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Ficam : Une ambiance 3D  
Actuel n°92, vendredi 29 avril 2011
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Réunissant près de 6 000 enfants, le Festival international de cinéma d’animation de Meknès a été, une fois de plus, un succès. Retour sur un événement très animé, avec la Russie à l’honneur.


***

Il fait beau ce matin-là dans les jardins de l’Institut français de Meknès. L’ambiance est détendue, les ateliers sont ouverts au public, certains viennent en « touriste » alors que d’autres arrivent à l’heure, prennent place et écoutent assidûment les intervenants, se prenant au jeu des questions.

Le programme du festival est chargé : master class, ateliers de formation, rencontres avec les artistes… pas le temps de s’ennuyer, juste celui de choisir une activité. Le déjeuner est servi sous une tente où on prend place au hasard des chaises vides, créant ainsi des rencontres impromptues et des discussions inopinées autour du festival.

Le réalisateur Alexey Alexeev discute avec de jeunes étudiants de technique 3D, pendant que Mohamed Beyoud, le directeur artistique du Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM), tente de rassembler les petits pour les projections ; Yan Volsy, metteur en son de films d’animation et Samuel Guillaume, un réalisateur suisse, racontent leur parcours à des professionnels présents.

Professionnels et amateurs partagent leurs expériences, leurs aventures et échangent des conseils judicieux. Il ne manque que le grand maître en la matière et invité d’honneur du festival, Alexandre Petrov, qui a préféré aller visiter la médina ce jour-là.

Un thé à la menthe avec…

17h, cafétéria de l’Institut. C’est autour d’un thé à la menthe servi aux invités et au public qu’Alexis Hunot, journaliste français, reçoit chaque jour un artiste. Pourquoi le thé ? Parce que c’est bien de chez nous : le thé c’est chaleureux, le thé ça fédère, et le thé ça désaltère.

Le concept était bien trouvé pour une rencontre aussi détendue. D’ailleurs, la théière figure sur l’affiche du festival. Public averti, professionnels, étudiants ou simples badauds, tout le monde est invité dans cet espace entièrement ouvert et en plein air.

L’ambiance est décontractée, certains prennent des notes, d’autres dessinent. L’assistance participe à la conversation avec l’invité du jour, lui posant des questions sur son parcours, ses techniques et ses méthodes de travail, rebondissant par moment sur ses propos.

Pour clore ces rencontres en beautĂ©,  la dernière est consacrĂ©e au grand maĂ®tre du cinĂ©ma d’animation, accueilli en grande pompe par l’assistance. Le « meilleur pour la fin », comme l’a soulignĂ© Alexis, qui reçoit le grand Alexandre Petrov.

Malgré un français approximatif, il tente d’écouter toutes les questions le plus attentivement possible, pour y répondre le plus simplement, créant ainsi une interaction avec le public, venu nombreux ce jour-là.

Il raconte comment son stage en Arménie, après ses études, l’a sensibilisé au cinéma d’animation ou encore il confie son rapport à la réalisation. Il explique qu’il est incapable d’écrire un film, il préfère réaliser une histoire déjà écrite ; sa seule expérience en « solo » ayant été un désastre d’après lui.

Clap de fin

Mercredi 19h. Grand moment d’émotion, de joie et de rire pour cette dernière soirée qui fait salle comble. Petits et grands prennent place dans le théâtre de l’Institut ; on retrouve les réalisateurs, les producteurs, les organisateurs, les étudiants et même les enfants tout excités, accompagnés de leurs parents.

La cérémonie commence par des remerciements, puis est suivie par la diffusion de la bande-annonce du festival, réalisée par les étudiants marocains. Enfin, un making-of du festival, concocté par la chaîne de télévision publique 2M, vient faire réagir toute l’assistance. Voilà pour l’introduction.

Place au vif du sujet, le palmarès de la 11e édition du FICAM tombe : du prix du meilleur court métrage d’étudiants à la mention spéciale du jury, six récompenses ont été distribuées, dont celle qui a suscité une vive émotion dans la salle, le prix du court métrage africain.

Et pour cause, c’est le Maroc qui a été récompensé pour Pitaya*, réalisé par trois jeunes du Studio M de Casablanca. Adil Qarchi, Yassine Eddarif et Toufik Abdedaim, voilà trois noms qu’on retiendra dans le monde du cinéma d’animation marocain.

Fraîchement diplômés, les trois compères ont présenté au FICAM leur court métrage réalisé dans le cadre d’un projet de fin d’études. Présents dans la salle ce soir-là, les trois camarades ont sauté de joie à l’annonce de leur prix. Ce film, qui raconte une course poursuite dans une ville imaginaire mélangeant XVIIIe siècle et époque andalouse, se termine en happy end.

Il a été ovationné par le public, provoquant rires, réactions et émotion chez les jeunes et les moins jeunes. Désireux de continuer à travailler ensemble, nos trois acolytes veulent tenter de convaincre les boîtes de production ou les chaînes publiques de leur permettre de réaliser des films d’animation.

Enfin, Jacques Cambra, compositeur de musique pour films d’animation, nous sert un petit cadeau musical pour clore le festival. Avec de jeunes musiciens du conservatoire de musique de Meknès, ils ont composé et répété deux morceaux de musique de film pendant cinq jours, qu’ils ont présenté ce soir-là.

Le compositeur a raconté l’exploit réalisé en un temps record, celui du festival, et dont le résultat était très satisfaisant. Standing ovation pour le clap de fin. Et rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles aventures animées.

Zineb Bennouna

* Court métrage disponible sur Internet.

Bientôt une école d’animation au Maroc ?

Qui pouvait mieux représenter un festival de cinéma d’animation au Maroc que les Conserves de Meknès Aïcha ? Ils sont précurseurs dans le domaine avec la première publicité en dessin animé qui a vu le jour sur les ondes marocaines leur célèbre mascotte Aïcha. Drainant chaque année près de 40 000 passionnés de cinéma d’animation, les Conserves de Meknès participent à l’éclosion de jeunes talents marocains à travers des ateliers, en marge du festival et assistent les écoles dans leur démarche pédagogique. L’édition 2011 a rassemblé près de 6 000 enfants lors des projections et ateliers.

Ayant la ferme volonté de donner de la dynamique au cinéma d’animation marocain, les Conserves de Meknès travaillent sur la mise en place d’une école de cinéma d’animation, en partenariat avec l’école Méliès basée à Orly. Cette école forme des professionnels du cinéma de la création numérique dans le secteur du cinéma d’animation et des effets spéciaux numériques.

Le festival a vu le jour à Meknès, l’école naîtra tout naturellement à Meknès. Elle est prévue « si tout va bien, bientôt, inchallah », a souligné Mohamed Beyoud, un autre passionné du cinéma d’animation et l’un des précurseurs de ce festival.


Trois questions Ă ...

Alexandre Petrov

Réalisateur russe et grand maître de la peinture animée, il était l’invité d’honneur du FICAM. Retour sur son parcours artistique.

Comment êtes-vous arrivé au cinéma d’animation ?

Après mes études à l’école des Beaux-Arts, puis l’institut du cinéma, je suis allée en Arménie faire un stage en studio et là, mes idées ont complètement changé. J’ai aimé le côté « passionné » du métier. En réalité, ce n’est pas moi qui ai choisi le cinéma d’animation, c’est le cinéma d’animation qui m’a choisi.

Pourquoi avez-vous choisi de peindre avec les doigts sur des plaques de verre ?

C’est plus dur, plus compliqué et plus long à réaliser mais je trouve qu’en peinture, il y a plus de détails que sur ordinateur. Etant peintre, je trouvais plus naturel d’utiliser cette technique.

C’est plus facile pour moi de réaliser mes idées avec la peinture vivante. Je ne peux pas imaginer réaliser un même travail sur ordinateur qu’avec la peinture, que ce soit sur la qualité de l’image ou le niveau de détails que ça procure.

Un petit mot sur le FICAM …

Je connais bien le cinéma d’animation marocain, j’ai vu pas mal de réalisations et je connais l’animation des étudiants. Le festival est super, il y a de bonnes réalisations et de plus en plus d’animations marocaines.

Les étudiants font du travail de qualité. Et j’ai aussi profité de ma venue au Maroc pour aller à la rencontre de votre pays plus que de l’animation en elle-même.

Propos recueillis par Zineb Bennouna

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