Les dinosaures ont fait leur temps et la relève arrive. Chaque semaine, actuel présente les futurs leaders du pays...
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Mehdi Bensaid est installé dans le salon des locaux du Cercle des jeunes démocrates marocains (CJDM) dont il est le président. Look BCBG, rasé de près et porte-clefs à l’effigie d’Obama posé sur la table.
« Mon livre de chevet, c’est L’audace d’espérer (biographie du président américain, ndlr). Cet homme a des couilles. Durant les années 1960, les Noirs ne pouvaient même pas prendre le bus comme tout le monde, et aujourd’hui il est président », explique Mehdi, qui partage cette fascination avec tous ses amis du cercle.
Et tout comme son idole, Mehdi Bensaid ne manque pas d’ambition et d’idées. Il propose par exemple au PAM une académie pour les jeunes de 16 à 25 ans et non une jeunesse classique. Ces derniers jours, il jette un pavé dans la mare en lançant un ultimatum aux partis pour les inciter à inclure plus de jeunes dans les listes locales.
Dans le cas contraire, les jeunesses risquent de boycotter leurs formations lors des législatives anticipées. Côté ambition, à 27 ans, Mehdi Bensaid est non seulement président du Cercle des jeunes démocrates, affilié au Mouvement pour tous les démocrates (MTD) initié par Fouad Ali El Himma, il est également membre du Parti authenticité et modernité et président d’un petit club de football, Noujoum Salé.
Le jeune homme a déjà rencontré le roi pour lui remettre le record Guinness du plus grand drapeau du monde, qu’il avait réalisé avec ses camarades au Sahara. « C’était beaucoup de stress », dit-il en se remémorant le protocole royal.
Médiatisé, toujours prêt à débattre et défenseur de la transition démocratique menée par Mohammed VI, Mehdi Bensaid est perçu par ses détracteurs comme un Makhzanien. « Oui, Hassan II était un despote mais depuis 1999, le régime a changé et aujourd’hui il y a une opportunité de changer les choses, en ne focalisant pas sur les sujets qui fâchent », pense-t-il.
Mobiliser Descartes
Pourtant, rien ne prédisposait Mehdi Bensaid à « participer de l’intérieur », tant il a baigné jeune dans une ambiance de contestation. Fils de Samir Bensaid, un ancien d’Ilal Amam, et de Samira Kinani, aujourd’hui militante de l’AMDH, il accompagnait, enfant, sa mère au défilé du 1er mai où il l’entendait « gueuler contre Hassan II et le Makhzen ».
Son père était même en cavale lors des années de plomb, et Mehdi se souvient que sa mère organisait des rencontres discrètes pour qu’il le voie, de loin, déguisé. Et quand son père part en exil en France, Mehdi le rejoint pour y effectuer son collège. Il assiste aux fêtes de l’Huma, où il découvre le sacro-saint combat des gauchistes : la Palestine.
De retour au Maroc, il tente de mobiliser ses amis lycéens pour les manifestations pro-palestiniennes. « Tu te rends compte, des jeunes de Descartes, rigole-t-il, mais malgré tout, je réussissais à en avoir quelques-uns. »
Ce n’est qu’une fois de retour en France et à l’occasion d’un stage en Palestine que le jeune homme forge ses choix politiques. « Tout d’un coup, la libération du peuple palestinien qui était pour moi une évidence devenait plus complexe. Sur le terrain, j’ai découvert qu’à Gaza, c’était ‘‘à la guerre comme à la guerre’’. A Ramallah les gens voulaient une relation d’Etat à Etat avec Israël ; à Haïfa, les Palestiniens rêvaient d’un seul Etat laïque. J’ai alors demandé aux gens comment on pouvait les aider et ils m’ont répondu : devenez d’abord plus fort. Ça m’a fait réfléchir », se rappelle-t-il.
C’est cette expérience qui pousse Mehdi Bensaïd à envisager une participation différente à la politique. Il tente l’USFP, puis s’enthousiasme à la lecture de la plateforme du MTD qu’il décide de rejoindre en envoyant une « candidature spontanée » à la militante Khadija Rouissi. C’est ainsi que commence l’aventure.
Aujourd’hui, Mehdi Bensaid croit dur comme fer au changement de l’intérieur et à la bonne foi du roi. Et il espère une réconciliation politique de toutes les composantes politiques, à l’image de l’IER. Quant aux ambitions, elles sont intactes. Mehdi bataille pour décrocher une accréditation et se présenter. « Donnez-moi Salé, et vous verrez, j’écrase tous les autres ! »
Zakaria Choukrallah |