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Abdelkrim : Genèse d’une interview historique 
actuel n°161, jeudi 27 septembre 2012
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Les éditions Frontispice à Casablanca rééditent cette semaine un livre rare : Mémoires d’Abd-el-Krim. Pendant plusieurs jours sur le bateau de l’exil, l’émir a accordé une longue interview à un reporter français. Ce scoop oublié révèle un personnage amer, meurtri mais fier et étonnamment francophile.


Abdelkrim est un journaliste. Devenu cadi, puis chef de guerre et dirigeant du premier Etat indépendant à avoir pu se libérer d’un joug colonial, il n’a pas oublié son premier métier lorsqu’il chroniquait au Telegrama del Rif à Melilia... Il aime les journalistes et leur a accordé de nombreuses interviews pendant la guerre. Américains, Britanniques ou Français, ils sont nombreux à s’être succédé dans son fief d’Adjir. Il sait parler à la presse et il doit en grande partie à ses talents médiatiques l’incroyable répercussion de son combat dans le monde.

J. Roger-Mathieu est aussi un journaliste. Il est l’un de ceux qui a réussi à traverser les lignes en plein conflit pour rencontrer le chef rifain. Il y a obtenu la confiance de Abdelkrim et surtout de son frère Si M’Hammed. Correspondant du Matin, il rentrera en France en compagnie de quelques confrères à bord de l’Abda, le bateau où furent embarqués Abdelkrim et sa famille pour un exil lointain vers l’île de La Réunion. De Casablanca jusqu’à l’escale de Marseille où il débarquera, J. Roger-Mathieu parvient à griller la politesse aux autres journalistes et à obtenir le scoop de 1926 : une longue interview avec le proscrit le plus célèbre du moment.

Pendant plusieurs jours et surtout plusieurs nuits, il parvient à rencontrer seul Abdelkrim et Si M’Hammed. L’émir comprend le français mais préfère s’exprimer en arabe, son frère traduit. De temps à autre, pour préciser ses pensées, Abdelkrim écrit lui-même des textes. Le reste du temps, le journaliste note sous la dictée, mais il intervient aussi fréquemment, contredit son interlocuteur et lui rafraîchit la mémoire. Il connaît son sujet et coince à quelques reprises Abdelkrim. Egalement, J. Roger-Mathieu sort parfois de son rôle et se fait le propagandiste zélé de la politique française... Il commente fréquemment les déclarations de l’émir, mais il ne peut pas non plus s’empêcher de proférer son admiration pour celui qu’il appelle « le Vaincu », avec une majuscule.

 

Pas le genre Ă  se transformer en perroquet du vainqueur

Il est persuadé que Abdelkrim est le plus souvent sincère. Et Zakya Daoud, auteure d’une magistrale biographie du résistant (Abdelkrim, une épopée d’or et de sang, éditions Porte d’Anfa), qui a lu deux fois ce livre, ne dit pas le contraire. Ces « Mémoires » sont-elles pour autant crédibles ? L’historienne en est convaincue. « Ce qu’il dit est vraiment ce qu’il pensait. »

D’autres historiens sont plus circonspects, notamment parce que l’émir s’y montre particulièrement francophile, ce qui ne correspond pas à l’image de résistant héroïque et intransigeant dans lequel on l’a figé au fil des décennies. Il est vrai que c’est un prisonnier qui parle et si J. Roger-Mathieu a pu s’entretenir aussi librement avec lui, c’est probablement parce qu’il a bénéficié de complicités au sein de l’armée. L’Abda est un vaisseau de guerre...

Pour autant, Abdelkrim n’est pas le genre d’homme à se transformer en perroquet du vainqueur. Ses protestations d’amitié envers la France sont corroborées par de nombreuses lettres et discours qu’il a prononcés du temps de sa splendeur. Il a lui-même authentifié de sa signature l’interview. Surtout si, en fin politicien et ancien journaliste, il sait s’adapter à son interlocuteur, il ne se démarque jamais de sa ligne de conduite, celle d’un patriote moderne et moderniste, un pragmatique prêt à saisir toutes les opportunités pour faire triompher sa cause, mais pas au prix de toutes les compromissions.

Ce texte fondamental n’a jamais été reédité depuis plus de 80 ans. C’est un document rare qui mérite d’être redécouvert : les confessions à chaud d’un vaincu de l’histoire, du précurseur de toutes les guérillas du XXe siècle.

Eric Le Braz

Entretien

« Nous n’avons jamais voulu combattre la France »

 

La France généreuse face à la perfide Espagne : l’histoire est certes plus complexe, mais c’est ce qui ressort de l’interview de Abdelkrim, un prisonnier qui oscille entre colère et fatalisme, mais qui n’oublie pas de règler ses comptes.

 

La duplicité des Espagnols

L’Espagne avait besoin de la France pour mater le Rif. Mais elle avait aussi recours à des stratégies moins avouables avant l’entrée en guerre des Français...

[...]

Et, pour la millième fois, il me répète :

– Je ne voulais pas le baroud !

[...]

– Il ne tenait qu’à moi d’attaquer du côté des Français, et non du côté des Espagnols. Je n’y ai pas consenti !

[...]

Nous fûmes accusés d’avoir négligé la résistance, en même temps que le bruit se répandait de nos sympathies pour la cause française.

Les Espagnols étaient, d’ailleurs, les premiers artisans de ces rumeurs. Tu vas voir qu’elles avaient été mûrement concertées. Il ne s’agissait, ni plus ni moins, que de nous mettre au pied du mur, de nous forcer à détourner l’orage sur la France pour nous réhabiliter auprès des populations rifaines.

C’est donc à ce moment qu’Etchevarieta fit son apparition.

Il nous proposa, tout d’abord, au nom de  l’Espagne, sa patrie, de laisser les Espagnols occuper les caps Kelatès et Moro-Nuevo, ainsi qu’un point stratĂ©gique intermĂ©diaire commandant de façon parfaite la baie d’Alhucemas, comme il suffit de jeter un regard sur la carte pour s’en rendre compte.

Mais la véritable mission d’Echevarieta, qui agissait sur les ordres formels de Primo de Rivera, c’était, je te le répète, – et je fus à deux doigts d’y consentir – de me persuader de m’entendre avec l’Espagne, à vos dépens.

A cet effet, Etchevarieta, que je devais revoir maintes fois, au cours de l’année 1922, se rendit sur le N’Kor avec M. Marin, où il eut une entrevue avec moi.

Il me mit d’emblée le marché en main. Si je consentais à l’occupation espagnole de Kelatès, Porto-Nuevo et points auxiliaires, je recevais une somme de 20 millions de pesetas, tout l’armement moderne et les munitions indispensables pour engager contre la France, au Maroc, des opérations de grand style, une lutte sans merci.

 

Il me répétait à satiété :

« Nous autres, Espagnols, nous jouons un rôle stupide. Nous travaillons pour la France. Réconcilions-nous au plus vite. Marchons la main dans la main. Ce sont les Français qu’il te faut attaquer, car ce sont les vrais ennemis du Rif. »

 

Mais je me méfiai de sa bonne foi.

Je rompis avec cet homme, qui se disait mon ami et qui n’a jamais été l’ami du mensonge, l’inspiré de la cupidité, l’indéfectible associé de Primo de Rivera, votre plus mortel ennemi, qui n’a jamais cessé de travailler contre vous jusqu’aux jours de 1925 où il fut question de paix séparée.

 

Un francophile contre la France

Abdelkrim affirme avoir tout fait pour empêcher que le conflit déborde du Rif. Mais les tribus n’étaient pas toutes du même avis...

 

Dans toutes les conversations que j’ai pu tenir avec Abd-el-Krim, à son grand quartier général du Rif, comme à bord de l’Abda, il a toujours protesté de son amitié pour la France, de son ardent désir de vivre en paix avec nous.

 

Aujourd’hui, l’heure était venue de lui demander :

– Comment expliques-tu donc ton changement d’attitude ? Comment peut-il se faire que tu aies été en guerre avec nous ?

 

Il me répond d’abord :

– Je te l’ai dit, à maintes reprises, on a tout fait, tout, pour m’armer et me jeter contre vous.

Au moment de Chechaouen, l’Espagne revint à la charge. Elle savait ce que lui coûtait la guerre. La dernière expérience, après celles d’Anoual et de Mont-Arruit, l’avait édifiée. Elle voulait donc renouer des relations avec moi.

Primo de Rivera me fit parvenir plus que des offres, des promesses pleines de tentations.

Je n’ai jamais accepté d’attaquer la France. Mais en avril 1925, d’une part, ma volonté a été subordonnée aux événements. Les tribus étaient en branle. Et j’étais le chef, l’émir.

D’autre part, il faut bien que je te le dise, j’avais un idéal et des aspirations qui avaient été servis par nos succès. Je rêvais d’un Rif indépendant.

Mais que veux-tu ? Dieu est le plus savant !

Abd-el-Krim s’arrête, comme s’il avait peine à concentrer ses souvenirs, aussi comme s’il pliait sous l’étreinte de la fatalité. Il reprend :

– Rien n’empêche d’arriver ce qui doit arriver.

Oui, j’ai bien écrit au maréchal Lyautey ; oui, j’ai bien envoyé des notables auprès du commandant Chastanet… Mais la tempête était déchaînée.

Nos tribus, qui n’avaient pas cessé d’être victorieuses dans la zone espagnole, croyaient qu’il en serait de même du côté de la zone française.

Le grand malheur a été la traversée de l’Ouergha par les troupes de la France. Les incidents de frontières se multipliaient…

Et Abd-el-Krim me parle à nouveau des lettres qu’il nous écrivit. Il me cite la dernière, celle qu’il adressa au maréchal Lyautey, au moment où celui-ci relevait de maladie et par laquelle il témoignait de sa joie du rétablissement du résident général. Cette lettre, comme toutes les autres, resta sans réponse.

– C’était comme si je n’existais pas. Vous n’avez jamais répondu !

 

Je veux pousser Abd-el-Krim dans ses derniers retranchements, lui arracher un cri d’aveu ou de démenti :

– Tu as vite fait que de reprocher à nos troupes d’avoir franchi l’Ouergha ! Mais tu sais aussi bien que moi que certaines tribus de la région nous demandaient aide et protection contre toi ! Et tu sais aussi bien que moi que notre commandement n’ignorait rien de tes préparatifs de guerre sur notre front ! De partout notre aviation nous signalait de gros rassemblements rifains !

– Vois-tu, me dit-il, même pour quelqu’un comme toi qui a suivi la guerre du côté espagnol, du côté français et jusqu’à l’intérieur du Rif, ces choses sont très compliquées. Car il y a ici trois conflits qui se juxtaposent. Et, pour bien prouver à tes compatriotes comment, chef du Rif, j’ai pu être entraîné malgré moi dans une guerre contre vous, je veux préciser à fond les difficultés de cette malheureuse époque.

Tu sais qu’héritiers de la politique de notre père, qui avait rêvé l’indépendance du pays, nous avions, avant tout, à réaliser l’unité rifaine. La tâche était malaisée, car certaines tribus nous faisaient faux bond et accueillaient les suggestions des Espagnols, d’autres, tour à tour pour échapper à notre emprise ou s’y accorder, se déclaraient vos amies ou vos ennemies. Moi et mon frère, pour éliminer cette anarchie, nous devions faire un peu ce que vous avez fait, vous autres, pour unifier les populations soumises en droit et pas toujours en fait à l’autorité du sultan et de votre Protectorat.

Au printemps 1925, nous étions en mesure d’agir. Etchevarieta avait remis à mon frère, pour le rachat de prisonniers espagnols, une rançon de 4 millions de pesetas. Et nous avions, avec lui, parlé à nouveau d’une entente possible avec l’Espagne. J’avais posé des conditions qui semblaient devoir être prises en considération par Primo de Rivera, aux dires d’Etchevarieta. C’était : 1- l’évacuation totale de la zone occidentale, sauf Ceuta et un hinterland passant par Cires et allant à Condissa ; 2- l’évacuation totale de la zone orientale, sauf Melilla et un hinterland réduit ; 3- un versement de 20 millions de pesetas ; 4- la livraison de canons de gros calibre. J’avais même réclamé des avions, mais j’avais, à la réflexion, rayé cette prétention. D’ailleurs, je demandais le plus pour avoir le moins.

La résistance qui me préoccupait au premier chef était celle des Beni Zeroual. Leur pays avait été, à maintes reprises, un véritable nid d’agents espagnols, et c’était votre ami, le caïd Derkaoui, qui prêchait cette résistance. Il était de mon intérêt de mater ce foyer d’opposition, pour le cas où échoueraient à nouveau les tentatives d’entente hispano-rifaines et où – tout est possible – vous prêteriez la main aux Espagnols.

Mais écris bien qu’il n’entrait pas dans mon esprit d’opérer par surprise. Note bien qu’avant de mettre en branle, avant d’envoyer chez les Ktanis et les Beni-Ahmed une méhalla commandée par le caïd Si-Kouyes, avant de rien dessiner contre les tribus de l’Ouergha qui m’avaient pourtant trahi à l’instigation de « votre » ennemi juré, l’espion et agent de l’Espagne Amar, j’avais averti la Résidence générale du Maroc français.

Or, cette politique loyale vis-à-vis de la France paraissait suspecte aux tribus acquises fanatiquement à la cause de l’Indépendance et qui me croyaient invincible depuis mes retentissantes victoires remportées sur les armées espagnoles.

L’avance des troupes françaises chez les Beni Zeroual et sur la ligne de l’Ouergha était considérée par elles, de votre part, comme une déclaration de guerre, et je m’entendais répéter par tous et partout que mon devoir était de m’y opposer de toutes mes forces.

Pour ruiner cet état d’esprit que je jugeais funeste, pour tenter désespérément de sauver mes bonnes relations avec la France, j’envoyai des chefs écoutés chez les Senadja de Srair, voire même des troupes, sur les territoires des M’tioua, des Senadja et des Beni Oulid.

Ma volonté de briser ce mouvement spontané dirigé contre vous était si sincère et si intransigeante que, lorsque des éléments de troupe rifains se portèrent contre vous, je rappelai immédiatement le caïd Allouch Cheddi et le fis jeter en prison à Ajdir.

Je fais serment sur ce qu’il y a au monde de plus sacré, que ce que je dis là est l’unique vérité, et vos officiers de renseignements qui sont gens d’honneur te diront que tout cela est exact dans le moindre détail !

Je fais remarquer à Abd-el-Krim qu’au mois d’avril 1925 nos services de renseignements avaient acquis d’autres certitudes. Que nous avions eu vent de l’agitation qu’il s’employait à susciter au Maroc français et qu’il était avéré qu’il avait demandé à Etchevarieta, négociateur des rançons et âme damnée des menées espagnoles contre la France africaine, 15 000 fusils pour armer le front rifain du Sud, face à nous.

Ces objections énervent visiblement Abd-el-Krim. Il se lève, marche de long en large. Puis il revient à sa place.

– Une fois encore, dit-il, tout cela est trop grave pour en parler entre deux portes. Une fois encore, tu auras ma réponse écrite de ma main. Fais-la traduire. Toute la vérité est là.

(...) Abd-el-Krim se met à écrire et me remet ensuite des feuillets dont voici la traduction littérale :

 

Pourquoi nous avons combattu la France

« Pourquoi avez-vous combattu la France ? Chaque fois qu’on nous pose cette question, elle ne peut que nous surprendre. Car nous n’avons pas combattu la France. Jamais l’idée ne nous était venue de le faire. Au contraire, ainsi que nous l’avons déclaré à plusieurs reprises, nous désirions toujours continuer à bénéficier de l’aide de la France et qu’elle nous tendît une main secourable pour le développement du Rif…

(Suit le détail de l’enchaînement des escarmouches qui ont conduit à la guerre.

[…]

– J’étais entraîné par les tribus. Mais passionnément, je voulais mon pays indépendant. Et je réalisais son indépendance, je le voulais riche. Tout s’enchaîne. J’avais besoin de plaines fertiles… Et pourtant, crois-moi bien, – ai-je qui que ce soit à ménager maintenant ? – je n’ai jamais cessé d’avoir la plus grande admiration pour ton pays, que je savais bon, généreux, ami de l’islam.

 

Abd-el-Krim hausse les épaules d’un geste d’impuissance résignée. Il a dit tout ce qu’il avait à dire. Il se considère comme un instrument passif aux mains de Dieu. Dieu l’a servi, d’abord. Puis Dieu l’a abandonné.

 

Il murmure :

– Tout ce qui est arrivé était écrit. Ma fin était inscrite au livre du Destin.

 

Le début de la fin

Sentant le vent tourner, Abdelkrim tente de négocier à la conférence d’Oujda en avril 1926. Mais l’intransigeance des Français et des Espagnols ne lui laisse aucune chance.

– Nous avons été battus, c’est indiscutable, puisque je suis entre vos mains. Mais vous avez été battus, vous aussi !

– Explique-toi

– D’abord, je vous ai mis dans l’obligation, pour me convaincre, d’amener de France  des renforts considĂ©rables. Vous avez mĂŞme envoyĂ© le marĂ©chal PĂ©tain, et, avec lui, 200 000 hommes et tout ce que l’on peut rĂŞver comme armement moderne.

N’empêche que, fin 1925, j’étais encore le maître de la situation.

Mais je vous ai battus, surtout, en ceci que vous avez perdu complètement le Rif.

Et cela, c’est la vérité la plus pure. Vous avez perdu le Rif du jour où vous avez décidé mon exil.

Si vous m’aviez laissé, moi, Abd-el-Krim, maître du Rif, j’aurais fait tous mes efforts pour que la France me fournisse tous les fonctionnaires nécessaires à l’évolution du pays.

 

[…] Tu sais parfaitement que nos populations sont bien disposées à l’égard des Français.

Abd-el-Krim reprend, avec plus de force, martelant les mots rudes que me traduit son frère :

– Oui, je voulais la paix ! Mais après les pourparlers d’Oudjda, j’ai vu que les Français et les Espagnols étaient en complet accord.

J’ai repris la lutte en désespéré, par devoir, mais sans me leurrer d’aucun vain espoir, prévoyant ce qui ne tarda pas à s’accomplir : le lâchage progressif de mes guerriers, la soumission rapide des tribus au fur et à mesure de l’avance de vos troupes. Tous, ils se rendaient compte que je n’étais plus assez fort pour les soutenir.

Quelque temps encore, j’ai entretenu en moi la confiance dans votre promesse d’accorder au Rif son autonomie.

Mais comment résister jusqu’à la conclusion d’une paix honorable ? Les tribus étaient lasses. Et c’est pourquoi il y eut si peu de grands combats en 1926.

Mon pays était perdu. Et je me rendais compte de la faute lourde que j’avais commise en ne résistant pas à ceux qui m’avaient entraîné à vous faire la guerre et qui étaient les premiers à renoncer à la lutte.

 

La reddition

Se soumettre aux Français ou combattre jusqu’à la mort les Espagnols, c’est le choix qui s’est imposé à Abdelkrim en mai 1926.

Il est un épisode de la reddition d’Abd-el-Krim qui mérite d’être mis en pleine lumière. Il est d’ailleurs tout à l’honneur du vaincu.

– En 1918, dis-je à Abd-el-Krim, un seigneur de la guerre, celui qui, lui aussi, avait attaqué la France, ne s’est pas rendu et a préféré se réfugier en Hollande. Toi, je le tiens du capitaine Schmidt, tu aurais été plus grand seigneur que lui, et, à la tête de tes derniers guerriers, tu aurais livré un dernier combat. Est-ce exact ?

– Pas tout à fait, répond simplement Abd-el-Krim. J’avais dit à M. Parent que si la France refusait de me prendre sous sa protection, dès que mes troupes et moi nous aurions déposé les armes, j’étais décidé à me mettre à la tête des deux cents guerriers qui m’étaient entièrement dévoués, et de me porter au-devant des Espagnols, et de me faire tuer avec eux dans un dernier combat. M. Gaud, Azerkan et Haddou me firent, à ce moment, un tableau si effrayant de la situation qui serait faite à ma famille et à mon entourage, si je venais à disparaître, que je me rendis à leur insistance, et je me suis livré à vous. Tu me considères comme un barbare. Si tu savais combien j’étais excédé par la guerre et ses horreurs !

– Es-tu bien sûr de ces faits ? Le capitaine Schmidt était à la tête de son goum lorsque tu as causé avec lui, et il a bien dit qu’il t’avait vu à la tête de tes soldats.

– Non. Il y a confusion. J’ai livré combat aux hommes du capitaine le jour où je me suis retiré à Snada. Car il est vrai que je ne me suis retiré qu’en combattant.

Mais il ne s’est rien passé de semblable le jour de ma reddition.

Abd-el-Krim secoue lentement la tête, et ajoute :

– Reddition… le mot est impropre. Je me suis, plus exactement, confié à la générosité de la France. Je compte sur elle et je voudrais lui donner les preuves les plus formelles de loyalisme, afin qu’elle me permette de revenir le plus tôt possible.

Je serais heureux et fier de collaborer avec la France pour le bien du pays, de mon pays que j’aime.

Extraits choisis et commentés par E.L.B.


Abdelkrim et les Espagnols

Mon frère et moi, nous avions vécu dix ans parmi eux, chez eux, largement assez pour nous convaincre de leur faiblesse et de leur incompréhension totale non seulement de la politique rifaine, mais encore de l’âme musulmane.

Il n’existe pas de mots assez forts pour qualifier leur cruauté sans exemple à l’égard de nos populations.

Je dois avoir eu l’air surpris, car Abd-el-Krim reprend, avec force :

– Oui, tu me regardes quand je te parle de la cruauté des Espagnols ! Tu penses à ce que tous les journaux ont écrit, à ce que tu as sans doute écrit toi-même, n’est-ce pas ?

Eh bien ! Ce sont ces photographies qu’il faut regarder ! Vois ces têtes coupées ! Vois ces yeux crevés ! Rends-toi compte de la satisfaction de tous ces soldats espagnols qui entourent ces choses misérables ! Et réponds : est-ce digne d’un pays civilisé ? Mais, réponds donc ! Est-ce à ce titre qu’une nation européenne pouvait, à la face du monde, revendiquer la mission de nous apporter la civilisation ? »

[...]

–        Pourquoi l’Espagne est-elle si mĂ©chante, si cruelle, si barbare, si fanatique ? Pourquoi n’obĂ©it-elle qu’à ses prĂŞtres, pourquoi veut-elle encore des guerres de religion ? Crois-moi, elle court Ă  sa perte !

 

Abdelkrim le KĂ©maliste wahhabite

[...] Et le voici qui passe aux Turcs. Soudain, ses petits yeux brillent. Il est en adoration devant les Turcs. Il commence le panégyrisme de Mustapha Kemal.

– A la bonne heure ! dit-il. Celui-là, c’est un homme !

Du coup, il oblique vers le terrain religieux.

– Nous autres, musulmans, dit-il, nous sommes des idiots (sic). La pratique de notre religion nous mène droit à notre perte. Et les Wahhabites ont bien raison de rejeter le culte des saints. Je ne reproche qu’une seule erreur à Ibn Saoud : c’est d’être à la remorque de l’Angleterre, parfaitement, à la remorque de sa politique.

Avec l’aide de la Grande-Bretagne, par l’intermédiaire du Croissant rouge et de l’émir Ali, Hindou résidant en Angleterre, ils ont cherché à me venir en aide. Mais sans succès. Tout cela a été éventé devant Tanger.

 

Abdelkrim le gestionnaire

[...] Abd-el-Krim manifeste quelque fatigue. Mais avant de lui accorder les instants de repos dont il a besoin pour mener à bien cette dernière nuit d’entretiens, je lui demande :

– Peux-tu me dire où tu prenais l’argent pour soutenir cette grande lutte, pour payer tes lascars et les quelque vingt mille fusils que tu as acquis ?

– C’est bien simple. Je prélevais l’impôt dans toute la zone d’influence espagnole. A elle seule, elle me procurait une recette d’environ 600 millions. Les impôts étaient levés en mon nom. Ajoute à cela les amendes infligées aux tribus qui, parfois, s’insurgeaient contre moi, les amendes perçues pour les crimes de droit commun. Si le chiffre de 600 millions t’impressionne, contente-toi d’admettre que je disposais d’un budget de 200 millions. Mais ajoutes-y les quelques millions de pesetas que nous versa l’Espagne au chapitre des rançons, et tu te rendras compte que, étant donné la façon dont nous faisions la guerre, les finances du Rif étaient parfaitement équilibrées.

 

Abdelkrim fabricant d’armes

[...] – Pour manœuvrer vos canons, pour fabriquer cartouches et grenades, tu ne pouvais te contenter des gens de la montagne. Qui donc avais-tu à ton service, en fait de spécialistes ?

– Ta question m’étonne ! dit Abd-el-Krim. Tout à l’heure, ne m’as-tu pas dit, toi-même, que quand tu étais chez nous, à Chechaouen, tu fus frappé d’entendre sortir de nos clairons des sonneries françaises ?

– As-tu oublié que de nombreuses missions militaires avaient instruit des tas de gens chez nous ?

– Aurais-tu oublié, surtout, que dans l’armée française, dans notre glorieuse division marocaine, il y avait des Rifains qui, la guerre finie, regagnèrent le Rif ? Ces hommes furent pour moi de précieux auxiliaires.

– Puis encore, ne saurais-tu pas que tous les Juifs du Rif, tous les bijoutiers et ferblantiers, qui sont légion, surtout chez Kmès, sont des gens habiles qui s’adaptent en un rien de temps à la fabrication des grenades et à la manœuvre du canon ?

 

Abdelkrim anti-fasciste

[...] Et Abd-el-Krim reprend, avec une insistance singulière :

– Méfiez-vous des Italiens ! Méfiez-vous surtout de Mussolini. Je sais bien des choses. Il veut la suprématie de l’Italie dans la Méditerranée. Toute sa politique est orientée vers ce but. Et il ne reculera devant rien pour l’atteindre.

 

Abdelkrim chef de guerre

« Je ne peux m’empêcher de dire à Abd-el-Krim :

– Comment, toi, un simple cadi, as-tu pu, en un clin d’œil, t’improviser général en chef et battre à plates coutures une armée organisée ?

Abd-el-Krim lève les bras et s’écrie :

– Oui, de cadi je suis passé chef de guerre.

La belle affaire ! Crois-moi, c’est un métier facile que de commander devant l’ennemi. Il suffit de bon sens et de décision. Tous les chefs qui étaient avec moi en auraient fait autant !


La guerre des occasions manquées

Avec des si, on refait l’Histoire. Et celle du Rif aurait pu être singulièrement différente si...

 

Et si la France n’était pas intervenue aux côtés de l’Espagne. Et si Abdelkrim avait osé attaquer Melilia puis Fès, prudence qu’il regrettera amèrement dans ce livre. Et s’il avait accepté le deal espagnol et s’était retourné contre les Français. Et si le sultan l’avait soutenu. Et si les autres tribus rebelles au sud du Maroc l’avait rejoint. Et tout le Maghreb s’était enflammé. Et si Pétain n’avait pas remplacé Lyautey... Avec des si...

Le destin tragique de la République du Rif semblait inéluctable. Mais jusqu’en 1925, rien n’était écrit. Et les messages d’amitié envers la France (et de haine envers l’Espagne) qu’envoie Abdelkrim dans cette interview sont aussi celles d’un homme qui a tenté désespérément de se sortir d’une nasse en jouant sur tous les tableaux (et qui est quand même parvenu pendant cinq ans à narguer l’Occident). Il a d’ailleurs presque réussi avec son armée de paysans à changer le cours de l’Histoire.

Durant l’été 1925, alors que Abdelkrim est aux portes de Fès, Lyautey vacille. « On est au bord du soulèvement général, écrivent Vincent Courcelle-Labrousse et Nicolas Marmié dans la guerre du Rif (Points Histoire). Lyautey, qui avait fini par se persuader que les fiançailles avec les tribus s’achèveraient par un mariage d’amour, découvre avec stupeur que la promise n’était même pas consentante pour un mariage de raison. » Le 5 juillet, il écrit à Paris : « Il vous apparaîtra sans doute opportun de saisir la possibilité qui nous est offerte et, en se mettant d’accord avec Madrid, de prendre le parti de reconnaître l’indépendance du Rif, sauf à en déterminer ultérieurement les modalités et à trouver une formule qui sauvegarde l’autorité nominale du sultan. » Lyautey qui, quelque temps plus tôt, exigeait des gaz pour abréger la guerre, panique pour la première fois. Paris répondra en envoyant Pétain et des renforts que le Résident général réclamait jusqu’alors en vain. Puis Paris limogera Lyautey et écrasera la République du Rif. L’heure n’est plus aux subtilités... ni au poker menteur.

En fait, tous les protagonistes de ce conflit ont joué un rôle ambigu. Les Espagnols d’abord, prêts à acheter Abdelkrim pour qu’il retourne ses tribus contre les Français. Lyautey ensuite qui, dans un premier temps, ne voyait pas d’un mauvais œil ce rebelle contrarier les ennemis héréditaires des Français. « Il était tout enchanté que les Espagnols soient attaqués, estime Zakya Daoud, auteure d’une biographie de Abdelkrim. Car derrière l’Espagne, il y avait l’Angleterre. » Avant d’être obligé d’intervenir, tout comme Abdelkrim, le résident général cherche à gagner du temps. Il temporise. Il envoie des émissaires. Il ne veut pas s’enfoncer dans ce guêpier. « Tout s’est renversé quand les Rifains attaquent l’Ouergha, explique Zakya Daoud. A ce moment la notoriété d’Abdelkrim est telle qu’il ne peut plus reculer. Il est d’ailleurs lucide quand il déclare en 1924 : “Tous les professionnels de la Révolution ont les yeux fixés sur Abdelkrim... Il faut agir, sinon graves seraient les maux qui surviendraient aux peuples d’Occident !” ».

Pourtant, dans le même temps, l’émir proteste de sa bonne foi. Comme il se justifie dans l’interview, il est contraint d’attaquer les positions françaises car ses tribus l’y incitent. Surtout, il ne cesse d’envoyer des lettres à Lyautey, missives auxquelles on ne répond jamais...

Pourquoi ? Gérard Falandry, l’éditeur des Mémoires d’Abd-el-Krim, analyse ainsi la position française : « Les Français ne prenaient pas au sérieux la sincérité de Abdelkrim quand il voulait se rapprocher d’eux. Et il commençait à poser un vrai problème politique. La France s’est intéressée à Abdelkrim car les Espagnols étaient défaillants. S’ils ne l’avaient pas été, jamais la France ne serait rentrée dans le Rif. Cela signifiait qu’ils devaient affronter des tribus redoutables qui avaient été capables de tailler en pièces le général Sylvestre. Mais ils avaient déjà à faire avec leurs propres rebelles. Abdelkrim a pratiquement obligé la France à intervenir. »

Le paradoxe de cette histoire, c’est que Abdelkrim et Lyautey ont finalement tout fait pour éviter la confrontation. Lyautey car il pressentait qu’il y laisserait des plumes et il a effectivement perdu son royaume enchanté à cause du Rif. Abdelkrim car « il savait très bien que s’il avait deux puissances européennes contre lui, il était perdu », résume Zakya Daoud.

Mais dans ce jeu de dupes, un homme garde le plus souvent le silence, c’est Moulay Youssef. Il reste Ă©tonnamment absent de l’entretien que le vaincu du Rif accorde Ă  J. Roger-Mathieu, comme si Abdelkrim voulait rĂ©pondre au mĂ©pris par le mĂ©pris.  Car le sultan, comme Lyautey, ne rĂ©pond jamais aux lettres de Abdelkrim alors que celui-ci joue la fidĂ©litĂ© Ă  dĂ©faut de l’allĂ©geance. Tout en proclamant sa RĂ©publique en 1923, il dit : « Je serais heureux de me placer sous l’autoritĂ© de Moulay Youssef, si les circonstances actuelles ne l’interdisaient pas. Je n’ai jamais voulu le concurrencer ni au plan religieux, ni au plan politique. » Les circonstances qu’évoquent l’émir, c’est que le sultan s’appuie sur une puissance coloniale pour rĂ©gner... Dès lors, rien ne pourra rapprocher les deux hommes. Moulay Youssef veut que les Français le dĂ©barrassent de ce « rogui ». Abdelkrim traite le sultan « d’employĂ© salarié » des infidèles. Le divorce est consommĂ© avant mĂŞme que le mariage ait pu avoir lieu. Et Moulay Youssef dĂ©filera aux cĂ´tĂ©s des troupes françaises et espagnoles sur les Champs-ElysĂ©es...

Mais s’il avait répondu...

E.L.B.

 

***

 

Entretien

Mustapha Mchiche Alami

« El Khattabi a sacrifié sa vie à la liberté de son pays »

 

Mustapha Mchiche Alami a organisé plusieurs colloques pour apporter des témoignages vivants sur le héros du Rif, ses qualités d’homme d’Etat, son expérience et son combat contre le colonialisme, avec une petite pensée pour ses idéaux maghrébins.

 

actuel : Après plusieurs colloques sur Abdelkrim El Khattabi, vous vous préparez à une autre série d’actions pour célébrer l’anniversaire de sa disparition, en février prochain. Quel est le sens de cette mobilisation ?

Mustapha Mchiche Alami : Quand la Fondation a lancé le premier colloque sur le héros du Rif, nous pensions que beaucoup de questions avaient été réglées. Au fur et à mesure que les débats s’animaient et que les personnalités se succédaient à la tribune, on s’est rendu compte que des questions évidentes, en apparence, ne l’étaient pas du tout. Exemple, le rapatriement de sa dépouille n’est pas, comme on l’a toujours pensé, uniquement une histoire de différend avec le Makhzen. En effet, au sein même de la communauté rifaine, des divergences subsistent entre ceux qui exigent son rapatriement et ceux qui estiment que les conditions ne sont pas réunies pour le retour de sa dépouille. Même chose pour le musée Khattabi qui n’a pas encore vu le jour.

 

Quel est votre objectif, alors ?

Nous participons au débat sur ces questions et je me suis engagé financièrement, à titre personnel, à la restauration de la maison natale de El Khattabi pour en faire un musée. D’une manière plus générale, à l’issue du dernier colloque, un communiqué baptisé « Communiqué de Kénitra » a été publié. Il met notamment en exergue la volonté de tous les participants de promouvoir les voies du dialogue pour donner davantage corps à un esprit maghrébin et aller vers un avenir plus solidaire […].

 

On raconte que la pensée de Abdelkrim El Khattabi sur la question du Maghreb (thème de votre dernière rencontre) a inspiré beaucoup de mouvements de libération en Amérique latine, en Asie et en Afrique ?

Effectivement, tous les historiens s’accordent à reconnaître que le lion du Rif a inspiré bien des mouvements de libération de par le monde. Concernant notre région, alors que le colonisateur ne voyait pas d’autre issue au développement des pays du Maghreb arabe que leur mise sous occupation, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi n’imaginait pas un instant un Maghreb uni et fort sans l’indépendance effective de tous ces pays. Abdelkrim qui a fondé l’armée de libération en la baptisant « Comité de Lutte pour la Libération du Maghreb » avait mis en place, à partir du Caire, un vaste programme d’entraînement des Maghrébins (Marocains mais aussi Algériens et Tunisiens), sous la supervision de Hachmi Tawd qui avait fait ses études à l’Académie militaire en Irak. Nous avons invité ce témoin historique au dernier colloque.

 

Pourquoi cette volonté de faire revivre à tout prix la mémoire de Abdelkrim El Khattabi, vous qui n’êtes même pas rifain (reproche qui revient souvent dans la bouche de vos détracteurs) ?

Dans une époque utilitariste, individualiste où les jeunes n’ont plus de repères, il me paraît utile de faire renaître la mémoire de ces personnages légendaires auxquels on prête un courage et des exploits remarquables. El Khattabi fait partie de ces grands hommes. Il a accompli des actions nobles et sacrifié sa vie à une cause qui vaut plus que la vie : la liberté de son pays. Si nous pouvions remplacer l’idolâtrie de stars éphémères, vedettes de films ou du sport, par le respect dû à des hommes vaillants tels que El Khattabi qui se sont distingués par l’héroïsme au sens moral, nous aurions réussi.

Propos recueillis par Abdellatif El Azizi

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