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Entretien avec Abdelaziz Adidi Les phosphates n’ont profité à aucune région
actuel n°111, vendredi 7 octobre 2011
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Abdelaziz Adidi, titulaire d'un doctorat d'Etat en géographie et aménagement, est professeur de l'enseignement supérieur et directeur de l’Institut national d'aménagement et d'urbanisme. Ce Khouribgui, fils d’un ancien ouvrier OCP, connaît bien  sa ville sur laquelle il a réalisé plusieurs études.


***

actuel : En lisant vos travaux de recherche, on en conclut que ce qui s’est passé à Khouribga l’été dernier était prévisible.

abdelaziz adidi : Bien sûr. La plus grande aberration de Khouribga est que tout a été construit autour de la mine, et cela a duré jusqu'à la fin des années 1970. C’est pour cela qu’il s’agit selon moi d’une agglomération, et non d’une véritable ville. L’OCP n’a rien fait pour attirer d’autres activités économiques.

Aujourd’hui, l’OCP fait ce qu’il peut, mais l’héritage est lourd. L’Office paye le prix du modèle d’exploitation colonial qui a perduré bien après la marocanisation. Ce n’est réellement qu’au milieu des années 1990 que l’OCP va commencer à s’ouvrir à son environnement, avec l’adoption du concept d’entreprise citoyenne par l’ancien directeur, Mourad Chérif.

Entre la fin des années 1970 et cette période, une stratégie capitalistique a été adoptée. L’élément social est passé au second plan. C’était certes légitime, dans la mesure où l’on était en compétition désormais avec de grandes entreprises privées mondiales.

Les effectifs et les avantages dont bénéficiaient les travailleurs ont été réduits drastiquement. Je me rappelle par exemple des jouets que l’OCP offrait aux enfants des employés lors des fêtes de fin d’année, ou encore de l’hôpital qui était aux normes d’une clinique privée.

Tout cela s’est dégradé et cette époque est révolue. Entre-temps, les gens ont développé une mentalité d’assistés. Mais au-delà, il y a un élément psychologique compréhensible. La population se sent frustrée et a développé un sentiment de haine.

Les habitants voient que la richesse de leur région profite aux minorités, que sont les cadres venus d’autres villes. Bien sûr, les phosphates constituent une richesse nationale qui doit profiter à tous les Marocains, mais les Khouribguis se sentent exclus, d’où le malaise actuel.

 

La ville s’est depuis calmée ; y a-t-il des chances de revivre des événements similaires ?

Khouribga risque de vivre le même destin que Jerrada. La fermeture de la mine de charbon de cette ville (en 2001, ndlr) a eu un impact terrible sur la région et ça avait dégénéré en émeutes. Aujourd’hui, la mine s’éloigne de Khouribga, les extractions se font à Sidi Chennane, et bientôt on se rapprochera plus de la province de Settat que de la ville. Donc oui, le risque est entier.

 

Que faut-il faire pour rectifier le tir ?

Il faudrait que l’OCP joue son rôle de levier pour la région. Le souci est que Khouribga ne s’est pas transformée en pôle industriel. Or, en Europe par exemple, la révolution industrielle est venue des villes minières (Nord-Pas-de-Calais, Saint-Etienne, etc.). A ce niveau, l’Etat a une responsabilité aussi. Il n’a pas élaboré un programme de développement spécifique aux zones minières.

 

Plusieurs programmes ont été lancés par l’Etat et l’OCP : formation, embauche,  projets structurants comme la mine verte, etc. Est-ce suffisant ?

C’est sur la bonne voie, mais ce n’est pas suffisant. Il faut une véritable diversification.

J’avais participé à une étude avec l’Agence urbaine de Settat appelée « S.O.S. Khouribga » (Shéma d’orientation sociale). On y préconisait la mise en place d’équipements structurants : technopole, zone industrielle, une grande université qui pourrait d’ailleurs se spécialiser dans les métiers OCP, etc.

 

Quid des autres villes qui vivent également des phosphates : la situation y est-elle aussi problématique ?

Les phosphates n’ont profité à aucune ville. Certes, il ne faut pas nier que cette ressource a été un facteur d’urbanisation et d’équipement, mais nombre de fois, elle a été un facteur destructeur et même de sous-développement.

La seule chance qu’a connue Khouribga, c’est d’avoir été hissée au rang de chef-lieu de la région en 1967. Cela veut dire que l’Etat était tout de même présent. Youssoufia, une autre ville phosphatière n’a pas eu cette chance.

Résultat : c’est devenu l’exemple de l’agglomération qui s’est développée dans l’anarchie. En dehors de l’oasis OCP où se trouvent les habitations, le reste est essentiellement composé d’habitats insalubres.

Propos recueillis par Z.C.

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