EditoNouvelle GénérationDossierEconomiePolitiqueSociétéTendances & CulturePortraitBdVDiaporamaArchives
 
Follow actuel_maroc on Twitter
Follow actuel_maroc on Twitter
Nouvelles du front 
actuel n°162, jeudi 4 octobre 2012
| More

La guerre est déclarée. » Cette phrase d’une intervenante du Women’s Tribune à Essaouira le week-end dernier est peut-être excessive mais son auteur a pourtant recueilli maints applaudissements dans la salle. Car si la guerre n’est pas ouverte entre obscurantistes et progressistes du Royaume, elle couve dans plusieurs pays arabo-musulmans ; et une véritable ligne de front s’est constituée en Tunisie.

Ce pays qui fut, par certains aspects, exemplaire est aujourd’hui en bute à des attaques en règle contre ce qu’il recelait de meilleur : le statut de la femme. Au point que certains finissent ouvertement par regretter Ben Ali ! L’histoire de la jeune femme violée par deux policiers est à cet égard emblématique. Mariem  (c’est un nom d’emprunt) est arrêtée avec son fiancé dans la nuit du 3 ou 4 septembre par trois fonctionnaires de police. Tandis que le jeune homme est menotté, la jeune femme est conduite à l’arrière de son véhicule où elle est violée par deux des trois hommes. Dans la voiture, des preuves attestent de l’agression sexuelle et les policiers sont incarcérés. A comportement innommable, on oppose une justice irréprochable. Or, après avoir subi cette agression physique, Mariem a dû subir une agression morale d’une violence inouïe. Les policiers ont en effet porté plainte contre le couple pour attentat à la pudeur. Et le porte-parole du ministère de la Justice a assumé ces poursuites en déclarant : « Le fait d’être une victime ne fournit pas d’immunité. »

Oui, vous avez bien lu : une victime d’un viol collectif commis par des fonctionnaires de l’Etat a été inculpée pour outrages aux bonnes mœurs parce qu’elle circulait avec son fiancé. Et l’Etat a couvert ses criminels. Il est probable que, face au tollé provoqué par cette affaire, la justice tunisienne ne retienne pas la plainte, et déjà le gouvernement fait marche arrière. Mais pour autant l’histoire de Mariem est un véritable révélateur d’une société en crise qui nous renvoie à nos propres failles.

D’abord parce que l’impunité dont voudraient profiter les policiers tendrait à prouver qu’ils considèrent la révolution comme une parenthèse vite refermée. Le soutien implicite de leur hiérarchie est inquiétant à plus d’un titre. Cela signifierait-il que les islamistes au pouvoir se satisfont d’un système répressif hérité d’un régime autoritaire ?

L’autre leçon à retenir de cette histoire est plus encourageante. La formidable mobilisation des Tunisiennes (et des Tunisiens) a réussi à infléchir la position du pouvoir en attirant l’attention des médias du monde entier. En Tunisie, les éléments les plus régressifs sont les plus agressifs. Mais la société sait se défendre. Ils sont nombreux à être vent debout contre chaque tentative de grignotage des libertés individuelles. C’est bien parce que la société civile s’est mobilisée que l’article de la Constitution qui devait remplacer l’égalité entre les hommes et les femmes par une simple « complémentarité » a été retiré. Cette combativité manque cruellement au Maroc où les éléments les plus progressistes s’éparpillent dans des querelles inutiles. Le courage des Tunisiens contraste singulièrement avec notre lâcheté ou plutôt une certaine forme de fainéantise militante.

Mais Mariem est aussi un symbole paradoxal. Elle est soutenue par son fiancé, ses amis, une frange importante de son pays et l’opinion internationale... mais sa famille garde le silence. Comme si la souffrance du viol ne pesait rien au regard de l’opprobre qu’il provoque. Comme si, ainsi que le scandaient les manifestantes de Tunis, la femme n’avait le choix qu’entre deux statuts : violée ou voilée. Combattre pour les libertés ne suffit pas. Ce sont les mentalités qu’il faut d’abord faire bouger. Et ça, même Bourguiba n’y est pas parvenu. Alors, chez nous...

actuel

| More
Archives Edito
N°173 : Mauvaise vague  
N°172 : Nouveau souffle  
N°171 : Condamné à réussir 
N°170 : Urgence 
actuel N°169 : Le syndrome argentin 
N°168 : Hypocrisies 
N°167 : L’esprit ouvert 
N°166 : Dégradants 
N°164/165 : Manque d’audace 
N°163 : Bravo l’artiste 
N°162 : Nouvelles du front 
N°161 : Baril de poudre 
N°160 : Choisir son camp 
N°159 : Capitalisme frileux  
N°158 : L’heure de vérité 
N°157 : Voyage au pays des bi 
N°155 : Un Etat grippé 
N°154 : Capitalisme dépressif  
N°153 : Ramadanophobie 
N°152 : Excès de zèle  
N°151 : Le modèle samba  
N°150 : Il faut sauver le soldat Istiqlal 
N°149 : Vent liberticide 
N°148 : Win-win 
N°147 : Cannibales 
N°146 : Du pain et des jeux 
N°145 : Fâcheux oubli 
N°144 : Diversion islamiste 
N°143 : Du Nasdaq à Casa 
N°142 : Symbole 
N°141 : A quitte ou double 
N°140 : La langue de Voltaire 
N°139 : Ministres ou militants ? 
N°138 : Aveuglement 
N°137 : Passages à l’acte 
N°136 : Gouverner 
N°135 : Après nous le déluge 
N°134 : Ben Laden pas mort 
N°133 : Lettre à Amina 
N°132 : Fantasmes 
N°131 : Les masques tombent 
N°130 : Vive la crise ! 
N°129 : Liberté, mode d'emploi 
N°128 : De Davos à Taza 
N°127 : Dans deux ans 
N°126 : L’envers du décor 
N°125 : Vigilance 
N°124 : Un fléau meurtrier 
N°123 : Premier faux pas 
N° 122 : Le douar des Noirs 
N°121 : Volte-face 
N° 120 : Nous sommes les 10% 
N°119 : Etat de grâce 
N°118 : La Ligue qatarie 
N°117 : La fin de la peur 
N°116 : Effet papillon 
N°115 : Qui osera  
N°114 : De la charia 
N°113 : Le vice de la vertu 
N°112 : Immature 
N°111 : Hold-up électoral 
N°110 : Un triple échec 
N° 109 : La politique du pire 
N°108 : Triangle d’or ou… des Bermudes 
N°107 : Les politiques se cachent pour mourir 
N° 106 : Mêmes causes... mêmes effets 
N° 104/105 : (Dé) raison d’Etat 
N°103 : Eté meurtrier 
actuel 102 : Retraités Ces grands oubliés  
actuel 101 : Faisons un rêve 
N°100 : L’âge adulte 
N°99 : Tetes de Turc 
N° 98 : Nos ancêtres les Berbères 
N° 97 : Urgence Marrakech 
N° 96 : Confusion 
N° 95 : Aux urnes citoyens 
Actuel n°94 : Confiance 
N°93 : Apprentis sorciers et chasse aux sorcières 
Actuel n°92 : Responsabilité 
Actuel n°91 : L’heure des comptes a sonné 
Actuel n°90 : Lucidité 
Actuel n°89 : Manager le changement 
Actuel n°88 : Encore plus royalistes que lui 
Actuel n°87 : Extrait du DOSSIER SPECIAL IMPOTS:   HALTE À LA FRAUDE
Actuel n°86 : Les faux amis 
Actuel n°85 : « M9 » 
Actuel n°84 : Osons! 
Actuel n°83 : Folie meurtrière  
Actuel n°82 : Effet papillon 
Actuel n°81 : Intifada numérique 
Actuel N°72 : Leçons d’un chaos 
Actuel n°69-70 : Urgence à Laâyoune 
Actuel n°68 : Solidarité 
Actuel n°67 : Sous le soleil, exactement... 
Actuel n°66 : Retraites, le piège 
Actuel n°65 : Un parlement, pour quoi faire ? 
Actuel n°64 : Que fait la police ? 
Actuel n°63 : L’autre réforme 
Actuel n°62 : Fin du permis de tuer  
Actuel n°61 : Viva la restitución ! 
Actuel n°60 : Mouna et Sakineh 
N°59 : Garder espoir 
N°58 : Les stars et les racailles 
N°57 : Turbulences 
N°56 : Tous hypocrites ? 
N°55 : Mépris 
N°54 : Le débat politique : un match nul 
N°53 : Halte au pré carré ! 
N°52 : Attention danger ! 
N°51 : Tunis, capitale culturelle du Maroc 
N°50 : Bon anniversaire ! 
N°49 : L’intolérance est intolérable 
N°48 : Mawazine galvanise 
N°47 : Démission 
N°46 : En toute impunité 
N°45 : Saga Africa 
N°44 : Vivre ensemble 
N°43 : L'UMA avant l'UPM 
N°42 : "Desert People" 
N°41 : Faire Preuve d’imagination 
N°40 : Discrimination positive 
N°39 : Monsieur 10% 
N°38 : Ascenseur bloqué 
N°37 : Déshérence sociale 
N°36 : Le Duo Infernal 
N°35 : Présomption d'innocence 
N°34 : Boss c’est bien, bosseur c’est mieux 
N°33 : Cohésion sociale 
N°32 : Le tour des vices 
N°31 : Tous Sahraouis 
 
 
actuel 2010 Réalisation - xclic
A propos Nous contacter