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Mahi Bine Bine un Parisien de cƓur
actuel n°33, samedi 6 février 2010
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C’est dans la capitale française que le peintre et Ă©crivain vient de poser ses valises pour deux mois, Ă  l’occasion de la sortie de son dernier roman : Les Etoiles de Sidi Moumen.

VoilĂ  quelques semaines que Mahi BineBine est redevenu parisien. Pas dĂ©ïŹnitivement, loin s’en faut, seulement le temps de venir prĂ©senter son dernier roman publiĂ© chez Flammarion (et simultanĂ©ment chez Le Fennec Ă  Casablanca) mais aussi pour rĂ©aliser une sĂ©rie de sculptures pour sa prochaine exposition casablancaise. L’artiste, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 50 ans, connaĂźt bien Paris puisqu’il y a passĂ© 17 annĂ©es de sa vie.

Ce furent pour lui des annĂ©es dĂ©terminantes : il Ă©tait Ă©tudiant – puis enseignant – en mathĂ©matiques, mais aussi artiste en devenir. « Je garde un excellent souvenir de cette vie parisienne. Je frĂ©quentais pas mal d’artistes – des Français mais surtout beaucoup d’étrangers – avec l’idĂ©e de suivre un jour leur chemin ». Mahi a la ïŹbre artistique : « J’avais mĂȘme arrĂȘtĂ© le collĂšge pour me consacrer totalement Ă  mon groupe de musique, ce qui me valut 3 ans de pensionnat Ă  Rabat ! » et la vie d’artiste l’attire.

« Il y a du boulot ! »

Tout a commencĂ© avec un premier texte qu’il montre Ă  un ami, l’écrivain espagnol Agustin Gomez-Arcos, installĂ© lui aussi Ă  Paris. « Il y a du boulot ! Mais je veux bien t’aider et travailler avec toi, voilĂ  ce qu’il m’a dit aprĂšs la lecture de la premiĂšre page. Pendant un mois ou deux, nous nous sommes donnĂ© rendezvous chaque matin, dans un cafĂ© de la rue Mazarine, en plein Saint-Germain-des-PrĂ©s – et il a corrigĂ© le texte avec moi, ligne par ligne. C’est comme ça que j’ai appris en quelque sorte les ïŹ celles du mĂ©tier, les rĂšgles Ă  respecter pour construire un roman digne de ce nom. » PrĂ©sentĂ© aux Ă©ditions Stock, le roman est publiĂ©, c’est Le Sommeil de l’esclave. Le premier livre d’un jeune auteur inconnu. Le texte plaĂźt, les lecteurs sont au rendez-vous et Mahi enchaĂźne dĂ©sormais tous les deux ans un nouvel ouvrage. Jusqu’aujourd’hui avec Les Etoiles de Sidi Moumen.

Dans la peau d’un des kamikazes

C’est prĂ©cisĂ©ment ce titre qui le ramĂšne aujourd’hui Ă  Paris. Mahi vient de participer Ă  plusieurs Ă©missions de tĂ©lĂ©vision et de radio, et s’attend Ă  des articles dans la presse française. L’histoire de son dernier roman n’est pas banale : l’auteur se glisse dans la peau d’un des kamikazes qui ont semĂ© la terreur dans les rues de Casablanca en mai 2003, faisant plusieurs dizaines de morts dans leur sillage. À l’époque, c’est la consternation pour tous ceux qui croyaient le pays « immunisĂ© » contre le terrorisme international. La rĂ©probation est gĂ©nĂ©rale : ces jeunes sont les coupables.

Mahi voit toutefois les choses autrement. Il veut aller au-delĂ  de la rĂ©action violente et instinctive pour comprendre. Il lit tout ce qui s’écrit sur le sujet, va sur place, Ă  Sidi Moumen, et revient consternĂ© par l’état de misĂšre effroyable qui y rĂšgne. « C’est un Maroc que je ne connaissais pas ; mĂȘme si quelques bidonvilles existent autour de Marrakech oĂč je rĂ©side, cela n’a rien Ă  voir avec Sidi Moumen qui est une vĂ©ritable dĂ©charge publique Ă  ciel ouvert entourĂ©e de bidonvilles. » Sa conclusion est claire. Le dĂ©sespoir de ces jeunes a Ă©tĂ© habilement exploitĂ© par des personnes sans scrupules, mais qui ont su leur rendre une partie de leur dignitĂ©, en s’intĂ©ressant Ă  eux, en leur portant attention. Pour lui, « tout ĂȘtre humain pauvre, pas Ă©duquĂ©, drogué  peut ĂȘtre embrigadĂ© par des islamistes et poussĂ© Ă  commettre n’importe quel geste ». Son propos n’est pas de faire l’apologie du terrorisme, mais seulement de dire que ces victimes avaient aussi une humanitĂ©, et qu’« Ă  la limite, ils n’étaient pas responsables de leurs actes, contrairement Ă  ceux qui les ont conditionnĂ©s ».

C’est justement cette difïŹcultĂ© qui explique la longue maturation du roman. Si Mahi a eu l’idĂ©e d’un roman tout de suite aprĂšs les attentats, le passage Ă  l’écriture s’est avĂ©rĂ© plus compliquĂ© : « J’étais sur la corde raide car je voulais faire passer l’idĂ©e que le terrorisme est inexcusable, et qu’en mĂȘme temps, il est normal qu’il survienne dans certains cas. » Aujourd’hui, Mahi constate que malheureusement les choses n’ont pas assez changĂ©, et qu’un tel drame pourrait Ă  nouveau se produire. MĂȘme s’il reconnaĂźt que l’État a pris conscience qu’il y avait urgence, et que des logements sont construits aux alentours du bidonville.

New York tous frais payés

Romancier conïŹrmĂ©, Mahi est toutefois connu avant tout pour ses talents de peintre. LĂ  aussi, l’histoire commence Ă  Paris. « Au dĂ©but, la peinture n’était pour moi qu’un oisir, un passe-temps agrĂ©able, puis j’ai voulu me perfectionner et j’ai alors pris des cours dans une Ă©cole de la rue de Seine, en plein centre de la capitale. Ensuite, j’ai montrĂ© mon travail et j’ai participĂ© Ă  des expositions. Voyant mes peintures, mon frĂšre qui vit Ă  New York me propose de m’y installer – tous frais payĂ©s – le temps pour moi de me consacrer Ă  100% Ă  la peinture ! » Mahi accepte, s’installe outre-Atlantique. « Et lĂ , je peins comme jamais je n’ai peint, j’étais comme portĂ© par l’activitĂ© Ă©lectrique d’une ville qui ne s’arrĂȘte jamais. »

TrĂšs rapidement, Mahi trouve une galerie pour le reprĂ©senter, puis le MusĂ©e Guggenheim fait l’acquisition de plusieurs toiles. « À 36 ans, ce fut une vĂ©ritable consĂ©cration. À partir de lĂ , mon travail a Ă©tĂ© connu, et les acheteurs s’y sont intĂ©ressĂ©s » Toutefois, aprĂšs quelques annĂ©es Ă  New York, l’air de Paris lui manque. Il s’y rĂ©installe. En 2002, la participation de Le Pen au second tour de la prĂ©sidentielle (ndlr : candidat de l’extrĂȘme droite) le conduit Ă  s’installer Ă  Marrakech, sa ville natale. Et si Paris est un refuge agrĂ©able, aujourd’hui il s’agit plutĂŽt pour l’artiste d’un lieu oĂč ses Ɠuvres sont rĂ©guliĂšrement exposĂ©es, et ses livres publiĂ©s. C’est aussi et toujours un lieu de travail.

Cyril Bonnel, Ă  Paris.

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