EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Biyouna,  née star
actuel n° 122, vendredi 23 décembre 2011
| More

Lorsque la comédienne algérienne Biyouna se rend au Maroc, ce n’est pas seulement pour y tourner des films. L’actrice vient aussi y passer des vacances en famille. Chez elle, à côté du drapeau algérien, il y a un drapeau marocain. Rencontre avec une femme exceptionnelle et une comédienne autodidacte.


Elle était encore dans son lit d’hôtel, en robe de chambre, lasse d’une nuit passée à Aïn Diab, où elle a écouté jusqu’à l’aube du Oum Kalsoum et d’autres mélodies orientales dans une boîte célèbre de la corniche.

Si elle reçoit en robe de chambre, c’est que l’actrice n’a jamais été une femme conventionnelle. Biyouna a inventé ses propres normes sociales. Et lorsqu’elle raconte sa vie, elle le fait  spontanément, sans retenue mais non sans pudeur.

L’actrice reçoit avec beaucoup d’égard et de sympathie et tient à nous présenter son assistant, Tijani. « C’est mon assistant que j’assiste », dit-elle en se moquant. Le jeune homme rit, la complicité entre les deux semble ancienne.

 

Madame Aldjéria

Le ton de la rencontre est donné, la comédienne ne manquera pas de lancer des vannes tout au long de l’entretien. Mais rien n’est surfait !  On n’est pas déçu de rencontrer la femme, la grande actrice. Pour Biyouna, Madame Aldjéria, la star du Harem de Madame Osmane, Bouhaba de La source des femmes… le destin se noue et se dénoue au fil des rencontres.

Car si Biyouna a peu fréquenté l’école, elle a beaucoup appris de ceux qu’elle a côtoyés. Sa capacité à mémoriser les textes, son sens de l’écoute valent tous les diplômes qu’elle n’a pas pu obtenir. C’est d’abord le grand réalisateur algérien, Mustapha Badie, qui découvrira la justesse de son jeu, son don pour l’interprétation.

 

Pour cette fille de Belcourt (quartier populaire d’Alger), dont la mère travaillait dans un cinéma, ce monde n’était certainement pas le sien. « J’y suis entrée par effraction », justifie-t-elle.

 

La grimace du succès

A seize ans et demi, le cœur et le corps de Biyouna penchaient plutôt pour la danse. C’est donc par le hasard d’une rencontre qu’elle se retrouve devant Mustapha Badie qui prépare son célèbre Dar Sbitar (film inspiré de la trilogie de  Mohamed Dib : La grande maison).  « Je suis arrivée au casting auquel je n’étais même pas conviée et je me suis permis de commenter à haute voix. Je trouvais le rôle trop facile. 

Mustapha Badie s’est énervé et m’a demandé alors de l’interpréter. Je suis montée sur scène et j’ai juste fait une grimace. Il a été conquis avant même que je ne prononce le moindre mot. C’est comme ça que mon aventure dans le cinéma a commencé. »

La carrière de Biyouna démarre en trombe. Son visage long, ses cheveux très noirs, sa silhouette frêle, sa voix rauque accompagneront plusieurs générations et ses répliques vont devenir cultes. S’ensuivront de longues années d’absence sur les écrans.

Biyouna fera un peu de théâtre, continuera de danser et aura comme tous les Algériens, à cette époque, quelques soucis avec les intégristes islamistes. Les années 2000 marquent son retour dans Nass melah city, le sitcom le plus suivi de toute l’histoire de la télévision algérienne.

C’est la personnalité de Biyouna, les différents personnages qu’elle interprète qui font le succès de la série. Mais même après un tel triomphe, l’actrice ne reviendra pas sur le petit écran. « On voulait m’obliger à parler un arabe que personne ne parle en Algérie, on me censurait. Je ne peux pas mentir à mon public, c’est pour ça que j’ai arrêté. »

Tant pis pour la télé algérienne. Biyouna ira en France, où elle fera du théâtre. « J’ai joué dans Electre de Sophocle avec Jane Birkin, dans Célestine aussi. D’ailleurs un des membres du jury des Molières est venu me dire que je méritais une récompense pour ce rôle. J’étais émue. Moi qui me suis arrêtée à  l’ardoise, c’était la plus belle chose qui pouvait m’arriver. »

Mais l’un des temps forts du parcours de l’actrice sera sa rencontre avec Nadir Moknèche. De cette collaboration naîtront trois des plus beaux films et les rôles les plus importants de sa carrière. D’abord Le Harem de Madame Osmane en 1998 (tourné à Tanger).

 

La complicité entre la comédienne et le jeune réalisateur se confirme dans Viva l’Aldjérie (2004), et Délice Paloma (2007). Mais c’est aux côtés de Radu Mihaileanu qu’elle montera les marches du festival de Cannes pour présenter son tout nouveau film, La source des femmes (tourné également au Maroc).

 

Pour Biyouna qui a vu son père battre sa mère, pour celle qui a vite quitté l’école, le plus beau rôle qu’elle a interprété et pour lequel elle s’est battue est, certainement, le sien.

Amira Géhanne Khalfallah

| More
Archives Tendances & Culture
N°173 : Tinghir-Jérusalem fait tourner Kamal Hachkar 
N°172 : Entretien avec Monica Bellucci 
N°171 : Les étoiles filantes du FIFM 
N°170 : Projetons-nous au Cube 
actuel N°169 : Les filles de Lalla Mennana : Un théâtre féministe 
N°168 : Interview : mounir fatmi  
N°167 : Caravanserail : Le Maroc à la conquête de l’Ouest  
N°166 : Numérisation : Nouvelle menace sur les salles de cinéma  
N°164/165 : Art : Les expositions de la rentrée  
N°163 : Beuys Ici, l’exposition de l’automne 
N°162 : Prix de la Mamounia : Le sacre de l’instit'  
N°161 : Le Louvre 12 siècles des arts de l’Islam vous contemplent 
N°160 : 3adnane 7aqoun, un créateur presque artiste 
N°159 : Cinéma Les frères Noury font leur comédie  
N°158 : Entretien avec Hicham Bahou 
N°157 : Espèces d’espace 
N°154 : Regarder La Brigade avec Adil Fadili  
N°153 : Bouanani réédité en France et au Maroc 
N°152 : Récit : On n’a pas fini de réécrire l’histoire 
N°151 : Interview Mehdi Qotbi : « Un grand musée à Casa d'ici 4 ans 
N°150 : Concerts : Des nuits d’ivresse spirituelle  
N°149 : Timitar : Le festival amazigh qui ne dit pas son nom  
N°148 : Gnaoua : Un festival de musique et d’histoire  
N°147 : Tatouages : Le langage des signes  
N°146 : Festival MDR 2012 : On se marre à Kech 
N°145 : Exposition : Dans l’intimité du musée Slaoui  
N°144 : Mawazine Clap de fin 
N°143 : En avant Mawazine 
N°142 : Exposition : Villes paysages
N°141 : Interview :  Scorpions
N°140 : Les festivals à l’ère du PJD 
N°139 : Le Grand théâtre de Casablanca : Vivement 2016 !
N°138 : Le film noir d’Anouar 
N°137 : Subjectivisme:  Croutes en stock
N°136 : Itinéraire d’un Cheb singulier 
N°135 : Interview :  Saïd Naciri
N°134 : Cirque   Les saltimbanques ensoleillés
N°133 : Yamou  Des œuvres puissantes, tout en délicatesse
N°132 : Cinéma cherche monteur désespérément 
N°131 : Le vent du nord souffle sur la peinture
N°130 : Carson Chan « Mettre en avant la diversité des expressions »
N°129 : Casa by night   avec Beigbeder
N°128 : Siel :   enfin la réconciliation !
N°127 : Oum  La chanteuse qui transcende les genres
N°126 : Les violons dingues,   de Younes Khourassani
N°125 : Mégarama   Grandeur et décadence
N°124 : Le site archéologique de Mzora,  cherche protecteurs
N°123 : Le malhoun,  ce chant ancien si moderne
N° 122 : Biyouna,   née star
N°121 : Le FIFM poursuit sa quête identitaire 
N° 120 : FIFM,   entre événementiel et cinéma
N°119 : FIFM :   des premiers films à l’honneur
N°118 : Hamidi, artiste bohème 
N°117 : Leftah :   ils sont tous contre la censure
N°116 : Droits d’auteur :   le rendez-vous manqué du BMDA
N°115 : La source des femmes :   source de…
N°114 : Récompense  La saga des prix littéraires
N°113 : Exposition  Deuxième regard  ou l’expérience du troisième œil
N°112 : Cinéma  La dernière séance
N°111 : La scène artistique arabe  ou l’esthétique de la violence
N°110 : HD Un paquebot pour l’art à Anfa
N° 109 : La politique de la chaise… rouge 
N°108 : Farid Mayara, le jazz sans limites  
N°107 : Hommage Le destin de la perle noire  
N° 106 : Jawhara : wakha  
N° 104/105 : Lumineuse Dar Beïda 
N° 104/105 : Interview Amazigh Kateb  
N°103 : Droits d’auteur Quand la musique est bonne 
actuel 102 : Tout l’art de Timitar 
actuel 101 : Festival Essaouira Back to basics  
N°100 : Championnat du Maroc Junior 2011 by Crédit Agricole Superbe  
N°99 : Exposition Une grappe de talents  
N° 98 : Tiken Jah Fakoly  Porte-parole du continent noir
N° 97 : Amazing Mawazine 
N° 96 : Festival MDR 2011 : il n’y aura pas que Jamel 
N° 95 : Festimode : Un événement et des talents  
Actuel n°94 : Génération Mawazine : La relève est là 
Actuel n°94 : Mawazine : Nos coups de cœur  
N°93 : Mawazine, la parole aux artistes 
Actuel n°92 : Ficam : Une ambiance 3D  
Actuel n°91 : L’homme qui aimait une femme 
Actuel n°90 : Mawazine, au(x) ryth me(s) du monde 
Actuel n°89 : Du rire aux larmes 
Actuel n°88 : Nass El Ghiwane : Un groupe, un mythe 
Actuel n°87 : Il était une fois à M’Hamid El Ghizlane 
Actuel n°86 : Les coups de cœur des chasseurs de toiles… 
Actuel n°85 : L’Atelier 21 se paye Dubaï ! 
Actuel n°84 : Casa Riders  Justiciers sur deux-roues !
Actuel n°83 : Ouverture culture Manifestes d’une génération perdue
Actuel n°82 : Le 17e SIEL  chasse Himmich
Actuel n°81 : Le livre au Maroc Misères et émergence 
Actuel N°72 :  Pluie de stars sur Marrakech 
Actuel n°69-70 : Tahar Ben Jelloun  « Je suis affreusement professionnel »
Actuel n°68 : Festival d’art culinaire : brie de Fès et tournedos beldi 
Actuel n°67 : Medi 1 TV se dé-chaîne 
Actuel n°66 : Carla Bruni, « glamour mais aseptisée et muette »
Actuel n°65 : Théories du complot : au bonheur des paranos 
Actuel n°64 : Et hop, v’là l’pop art 
Actuel n°63 : Mounir Fatmi : « J’ai un côté très pasolinien »
Actuel n°62 : Yamou : Peintre par nature 
Actuel n°61 : « Le Maroc s’interdit de penser sans peur Hassan II »  
Actuel n°60 : Des Marocains à New York 
N°59 : J’aurais voulu être...  écrivain !
N°58 : Immigration illégitime 
N°57 : 24h avec Lee Fields 
N°56 : Hindi Zahra, la Billie Holiday marocaine 
N°55 : Art marocain : de la cote au coût 
N°54 : Le jour où Benohoud a repris ses pinceaux 
N°53 : France-Espagne Le match culture
N°52 : L’argent fait son cinéma 
N°51 : Jamel Academy : MDR ! 
N°50 : Carlos Santana "Le succès implique l'hônneteté"
N°49 : Elton John bénit le Maroc 
N°48 : Julio Iglesias « Je ne suis pas un latin lover »
N°47 : Les 7 péchés capitaux de...  Jamel Debbouze
N°46 : Moonstock à Lalla Takerkoust 
N°45 : Ben Cheffaj  en impose
N°44 : Jazzablanca,  American Beauty
N°43 : Photo :  la vie quotidienne loin des clichés
N°42 : Himmich :  le ministre qui se prenait pour un écrivain
N°41 : Yasmina Khadra : à charge et à décharge
N°40 : Tremplin: 3 Jours, 3 Scènes, 3 Styles
N°39 : Majida Khattari: Niqab ni soumise 
N°38 : L’Orient Music Express un train d'enfer
N°37 : Abdel Alaoui Le chef qui réveille la cuisine
N°36 : Hicham Oumlil Un Marocain stylé à New York
N°35 : Le SIEL  des Marocains d’ailleurs
N°34 : Merzak Allouache « Un film sur le désespoir des jeunes »
N°33 : Mahi Bine Bine un Parisien de cœur
N°32 : Tanger Le cinéma marocain en fête
N°31 : Meriem Bouderbala Des femmes et des spectres…
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter