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actuel n°44, samedi 24 avril 2010
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Lorsque l’actualité fait se télescoper des événements qui, pour n’être pas directement liés, n’en sont pas moins étroitement associés parce qu’ils font collectivement sens, nul ne devrait pratiquer la politique de l’autruche. La venue d’Elton John au festival Mawazine, les accusations malveillantes portées à l’encontre d’un jeune artiste d’une émission de télévision, et les violentes réactions suscitées par la publication d’un magazine et d’un site pro-gay, Mithly, témoignent de la persistance de la crispation d’une composante non négligeable de la société marocaine à l’égard de ceux qui entendent assumer librement leur sexualité.


Cette crispation, qui vaut souvent condamnation, trouve naturellement son fondement dans le respect dĂ» Ă  la religion. L’islam, mais ce n’est pas la seule religion ni mĂŞme la seule dĂ©marche spirituelle Ă  condamner l’homosexualitĂ©, y voit lĂ  la « turpitude des turpitudes ». Le christianisme, le judaĂŻsme ou le bouddhisme ne sont guère plus tolĂ©rants Ă  l’égard de ce que leurs exĂ©gètes qualifient volontiers de  « dĂ©sĂ©quilibre » de la personnalitĂ©. Mais la religion n’est pas seule Ă  exercer son influence sur le regard que nous portons sur les homosexuels. VoilĂ  bientĂ´t cinquante ans que l’article 489 du code pĂ©nal prĂ©voit de punir « toute personne qui commet des actes obscènes ou contre-nature avec une personne du mĂŞme sexe  (…) d’une peine d’emprisonnement allant de 6 mois Ă  3 ans et Ă  une amende de 120 Ă  1 000 dirhams ».

Cinquante ans… Certes, nous ne sommes pas isolés dans le concert des nations qui condamnent ouvertement l’homosexualité, puisque 76 autres pays l’interdisent formellement, quand sept d’entre eux l’assortissent de la peine de mort. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer ces chasses à l’homme dans quelques pays africains à majorité musulmane, qui traquent, lapident ou achèvent à la machette des hommes soupçonnés d’homosexualité. Mais le Maroc mérite assurément mieux que l’image qu’il laisse transparaître. Peut-on tout à la fois, ce qui est le cas de notre pays, ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) - qui interdit l’ingérence dans la vie privée - et criminaliser une conduite homosexuelle adulte, et consensuelle ? Peut-on soutenir la Charte des Nations unies et pénaliser l’homosexualité quand l’ONU elle-même considère que les arrestations pour conduite homosexuelle sont à considérer comme autant de violations des droits humains ?

Respecter ne signifie en rien encourager. Or s’il est une chose dont nous manquons parfois cruellement, c’est bien de cette capacité à respecter l’autre. Tout ce qui nous apparaît devoir déstabiliser quelque peu l’ordre établi, ou bousculer le code de valeurs sociales ancestrales, exacerbe notre sensibilité. Pour autant, comme le souligne lui-même Tariq Ramadan « ce qui importe, ce n’est pas d’être d’accord ou non avec les textes religieux, les croyances et les convictions de chacun, mais de déterminer un comportement dans les sociétés où nous vivons ensemble ». Et d’ajouter « l’homosexualité est interdite en islam mais nous devons éviter la condamnation et le rejet des personnes ».

L’émergence d’une citoyenneté à part entière, fondée sur la séparation du religieux et du politique, reste une quête que nous aurons peut-être un jour à trancher. En attendant, l’énergie consacrée à l’immixtion dans la vie privée serait peut-être mieux employée à s’interroger sur les « déséquilibres » qui affectent les véritables priorités que devraient être l’éducation, la justice sociale, la sécurité ou encore la médecine pour tous…

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