont assurés aussi bien par des experts locaux qu’internationaux.

Objectif : faciliter l’accès des étudiants aux statistiques et aux informations concernant des affaires criminelles qui peuvent servir à leurs travaux de recherche. Parmi les lauréats, Mohamed Fikri, bodygard personnel de Mohammed VI.

 

Management de la logistique

Formation de la faculté de droit et d’économie de Casablanca, le master offre une diplômation publique nationale, en partenariat avec l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), la Faculté des sciences et l’Ecole supérieure de technologie de Casablanca. L’objectif est de former des supply chain managers capables de piloter et d’optimiser la chaîne logistique globale, la logistique des achats, la logistique de production et la logistique de distribution.

 

Expertise en microfinance

Lancé en partenariat avec Planet Finance Maroc, association d’aide au microcrédit, le master forme les étudiants aux concepts et bonnes pratiques de la microfinance.

Les débouchés sont nombreux : banques, bureaux d’études, organismes de formation et d’assistance technique spécialisés en microfinance.


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Interview

Lahcen Daoudi : « Nous n’avons plus d’argent ! »

 

Une interview, sans langue de bois, d’un ministre effaré par l’état des lieux de l’enseignement supérieur. Mais qui croit encore à l’action politique ? Bon courage !

Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, lance une opération mains propres au niveau de son département. Il critique les formations privées des universités, il publie des circulaires qui fâchent… Bref il réagit, comme il peut. Son trait particulier est que contrairement au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, Daoudi affirme ne rencontrer aucune pression. Et tacle même son boss : « Aujourd’hui, un ministre ne peut plus se cacher derrière les lobbies qui ne veulent pas les réformes. S’il n’arrive pas à faire son métier il devrait démissionner. » Mais en même temps que ses opérations de transparence, Daoudi réfléchit aussi à la situation de plus en plus enlisée de l’enseignement supérieur. Est-ce irrémédiable ? Non, rétorque le ministre. Mais « il y a une incapacité à répondre à la demande ». Daoudi ne veut pas baisser les bras et dit même disposer de la recette magique. « Si ça marche, j’aurai résolu les problèmes du secteur », dit-il. Rêve ou promesse ? Difficile de faire la nuance. Et si ça ne marche pas ? Eh bien, les problèmes resteront inchangées. Pas très rassurant.

 

actuel : Les universités se lancent de plus en plus dans des formations payantes. Que pensez-vous de cette tendance ?

Lahcen Daoudi : D’abord, je tiens à préciser que ces formations ne sont pas des masters. Ce ne sont pas des diplômes nationaux, mais des diplômes universitaires (DU) non reconnus par le secteur public. Ce rappel pour dire qu’il y a eu des universités qui ont quand même délivré des DU en tant que master. Ceci est totalement illégal et frauduleux. Comment ne les a-t-on pas vu ? Mais aujourd’hui nous avons mis fin à cela.

 

Ces pratiques Ă©taient-elles courantes ?

Pas vraiment je pense, mais c’est relatif. Nous avons quinze universités. Trois ou quatre sur quinze, c’est une fréquence quand même !

Mais au-delà de cet aspect frauduleux, ces formations sont-elles opportunes ?

L’université est autonome certes, mais il faut que ces formations obéissent à certaines normes. Dans certaines facultés les formations payantes sont plus nombreuses que les formations délivrant des diplômes nationaux. Ce n’est pas normal. Sans encadrement, l’argent va remplacer l’excellence qui est l’essence même des masters et des formations continues. Le mélange entre les deux formations doit être bien dosé.

 

Et de quelle façon ?

Par définition, un diplôme universitaire est une formation qui dépend du tissu économique où se trouve une université donnée. Elle crée ces formations pour répondre aux besoins du marché local de l’emploi. Or ce principe de base n’est parfois pas respecté. Des masters payants en droit ou en histoire ne riment à rien à mon humble avis. Malheureusement, il y a comme une tendance à fuir les masters vers les diplômes universitaires. Je n’accepterai jamais que l’enseignement privé se fasse au détriment de l’enseignement public.

 

Ces diplômes universitaires sont très prisés par les étudiants et les cadres. Cela n’est-il pas dû à la mauvaise qualité de l’enseignement supérieur gratuit ?

Je reconnais que la qualité de l’enseignement a baissé. Les problèmes de sureffectif y sont pour beaucoup. Mais il y a aussi les problèmes pédagogiques. Je ne vois pas l’utilité du système des semestres dans une faculté de droit ou d’économie, où il y a beaucoup d’étudiants. Les absences et autres débrayages font que les quatre mois que dure un semestre ne suffisent pas. On garde le système LMD (licence, master, doctorat), mais pas les semestres. Ils sont plus adaptés aux grandes écoles… Par ailleurs, la problématique du chômage à laquelle vous faites allusion est aussi la faute de l’économie. Dans un pays à faible taux de croissance, la roue économique ne tourne pas. Forcément, le besoin n’existe pas.

 

Quid du contenu pédagogique des programmes ? N’est-il pas aussi à l’origine de l’inadéquation entre la formation dispensée et les besoins réels du marché ?

Le problème n’est pas là. Nous avons de grandes écoles publiques qui forment l’élite. Cette année, le taux de réussite dans les épreuves des grandes écoles françaises est exceptionnellement élevé chez les Marocains. Une preuve que l’enseignement public est aussi performant. Maintenant comment voulez-vous que la faculté fonctionne sans encadrement ? Nous avons une moyenne de 1 professeur pour 250 étudiants. Ils ne sont que 13 000 professeurs. C’est dix fois inférieur aux normes internationales en la matière. N’allons pas loin. En Algérie, ils ont plus de professeurs que nous. Même en Tunisie où la population représente le tiers de la nôtre. Plus loin, les étudiants ne sont pas nombreux non plus. Nous avons 480 000 étudiants contre plus d’un million en Algérie !

 

Selon vous, pourquoi dénombre-t-on aussi peu de Marocains dans l’enseignement supérieur ?

Parce que l’offre éducative est très insuffisante. Nous n’avons pas suffisamment d’écoles et celles qui existent ne sont pas déployées sur tout le territoire. Un étudiant n’ira pas forcément à une faculté qui se trouve à 200 kilomètres de chez lui ! Le Royaume n’a pas les moyens de former suffisamment de cadres. Nous avons besoin de 7 000 architectes par exemple. Comment les former et où ? Et sur combien de temps ? Nous avons une moyenne de deux techniciens pour un ingénieur tandis que la norme est de 20. Voilà un autre exemple.

 

Revenons à ce problème de sous-effectif du corps professoral. N’est-il pas temps de revoir la sélection pour l’accès aux universités ?

Tant que je n’ai pas une offre suffisante en termes de formations professionnelles, je ne peux pas fermer les portes de la faculté devant les étudiants. Croyez-moi, des étudiants brillants qui ont quinze de moyenne ne trouvent pas de place dans les grandes écoles et viennent à la faculté. Il n’y a vraiment pas de place. La chose à laquelle nous réfléchissons aujourd’hui est de mettre en place une sélection pour le passage au master. La sélection est la clé de la réussite. Sans sélection, aucun progrès ne sera fait. Parce que nous ne pouvons plus gérer le sureffectif.

 

Les lacunes sont flagrantes. N’est-ce pas une priorité d’y remédier rapidement ?

Je suis d’accord avec vous. Mais le problème est que tout est urgent et prioritaire au Maroc. Mon collègue Mohamed El Ouafa (ministre de l’Education nationale) a aussi une urgence. Il faut recruter des milliers de professeurs. Il nous faut des agents de police aussi (Paris compte plus de policiers que tout le Maroc)… il faut des médecins… le besoin est là.

Mais l’Etat n’a pas les moyens de recruter. Il est dans le besoin, mais sans argent. Si nous recrutons quand même, nous allons plonger le pays dans une spirale de surendettement et revenir au PAS (Plan d’ajustement structurel, ndlr). Il faut chercher un équilibre entre les moyens disponibles et les besoins urgents.

 

Et vous, oĂą en ĂŞtes-vous dans cet Ă©quilibre ?

C’est très difficile à réaliser. Franchement, l’Etat tout seul ne peut pas le réaliser. Le secteur de l’enseignement supérieur n’a jamais été une priorité auparavant et on manque de moyens pour tout refaire. Mais il y a un espoir dans le partenariat entre le public et le privé. Je crois en cette solution et, si elle aboutit, j’aurai résolu les problèmes de l’enseignement supérieur au Maroc.

 

C’est un rêve ou une promesse faite aux 480 000 étudiants du Maroc ?

C’est un défi. Il est très facile de fixer des objectifs à 100% réalisables et de s’exalter après. Comme promettre d’augmenter le nombre des étudiants de 30 000 d’ici cinq ans. Mais ce ne seront pas de grandes réalisations. Mon projet est de délocaliser de grandes écoles internationales au Maroc, et de faire du pays un hub de la formation supérieure dans toute la région.

 

Ce projet est-il déjà lancé ? Et quand devrait-il aboutir ?

Je ne sais pas pour le moment. Nous sommes en phase de discussion avec nos partenaires espagnols, allemands et canadiens. Il y a même les Russes qui ont montré un intérêt pour ce projet. Je vous donne un exemple. Aujourd’hui, avec les problèmes de visas et les moyens que demandent les études à l’étranger c’est de moins en moins pratique. Mon idée est de ramener « l’étranger ici ». Savez-vous que les seuls transferts des parents d’étudiants à l’étranger à leurs enfants nous coûtent 2,6 milliards de dirhams en devises ? C’est énorme !

 

Comment cela devrait-il se dérouler ?

Supposons que Polytechnique Barcelone s’installe au Maroc. L’Etat apportera le terrain. Le secteur privé s’occupera des travaux de construction, des campus, des cantines, et autres dépendances. Et le partenaire étranger s’engage à assurer un encadrement de qualité et le matériel nécessaire pour les études. Et je vous assure que beaucoup de Marocains seront prêts à payer. On attirera même les étudiants des pays voisins. Actuellement, nous ciblons les formations que nous ne pouvons pas assurer pour satisfaire tous les besoins. C’est le cas de l’architecture, de la médecine et de l’ingénierie. Quand on n’a pas d’argent, il faut savoir utiliser celui des autres !

 

Et si ce projet ne marche pas, on dira que c’en est fini de l’enseignement supérieur au Maroc ?

Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai parlé d’une grande incapacité à répondre aux besoins. Je le répète, sans ces partenariats et cette ouverture sur l’étranger, on ne pourra pas améliorer les choses. Nous avons 18% des lauréats des écoles marocaines qui partent à l’étranger chaque année. C’est une grande perte pour le pays.

 

Passons à un autre registre, celui de la bonne gouvernance de votre département. Où en êtes-vous ?

Sincèrement. Cela me rend malade.

 

A ce point… ?

Tenez, regarder vous-même (il nous tend une facture), sept stylos à bille achetés plus de 56 000 dirhams ! Ce n’est pas de la gabegie, c’est de la folie. C’est sans commentaire. J’ai aussi des directeurs et chefs de division qui ont touché plus de 380 000 dirhams ces deux dernières années. Des primes de 15 000 dirhams par mois. Des primes indues. C’est du n’importe quoi franchement !

 

Les transferts devant la justice doivent se compter par dizaines dans ce cas…

Attention. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières. Je prends mon temps et discute en totale concertation avec tous les partenaires. Je ne veux pas prendre de décisions hâtives ou créer de vides polémiques politiciennes. Bien sûr quand le délit est avéré, le dossier est remis à la justice. Par exemple, en cas de faux et usage de faux (tels les faux diplômes, ndlr), je ne me précipite pas. En plus du rapport de mon département, je commande également un rapport à l’Inspection générale des finances. Je dois m’assurer que la sanction tombera à bon escient. Jusqu’à présent, ce sont des cas isolés, mais il ne faut pas les tolérer.

 

Avez-vous rencontré des résistances dans votre démarche de lutte contre la corruption qui, semble-t-il, gangrène ce secteur ?

Aucune pression ni d’en haut ni d’en bas. Fini le temps où le ministre pouvait se cacher derrière ceux qui ne veulent pas que les réformes aboutissent. Un ministre a les pleins pouvoirs et est totalement responsable. S’il ne peut pas le faire, il n’a qu’à démissionner.

 

Pourtant, des ministres PJD, voir même le chef de gouvernement, se sont publiquement plaints de résistances !

Je vous parle de moi-même. Et voici ce que j’en pense en tant que ministre.

Propos recueillis par A.H.E

p style="text-align: justify;">Interview

 

Lahcen Daoudi : « Nous n’avons plus d’argent ! »

 

Une interview, sans langue de bois, d’un ministre effaré par l’état des lieux de l’enseignement supérieur. Mais qui croit encore à l’action politique ? Bon courage !

Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, lance une opération mains propres au niveau de son département. Il critique les formations privées des universités, il publie des circulaires qui fâchent… Bref il réagit, comme il peut. Son trait particulier est que contrairement au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, Daoudi affirme ne rencontrer aucune pression. Et tacle même son boss : « Aujourd’hui, un ministre ne peut plus se cacher derrière les lobbies qui ne veulent pas les réformes. S’il n’arrive pas à faire son métier il devrait démissionner. » Mais en même temps que ses opérations de transparence, Daoudi réfléchit aussi à la situation de plus en plus enlisée de l’enseignement supérieur. Est-ce irrémédiable ? Non, rétorque le ministre. Mais « il y a une incapacité à répondre à la demande ». Daoudi ne veut pas baisser les bras et dit même disposer de la recette magique. « Si ça marche, j’aurai résolu les problèmes du secteur », dit-il. Rêve ou promesse ? Difficile de faire la nuance. Et si ça ne marche pas ? Eh bien, les problèmes resteront inchangées. Pas très rassurant.

 

actuel : Les universités se lancent de plus en plus dans des formations payantes. Que pensez-vous de cette tendance ?

Lahcen Daoudi : D’abord, je tiens à préciser que ces formations ne sont pas des masters. Ce ne sont pas des diplômes nationaux, mais des diplômes universitaires (DU) non reconnus par le secteur public. Ce rappel pour dire qu’il y a eu des universités qui ont quand même délivré des DU en tant que master. Ceci est totalement illégal et frauduleux. Comment ne les a-t-on pas vu ? Mais aujourd’hui nous avons mis fin à cela.

 

Ces pratiques Ă©taient-elles courantes ?

Pas vraiment je pense, mais c’est relatif. Nous avons quinze universités. Trois ou quatre sur quinze, c’est une fréquence quand même !

Mais au-delà de cet aspect frauduleux, ces formations sont-elles opportunes ?

L’université est autonome certes, mais il faut que ces formations obéissent à certaines normes. Dans certaines facultés les formations payantes sont plus nombreuses que les formations délivrant des diplômes nationaux. Ce n’est pas normal. Sans encadrement, l’argent va remplacer l’excellence qui est l’essence même des masters et des formations continues. Le mélange entre les deux formations doit être bien dosé.

 

Et de quelle façon ?

Par définition, un diplôme universitaire est une formation qui dépend du tissu économique où se trouve une université donnée. Elle crée ces formations pour répondre aux besoins du marché local de l’emploi. Or ce principe de base n’est parfois pas respecté. Des masters payants en droit ou en histoire ne riment à rien à mon humble avis. Malheureusement, il y a comme une tendance à fuir les masters vers les diplômes universitaires. Je n’accepterai jamais que l’enseignement privé se fasse au détriment de l’enseignement public.

 

Ces diplômes universitaires sont très prisés par les étudiants et les cadres. Cela n’est-il pas dû à la mauvaise qualité de l’enseignement supérieur gratuit ?

Je reconnais que la qualité de l’enseignement a baissé. Les problèmes de sureffectif y sont pour beaucoup. Mais il y a aussi les problèmes pédagogiques. Je ne vois pas l’utilité du système des semestres dans une faculté de droit ou d’économie, où il y a beaucoup d’étudiants. Les absences et autres débrayages font que les quatre mois que dure un semestre ne suffisent pas. On garde le système LMD (licence, master, doctorat), mais pas les semestres. Ils sont plus adaptés aux grandes écoles… Par ailleurs, la problématique du chômage à laquelle vous faites allusion est aussi la faute de l’économie. Dans un pays à faible taux de croissance, la roue économique ne tourne pas. Forcément, le besoin n’existe pas.

 

Quid du contenu pédagogique des programmes ? N’est-il pas aussi à l’origine de l’inadéquation entre la formation dispensée et les besoins réels du marché ?

Le problème n’est pas là. Nous avons de grandes écoles publiques qui forment l’élite. Cette année, le taux de réussite dans les épreuves des grandes écoles françaises est exceptionnellement élevé chez les Marocains. Une preuve que l’enseignement public est aussi performant. Maintenant comment voulez-vous que la faculté fonctionne sans encadrement ? Nous avons une moyenne de 1 professeur pour 250 étudiants. Ils ne sont que 13 000 professeurs. C’est dix fois inférieur aux normes internationales en la matière. N’allons pas loin. En Algérie, ils ont plus de professeurs que nous. Même en Tunisie où la population représente le tiers de la nôtre. Plus loin, les étudiants ne sont pas nombreux non plus. Nous avons 480 000 étudiants contre plus d’un million en Algérie !

 

Selon vous, pourquoi dénombre-t-on aussi peu de Marocains dans l’enseignement supérieur ?

Parce que l’offre éducative est très insuffisante. Nous n’avons pas suffisamment d’écoles et celles qui existent ne sont pas déployées sur tout le territoire. Un étudiant n’ira pas forcément à une faculté qui se trouve à 200 kilomètres de chez lui ! Le Royaume n’a pas les moyens de former suffisamment de cadres. Nous avons besoin de 7 000 architectes par exemple. Comment les former et où ? Et sur combien de temps ? Nous avons une moyenne de deux techniciens pour un ingénieur tandis que la norme est de 20. Voilà un autre exemple.

 

Revenons à ce problème de sous-effectif du corps professoral. N’est-il pas temps de revoir la sélection pour l’accès aux universités ?

Tant que je n’ai pas une offre suffisante en termes de formations professionnelles, je ne peux pas fermer les portes de la faculté devant les étudiants. Croyez-moi, des étudiants brillants qui ont quinze de moyenne ne trouvent pas de place dans les grandes écoles et viennent à la faculté. Il n’y a vraiment pas de place. La chose à laquelle nous réfléchissons aujourd’hui est de mettre en place une sélection pour le passage au master. La sélection est la clé de la réussite. Sans sélection, aucun progrès ne sera fait. Parce que nous ne pouvons plus gérer le sureffectif.

 

Les lacunes sont flagrantes. N’est-ce pas une priorité d’y remédier rapidement ?

Je suis d’accord avec vous. Mais le problème est que tout est urgent et prioritaire au Maroc. Mon collègue Mohamed El Ouafa (ministre de l’Education nationale) a aussi une urgence. Il faut recruter des milliers de professeurs. Il nous faut des agents de police aussi (Paris compte plus de policiers que tout le Maroc)… il faut des médecins… le besoin est là.

Mais l’Etat n’a pas les moyens de recruter. Il est dans le besoin, mais sans argent. Si nous recrutons quand même, nous allons plonger le pays dans une spirale de surendettement et revenir au PAS (Plan d’ajustement structurel, ndlr). Il faut chercher un équilibre entre les moyens disponibles et les besoins urgents.

 

Et vous, oĂą en ĂŞtes-vous dans cet Ă©quilibre ?

C’est très difficile à réaliser. Franchement, l’Etat tout seul ne peut pas le réaliser. Le secteur de l’enseignement supérieur n’a jamais été une priorité auparavant et on manque de moyens pour tout refaire. Mais il y a un espoir dans le partenariat entre le public et le privé. Je crois en cette solution et, si elle aboutit, j’aurai résolu les problèmes de l’enseignement supérieur au Maroc.

 

C’est un rêve ou une promesse faite aux 480 000 étudiants du Maroc ?

C’est un défi. Il est très facile de fixer des objectifs à 100% réalisables et de s’exalter après. Comme promettre d’augmenter le nombre des étudiants de 30 000 d’ici cinq ans. Mais ce ne seront pas de grandes réalisations. Mon projet est de délocaliser de grandes écoles internationales au Maroc, et de faire du pays un hub de la formation supérieure dans toute la région.

 

Ce projet est-il déjà lancé ? Et quand devrait-il aboutir ?

Je ne sais pas pour le moment. Nous sommes en phase de discussion avec nos partenaires espagnols, allemands et canadiens. Il y a même les Russes qui ont montré un intérêt pour ce projet. Je vous donne un exemple. Aujourd’hui, avec les problèmes de visas et les moyens que demandent les études à l’étranger c’est de moins en moins pratique. Mon idée est de ramener « l’étranger ici ». Savez-vous que les seuls transferts des parents d’étudiants à l’étranger à leurs enfants nous coûtent 2,6 milliards de dirhams en devises ? C’est énorme !

 

Comment cela devrait-il se dérouler ?

Supposons que Polytechnique Barcelone s’installe au Maroc. L’Etat apportera le terrain. Le secteur privé s’occupera des travaux de construction, des campus, des cantines, et autres dépendances. Et le partenaire étranger s’engage à assurer un encadrement de qualité et le matériel nécessaire pour les études. Et je vous assure que beaucoup de Marocains seront prêts à payer. On attirera même les étudiants des pays voisins. Actuellement, nous ciblons les formations que nous ne pouvons pas assurer pour satisfaire tous les besoins. C’est le cas de l’architecture, de la médecine et de l’ingénierie. Quand on n’a pas d’argent, il faut savoir utiliser celui des autres !

 

Et si ce projet ne marche pas, on dira que c’en est fini de l’enseignement supérieur au Maroc ?

Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai parlé d’une grande incapacité à répondre aux besoins. Je le répète, sans ces partenariats et cette ouverture sur l’étranger, on ne pourra pas améliorer les choses. Nous avons 18% des lauréats des écoles marocaines qui partent à l’étranger chaque année. C’est une grande perte pour le pays.

 

Passons à un autre registre, celui de la bonne gouvernance de votre département. Où en êtes-vous ?

Sincèrement. Cela me rend malade.

 

A ce point… ?

Tenez, regarder vous-même (il nous tend une facture), sept stylos à bille achetés plus de 56 000 dirhams ! Ce n’est pas de la gabegie, c’est de la folie. C’est sans commentaire. J’ai aussi des directeurs et chefs de division qui ont touché plus de 380 000 dirhams ces deux dernières années. Des primes de 15 000 dirhams par mois. Des primes indues. C’est du n’importe quoi franchement !

 

Les transferts devant la justice doivent se compter par dizaines dans ce cas…

Attention. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières. Je prends mon temps et discute en totale concertation avec tous les partenaires. Je ne veux pas prendre de décisions hâtives ou créer de vides polémiques politiciennes. Bien sûr quand le délit est avéré, le dossier est remis à la justice. Par exemple, en cas de faux et usage de faux (tels les faux diplômes, ndlr), je ne me précipite pas. En plus du rapport de mon département, je commande également un rapport à l’Inspection générale des finances. Je dois m’assurer que la sanction tombera à bon escient. Jusqu’à présent, ce sont des cas isolés, mais il ne faut pas les tolérer.

 

Avez-vous rencontré des résistances dans votre démarche de lutte contre la corruption qui, semble-t-il, gangrène ce secteur ?

Aucune pression ni d’en haut ni d’en bas. Fini le temps où le ministre pouvait se cacher derrière ceux qui ne veulent pas que les réformes aboutissent. Un ministre a les pleins pouvoirs et est totalement responsable. S’il ne peut pas le faire, il n’a qu’à démissionner.

 

Pourtant, des ministres PJD, voir même le chef de gouvernement, se sont publiquement plaints de résistances !

Je vous parle de moi-même. Et voici ce que j’en pense en tant que ministre.

Propos recueillis par A.H.E

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