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Tous Sahraouis 
actuel n°31, samedi 23 janvier 2010
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Cñ€ℱest devenu un running gag qui ne fait plus rire. À chaque fois quñ€ℱun classement est publié par un organisme international, le Maroc se retrouve dans le peloton de queue. Le dernier en date sur le e-gouvernement nous place ainsi à la 126e place sur 192. Alors on accuse lñ€ℱincurie de nos gouvernants et les défauts de notre mode de gouvernance. Et on a raison. Mais qui accuser lorsque cñ€ℱest le peuple marocain lui-mÃÂȘme qui va volontairement se placer parmi les cancres de la planÚte ?

Un sondage, passé relativement inaperçu en décembre dernier, est à cet égard édifiant. On a posé la mÃÂȘme question aux habitants de 128 pays : « Vous sentez-vous personnellement menacé par le réchauffement climatique ? » La réponse est oui pour seulement 30 % des Marocains. Il nñ€ℱy a que dix pays plus insouciants que nous face à lñ€ℱenjeu majeur du XXIe siÚcle. Et il faut voir qui nous devançons: le Libéria, lñ€ℱAfghanistan, le Pakistan, la Sierra Leone, le Nigéria, le Rwanda, le Burundiñ€© des nations oÃÂč le climat est une menace moins palpable quñ€ℱune mine antipersonnel, un kamikaze consciencieux ou la machette du voisin.

Est-ce le fatalisme oriental ou arabo-musulman qui nous aveugle à ce point ? Mais les Saoudiens, eux, sont conscients du problÚme à 40 %, les Algériens et les Tunisiens à 46 %, les Libanais à 54 %. Le pire dans cette histoire, cñ€ℱest que nous figurons parmi les douze peuples les moins concernés par ce problÚmeñ€© et parmi les douze nations les plus menacées par le réchauffement climatique dans le domaine agricole, selon un rapport de la Banque mondiale de juin 2009 !

Ce je-mñ€ℱen-foutisme légÚrement suicidaire va-t-il perdurer ? On peut le craindre à court terme. AprÚs le discours volontariste du roi lors de la fÃÂȘte du TrÎne le 30 juillet dernier, un impressionnant dispositif a été mis en place pour lancer la Charte sur lñ€ℱenvironnement. Presque tout le gouvernement était présent à Skhirat le 14 janvier pour soutenir Meriem Bensalah Chaqroun, en charge dñ€ℱorganiser les Journées de la terre et dĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©laborer la Charte. Des réunions de concertation ont lieu, en ce moment mÃÂȘme, dans les seize régions du Royaume pour écouter les doléances des citoyens et à chaque réunion, deux ministres sont en service commandé. Dans un effort de transparence et dñ€ℱe-démocratie sans précédent, un site Web a été mis en place pour inciter les Marocains à participer au débat. Le moins quñ€ℱon puisse dire, cñ€ℱest que ça ne se bouscule pas encore au portail. Malgré le ramdam médiatique, seuls 2 500 visiteurs sont venus jeter un Å“il la premiÚre semaine, et une trentaine ont laissé des commentaires.

Il est vrai que la machine vient de se mettre en branle et ce nñ€ℱest pas en quelques mois que les mentalités vont changer. Mais à actuel, alors que le Maroc essuie réguliÚrement les premiers prémices des bouleversements climatiques à venir, sécheresse latente entrecoupée de précipitations cataclysmiques (voir notre dossier sur les inondations page 14), nous essayerons modestement de contribuer à cette prise de conscience. En commençant par interroger des personnalités de la société civile qui donnent lñ€ℱexemple - et des idéesñ€© qui pourraient aisément devenir des articles de la Charte (voir page 38).

Nous changeons dñ€ℱùre et, ces prochaines décennies, le plus grand péril que devra affronter le Royaume ne sera pas forcément une crise économique, morale ou politique mais environnementale. Lñ€ℱanticiper, cñ€ℱest changer nos comportements et préparer les bouleversements. Dans une génération, le plus gros risque que nous allons devoir affronter, ce nñ€ℱest pas la perte du Sahara, mais plutÎt son déplacementñ€© Quand le climat dñ€ℱEl Jadida sera celui de Dakhla. Quand nous serons tous Sahraouis !

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