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Du pain et des jeux 
actuel n°146, vendredi 15 juin 2012
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Panem et circenses. Au temps de la Rome antique, lorsque l’opinion publique grondait, les empereurs aimaient Ă  distribuer du pain et Ă  organiser des jeux du cirque pour tempĂ©rer le mĂ©contentement. L’opinion publique s’impatiente ? Les syndicats s’inquiètent de l’inconsistance du dialogue social ? Les consommateurs voient s’envoler les prix des produits de première nĂ©cessité ? Les transporteurs  pestent contre la hausse du prix des carburants ? Les Marocains s’indignent de l’omerta maintenue sur des situations de rente, acquises grâce Ă  de juteux agrĂ©ments distribuĂ©s en toute opacité ?... Donnons-leur du pain et des jeux ! En clair, allumons quelques contre-feux susceptibles d’éloigner l’opinion des vĂ©ritables enjeux et de circonvenir toute vellĂ©itĂ© de l’opposition, d’oĂą qu’elle vienne.


 

Il n’est assurément pas anodin que ce soit un député du PJD qui ait été missionné pour accuser, en pleine séance publique et devant les caméras, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, d’avoir reçu « 400 000 dirhams par mois en dessous de table » en guise de prime, en surcroît de son salaire. Peu importe que l’information soit vraie ou fausse – les excuses formulées par la suite tendraient à prouver que la véracité de l’accusation n’était assurément pas fondée –, l’important, en politique, c’est de frapper les esprits. Mission accomplie. Le hasard faisant assurément bien les choses, le quotidien Akhbar Al Youm publiait quasi simultanément des documents attestant de l’existence de primes mensuelles, accordées depuis avril 2010, au plus haut niveau du ministère des Finances. L’une de 80 000 dirhams au bénéfice de Mezouar, l’autre de quelque 98 000 dirhams au profit de Noureddine Bensouda, le Trésorier général du Royaume.

L’information, qui n’était toujours pas démentie ce jeudi par les intéressés, dépasse le sort personnel du président du RNI et du Trésorier général. En ces temps de rigueur budgétaire, de crise économique et de sacrifices demandés à la classe moyenne, l’octroi de primes aux ministres comme aux plus hauts fonctionnaires et autres directeurs d’offices ou institutions publiques est à l’évidence de nature à troubler l’opinion. Et à affecter durablement – à tort ou à raison  – l’image de collaborateurs de l’Etat dont on attend, d’abord, qu’ils servent l’intérêt général. Mais la fuite de ces documents, savamment orchestrée, pose au moins deux questions. La première touche à l’existence même des primes, et à leur encadrement. La seconde, à la transparence de la bonne gouvernance revendiquée.

L’existence de primes n’est en soi en rien scandaleuse. Elle est partie prenante de la politique salariale développée tant dans le privé que dans le public, sous toutes les latitudes. Dans le privé, elle permet d’attirer et de fidéliser des cadres de haut niveau, ou de récompenser des collaborateurs ayant atteint des objectifs précis. Dans le public, les primes peuvent tout aussi bien servir une politique de rémunération partielle au mérite, ou permettre à l’Administration d’éviter la fuite de compétences vers le secteur privé. Quant aux ministres, l’octroi de primes peut, ici ou là, répondre au souci de compléter une grille de salaire de la haute fonction publique réputée un peu avare au regard des responsabilités exercées.

Dans tous les cas de figure, l’attribution des primes dans la fonction publique doit s’exercer en toute transparence. Car ce n’est pas la prime qui fait scandale, c’est bien l’opacité dans laquelle elle est gérée. Alors même que le Parlement est, ou devrait être dans son droit de contrôler la dépense publique, et l’utilisation de l’argent du contribuable. Et que la Cour des comptes est là pour auditer l’ensemble des engagements réalisés dans la sphère publique.

Il ne suffit pas d’en appeler à « la bonne gouvernance », encore faut-il que soient clairement établies les conditions dans lesquelles salaires et primes sont attribués. L’examen du budget de chaque ministère au Parlement devra permettre, dès la présentation du prochain projet de loi de Finances, un encadrement des crédits réservés à cet effet. Et leur utilisation se faire en toute transparence.

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