Le rapprochement entre le PAM (Parti authenticité et modernité) et le Mouvement populaire (MP) vise à créer une coalition composée de partis du centre, de la droite et de la gauche, y compris le PPS et l’USFP.
Même s’il s’est largement étendu sur la proximité des échéances électorales de 2012, Biadillah a évité d’aborder de front la question des alliances et des soutiens politiques au cours de la seconde session du bureau national du PAM, qui s’est tenue à Bouznika le weekend dernier. Sur ce point là, le communiqué final s’est d’ailleurs contenté d’un vague appel au dialogue avec les partenaires politiques qui partagent des idéaux communs avec le PAM. Pourtant les consultations avec les autres formations politiques vont bon train. Le 12 février dernier, une importante réunion s'est déroulée dans la villa de Mohamed Cheikh Biadillah à Rabat et a réuni en plus de ténors du PAM comme Hakim Benchemass, Salah El Ouadie, Elias Omari et Hassan Benaddi, des responsables du Mouvement populaire tels que son patron, Mohand Laenser, ses lieutenants, Mohamed Fadili, Said Ameskane Mohamed Maâouni, Mohamed Boutaleb et un invité surprise, Mohamed Morabit, l’ex-coordinateur de la commission des cadres dissoute par Mohand Laenser il y a quelques mois.
Il s’agissait d’une réunion d’évaluation du travail qui a été fait entre le PAM et le MP depuis la fin du processus électoral communal et qui avait abouti à l’élection de Biadillah à la tête de la deuxième Chambre. A l’époque, plusieurs arrangements dans les coulisses entre les deux partis avaient permis au PAM de rafler des sièges dans les régions. La rencontre visait aussi à taire certaines critiques qui émanaient de la direction du MP envers le PAM, soupçonné d’être derrière la fronde que connaît le MP, une fronde menée notamment par certains courants réformateurs. Comme le PAM est accusé de recruter à tour de bras dans les rangs des parlementaires harakis, les dirigeants du PAM ne se sont pas privés de faire remarquer que ce recrutement s’était fait en coordination avec le secrétaire général du MP, Mohamed Laenser !
Renouvellement des élites
Troisième point à l’ordre du jour : la position du PAM concernant le soutien présumé de ce parti au nouveau courant créé par Mohamed Morabit. Une hypothèse réfutée par le secrétaire général du PAM qui a affirmé aux harakis que son parti respectait l’organisation interne du parti mais qu’il posait quelques conditions à la future coalition : le MP devra intégrer les jeunes potentialités exclues jusqu’à présent et éloigner les caciques du Mouvement. Une allusion claire au zaïm du MP, Mahjoubi Aherdane en l’occurrence. Le PAM exige aussi, l’application de la démocratie interne, le renouvellement des élites et l’implication des femmes et des cadres au sein de la direction du MP. Cette réunion de coordination de haut niveau devrait jeter les bases d’une feuille de route pour 2012. Ce nouveau pôle va s’ouvrir dans une première étape au RNI et à l’Union constitutionnelle (UC). Une semaine auparavant, ces deux partis avaient annoncé la possibilité de la création d’une union.
Selon une source bien informée, le degré de célérité avec lequel la réunion du PAM et du MP s’est tenue est le signe avant-coureur d’un changement radical qui va bouleverser le gouvernement et les alliances actuelles : « C’est la première coordination officielle entre le PAM et un parti politique depuis les élections communales de juin 2009. » Tout ce qui a été fait avec le Rassemblement national des indépendants (RNI) et l’USFP n’a jamais eu un caractère officiel. Ce qui n’avait pas empêché Mezouar de déclarer sa flamme au PAM dès le premier soir de sa victoire sur Mustapha Mansouri, l’ennemi numéro un du parti de FAH. En effet, le soir même de son élection à la tête du RNI au Conseil national de Marrakech, le mois de janvier dernier, Salaheddine Mezouar, le nouvel homme fort du RNI, avait martelé que l’USFP, le PAM et le RNI feraient bloc commun lors des prochaines élections législatives de 2012. Le bureau politique du PAM est d’ailleurs composé de plusieurs ex-gauchistes qui entretiennent toujours leur réseau au sein même des partis de la gauche radicale et des ONG les plus actives dans le domaine des droits de l’Homme.
Pis encore, certains cadres de l’USFP sont devenus très proches du PAM, si proches qu’ils ont bénéficié d’un strapontin ministériel confortable, à l’instar de Driss Lachguar dont l’entrée au gouvernement était soutenue par le PAM. Même chose au sein du PPS où des cadres du parti ne se cachent plus pour faire la danse du ventre au parti de FAH. Une chose est sûre, le PAM est aujourd’hui capable de peser sur les alliances politiques. Lors des élections communales de juin 2009, le PAM avait remporté 6 015 sièges sur 27 795 circonscriptions électorales avec 21,7 % des voix, devançant le Parti de l'istiqlal avec 19, 1 % et le Rassemblement national des indépendants avec 4,8 %. De plus, comme la formation créée par l’ex-ministre délégué à l’Intérieur ne craint pas les contradictions, et même si elle n’a pas participé aux élections législatives de 2007, elle possède actuellement le plus grand nombre de députés grâce à la transhumance des parlementaires !
Mohamed Madani |